Les Iles Fidji ont pour la première fois de leur histoire battu le XV de France, précipitant tout notre rugby dans une nouvelle crise moins d’un an après le renvoi de Guy Novès. Une crise sans fin.

L’image était saisissante samedi au coup de sifflet final à Saint-Denis. Des Fidjiens agenouillés en train de prier, et des Français à terre, groggy après une nouvelle déroute. A moins de un an de la Coupe du Monde au Japon, notre rugby sort de cette tournée automnale avec une nouvelle gueule de bois. Proches de battre d’ordinaires Springboks, renouant avec la victoire contre de pâles Pumas, les rugbymen tricolores sont retombés dans leurs doutes les plus épais après avoir subi pendant 80 minutes l’intensité des magiciens du Pacifique.

Le bilan de Brunel est catastrophique

Le bilan de Jacques Brunel (3 victoires en 11 matches) est catastrophique, à l’image du jeu d’une formation qui n’a dorénavant que son seul courage à opposer à des nations qui courent plus vite, vont moins souvent au sol et savent garder le ballon plus de 2 temps de jeu. Logiquement Brunel ne devrait pas passer l’automne, vu que son prédécesseur Guy Novès s’était vu montrer la sortie l’an passé entre Noël et la Saint-Sylvestre à l’issue d’un match nul contre les Japonais. Mais la République de Laporte a tendance à protéger les amis du pouvoir en place. Son ancien adjoint devrait donc conserver sa place jusqu’au mondial japonais quel que soit le bilan du prochain Tournoi.

Statu quo à la Fédération

Bernard Laporte Serge Simon FFR Fédération rugby

Cette décision sera symptomatique d’une fédération qui vit dans la délirante illusion de son omnipotence. Le Monarque Laporte et son Cardinal Simon n’ont toujours pas décelé à quel point le rugby français était malade, qu’il s’éloigne à la fois des standards internationaux mais également des couches populaires, en témoignent la baisse du nombre des licenciés et les très faibles affluences de ces derniers tests-matches. Depuis un an, il semble évident que le pouvoir fédéral doit accepter de faire l’impasse sur la prochaine Coupe du Monde pour privilégier la préparation du Mondial de 2023 organisé en France. Pour lancer notamment des jeunes prometteurs, qui sont entre temps devenus champions du monde des moins de 20 ans.

Place à des choix forts

Antoine Dupont équipe de France rugby

Une année a déjà été perdue. Alors soyons radicaux dans nos convictions et dans nos choix :

  • Sortons de notre patriotisme conservateur et optons pour un entraîneur de l’Hémisphère Sud qui pourrait enfin donner un style de jeu à notre équipe. Les Néo Zélandais Vern Cotter, ancien sélectionneur de l’Ecosse et actuel manager de Montpellier, ou Joe Schmidt, adjoint de Cotter à Clermont et actuel coach de l’Irlande, feraient de très bons candidats
  • N’appelons plus des anciens qui ont beaucoup donné mais qui doivent à présent laisser la place pour préparer l’avenir. Merci à vous les Guirado, Picamoles, Maestri, Parra, Bastareaud. Vous avez été de valeureux soldats mais nos jeunes ont besoin de jouer pour apprendre
  • Décidons d’une ossature à laquelle nous laisserons du temps, du temps et encore du temps pour intégrer l’exigence du plus haut niveau. Jonny Wilkinson a bien commencé sa carrière internationale par une correction en Australie (76-0) pour la suite que l’on connait
  • Installons le jeune Dupont à la mêlée, c’est une offense au jeu de laisser sur le banc notre joueur le plus complet, le seul à rivaliser offensivement et défensivement avec des adversaires les plus huppés

On a l’impression de se répéter chaque année, à chaque fin du mois de novembre. Une vision stratégique doit enfin l’emporter sur la politique de pacotille du court terme. Mais est-ce que Laporte et sa Cour sont capables de telles lucidité et audace ? Un doute nous prend et nous laisse sans espoir. Les black days sont encore devant nous.

Photo France Fidji ©AFP/Franck Fife