The END. Manchester devait être une terre de conquête pour le PSG dans sa via Milano (théâtre de la finale de la LDC cette année), elle a hier soir tristement enterré les dernières illusions parisiennes de triomphe européen, marquant la fin du 1er tome de la reprise en main qatarie.

Sans émotion ni flamme, le parcours européen du Paris St Germain s’est une nouvelle fois arrêté au stade des ¼ de finale, cette fois-ci stoppé par une équipe de Manchester City qui a été nettement plus valeureuse et même talentueuse sur les 2 confrontations.

Qu’a t-il manqué au PSG pour franchir ce stade sur lequel il bute depuis 4 ans ? Un peu de tout finalement, allant d’une suffisance extrême après un tirage au sort considéré comme favorable à un talent définitivement insuffisant pour atteindre le dernier carré européen en passant par une fantaisie tactique déroutante pour attaquer la seconde manche décisive.

Paris-Saint-GermainLa qualification en trompe-l’œil au tour précédent face à une équipe de Chelsea vieillissante et diminuée avait propulsé le PSG dans le top 4 des prétendants (au-dessus même, pour certains observateurs, du Real Madrid qui a su lui se transcender après son match aller manqué), finalement cette nouvelle élimination a démontré que le PSG ressemble fortement à nos meilleurs tennismen hexagonaux : toujours présents dans le top 8 mais jamais invités à la table finale.

Outre le trop plein d’optimisme (pouvant entériner aussi cette âme et cette combativité faisant cruellement défaut), le PSG a surtout pêché par manque de talent. C’est à présent indiscutable ce PSG qui écrase notre Ligue 1 depuis 4 saisons a atteint son plafond de compétences et a besoin de se renforcer pour aller plus loin.

Le club parisien possède dans son effectif 2 joueurs de classe mondiale : Thiago Silva et Marco Verratti. Pendant que le premier a encore livré deux matchs de très bonne facture, le second a énormément manqué aux siens dans la créativité, l’orientation du jeu et dans cette « grinta » qui ont tant fait défaut à ses coéquipiers.

Les autres joueurs de l’effectif ne sont pas encore à ce stade ou ne le seront jamais. Trapp, Marquinhos, Rabiot et Aurier (une fois qu’il aura digéré sa lâche et crétine diatribe) ont confirmé cette saison qu’ils sont des hauts potentiels, David Luiz (aux sautes de concentration déconcertantes), Pastore (trop fragile pour s’installer dans la durée) et Cavani (aux courses effrénées mais à la technique si frustre) des investissements qui ne seront jamais rentabilisés, Thiago Motta et Maxwell des éléments en bout de course qui ne devront pas faire la saison de trop, enfin Matuidi et Lucas des valeurs sûres pas en mesure d’apporter la plus-value finale. Di Maria était, lui, censé apporté cette plus-value finale, sa 1ère saison parisienne n’est ni une franche réussite ni un cuisant échec, on lui octroiera un mince bénéfice du doute tant la performance de son alter ego mancunien De Bruyne (au coût sensiblement équivalent) a été nettement plus probante sur les 2 matchs.

Enfin reste le cas Ibra. Cet énième échec personnel pour le géant suédois clôt le débat qui a animé toute sa carrière : il est un grand joueur mais pas un crack, pas le « fuoriclasse » attendu dans ces sommets européens. Quel contraste saisissant entre sa 2ème mi-temps fantomatique hier et le hat-trick décisif de Cristiano Ronaldo validant la folle « remontada » du club madrilène !

Le Paris perdu de Laurent BlancEnfin le PSG a manqué de lucidité tactique. Quel diable a donc soufflé à Laurent Blanc ce 3-5-2 sans queue ni tête face à une attaque adverse à 1 seule pointe ? Le même qui lui avait soufflé cette doublette Aurier-Cavani au match aller alors que le duo Marquinhos-Lucas avait fait mieux que dépanner face à Chelsea ? Pourquoi laisser une nouvelle fois l’ailier brésilien sur le banc hier soir alors que Cavani demeurait plus dangereux pour ses partenaires que pour ses adversaires ?

Le coach parisien a manqué sa double-confrontation comme il avait manqué son match retour il y a 2 ans à Chelsea. Cela fait beaucoup, cela fait trop.

La question se pose forcément ce matin : quels changements apporter au PSG l’an prochain pour franchir enfin le cap des ¼ de finale ?

La ligne défensive doit être construite autour de l’axe Thiago Silva-Marquinhos (qu’il faut enfin installer durablement à ce poste). Aux ailes, Aurier (s’il a bel et bien coupé son appli Periscope) doit reprendre son couloir droit et à gauche nous optons pour un nouveau visage pour succéder au fidèle Maxwell (le munichois Alaba nous plaît notamment beaucoup tout comme le madrilène Marcelo en attendant de voir si Kurzawa peut prétendre à mieux). Dans les buts confiance à Trapp s’il maintient son niveau de concentration des derniers mois.

Au milieu de terrain, une nouvelle sentinelle devra faire mieux que Thiago Motta pour assister Verratti et Matuidi (plus Rabiot qui est à présent mieux qu’un réserviste). Parmi les cibles, les plus fortes valeurs ajoutées viendront du barcelonais Busquets voire du marseillais Diarra.

En attaque place au grand chamboulement, tous les espoirs et rêves sont permis avec la nécessité d’aller chercher un des quatre as de la Liga (MSN, Ronaldo) associé à un buteur de fort calibre offrant plus de variété dans le jeu que Cavani (Aubameyang, Lukaku) et à un électron libre (rêvons d’un joker à la Ben Arfa ou d’un Lucas osant sortir enfin de son couloir droit).

Enfin sur le banc, du sang neuf nous parait aussi nécessaire. Ne viendrait-il pas également de la Liga (Simeone) ou d’Allemagne (Joachim Löw) pour apporter ce supplément d’âme terriblement absent en l’espace de 8 jours ?

Les chantiers sont nombreux pour le président Nasser Al-Khelaïfi, mais urgents à mener pour que l’actionnaire qatari fasse en sorte que son Paris devienne enfin gagnant.

 

Crédit photo : OLI SCARFF / AFP