Cela devait être sa soirée, la der des der à l’issue de laquelle l’autoproclamée légende allait laisser un testament bien lourd à porter à ses successeurs. Ce fut finalement le soir où la star suédoise s’est fait voler la vedette par un coach savoyard bien de chez nous !

Ca y est le rideau vient de tomber sur la saison 2015-2016 de la Ligue 1 avec une dernière journée qui a été très riche en rebondissements et en émotions.

Pour être tout à fait franc, je n’ai rien suivi du multiplex tant mon esprit était accaparé par la rencontre entre Angers et Toulouse, ultime marche de la remontada du club que je soutiens depuis mes 5 ans.

Oui je suis passé à côté du dernier match de Zlatan en Ligue 1 et je ne m’en plains pas.

Pour ce que j’en ai vu par la suite en différé, j’ai été terriblement gêné de la dernière représentation de la star suédoise samedi soir au Parc de Princes : match arrêté à la 10ème minute pour célébrer son altesse scandinave, entrée inattendue de sa progéniture (renommée « king » et « legend » pour l’occasion) sur la pelouse avant la fin du match et sortie en suivant de celui qui se veut décidément le Tout-Puissant.

Ibra va-t-il manquer à la Ligue 1 ? Oui car il reste une sacrée machine à marquer, un artiste capable de fulgurances dans un championnat qui en compte très peu (et qui risque de les perdre en grande partie cet été avec les départs annoncés de Dembélé, Boufal ou Ben Arfa) et il a réussi à faire de la L1 une vitrine plus attractive et reconnue hors de nos frontières

Ibra va-t-il nous manquer ? Eh bien non. C’est un grand joueur, probablement le plus grand ayant évolué en Ligue 1 ces 10 dernières années. Mais son attitude dédaigneuse sur le terrain, ses propos irrévérencieux à l’égard de la France, son mépris de l’histoire du club qui l’a employé ne l’ont pas fait entrer dans le cœur des amateurs de football, qui lui préféreront par exemple un Raï au palmarès sportif parisien bien moins garni, mais à la classe aussi étincelante sur les pelouses qu’en dehors, ou même un Chris Waddle dribleur hors-pair aux multiples facéties.

Comme je l’écrivais plus haut j’ai préféré au dernier show du « roi devenu légende », suivre avec passion et anxiété le déplacement des Toulousains en terre d’Anjou.

Pour une fois le dénouement a été favorable au TFC, le sort ayant fini par basculer du bon côté avec des poteaux enfin devenus rentrants et la décision de M. Fautrel qui a préféré accorder un coup-franc plutôt que l’incontestable pénalty que méritait la charge sur Ben Yedder filant au but. Le maître tir de Bodiger nous a ainsi épargné de revivre la fébrilité des violets au moment de transformer les coups de pied de réparation !

Sortant de mon habit de supporter, il faut saluer tout le travail entrepris par Pascal Dupraz pour sortir le club toulousain des entrailles du classement, pour le réconcilier avec ses supporters et enfin pour avoir redonné un esprit à la fois noble et humble au jeu que reste le football.

C’est un fort en gueule c’est certain, mais il a un langage simple, non aseptisé qui tranche avec le football d’aujourd’hui où tous les acteurs sont formés aux media training afin d’éviter tout écart de communication.

Le contraste entre le coach savoyard, bannissant les entrainements à huis-clos et associant les messages d’encouragement des proches des joueurs à sa causerie d’avant-match à Angers, et les « célébrations » accompagnant le départ de Zlatan Ibrahimovic du PSG est saisissant.

 

L’un incarne une idée du foot d’en bas, du foot des amateurs, du foot de notre jeunesse où la motivation, le dépassement de soi étaient recherchés dans la camaraderie, la fierté et le partage, l’autre matérialise une approche individuelle, narcissique du sport d’équipe dans laquelle les egos surdimensionnés l’emportent sur les ressorts collectifs.

Samedi, cher Zlatan mon cœur n’a guère balancé entre vous deux, c’est à Angers, Ibracadabra, que la magie du football a opéré loin des strasses et paillettes d’une nuit parisienne sans saveur.