En inscrivant le but de l’égalisation de Chelsea face à Tottenham Eden Hazard a permis à Leicester d’être sacré champion d’Angleterre 2015-2016. C’est assurément l’une des plus grandes surprises du sport professionnel et une de ces merveilleuses histoires qui font que le sport demeure une affaire d’hommes et de femmes et pas uniquement de moyens.

Leicester, paisible cité des Midlands, au cœur de cette Angleterre ouvrière et multiraciale, a vécu une soirée de lundi et une nuit en suivant que ses habitants ne seront pas près d’oublier. Promis à la relégation à l’aube du printemps 2015, les Foxes sont devenus les nouveaux rois de la Premier League moins de quinze mois plus tard, et ont prouvé que de l’enfer au paradis, que de « serial losers » à « amazing winners » les chemins sont tortueux mais peuvent couronner les plus vertueux.

Riyad Mahrez - Leicester Les exemples sont légions dans cette équipe de joueurs qui ont connu des fortunes diverses : de Kasper Schmeichel, fils du grand Peter, qui s’est enfin fait un prénom à 29 ans passés, à Jamie Vardy, le buteur en série acquis pour 13.000€ il y a six ans, en passant par le phénomène N’Golo Kanté, le régulateur Danny Drinkwater (fabuleux ce patronyme quand même) ou encore le maître à jouer Ryad Mahrez, tous ont connu des trajectoires discontinues pour accéder depuis lundi au sommet de leur carrière.

Mais la plus belle incarnation de cette « happy end story » est incontestablement le manager de cette équipe, leur guide et père protecteur, l’Italien Claudio Ranieri.

Ranieri, 64 ans, connait déjà à Leicester son 14ème club d’une carrière commencée dans les séries inférieures italiennes, qui l’a ensuite mené sur les bancs de la Serie A, de la Liga, de la Ligue 1 jusqu’à un retour l’été dernier dans cette Premier League qu’il avait déjà fréquentée à Chelsea au début des années 2000.

Jusqu’à hier soir Ranieri était un peu le Poulidor du football européen, toujours placé jamais gagnant. Il fut même sévèrement moqué par José Mourihno lorsque ce dernier le remplaça sur le banc des Blues : « A mon arrivée à Chelsea, en 2004, quand j’ai demandé pourquoi Claudio Ranieri était remercié, on m’a dit qu’on voulait gagner, et qu’avec lui cela ne serait jamais arrivé ».

Avant d’arriver à Leicester, il sortait même de deux expériences très douloureuses, l’une avortée à Monaco où malgré un travail reconnu de tous il ne fut pas reconduit dans ses fonctions et la dernière, calamiteuse, à la tête de la sélection grecque où il ne connut pas le moindre succès en quatre rencontres et fut même battu par les Iles Feroë en novembre 2014.

En moins de deux ans, Ranieri décrit par le président de la fédération grecque de football comme « the most unfortunate choice of coach » (pas besoin de traduction) est devenu Ranieri The Godfather (« Le Parrain »), le chef de cette incroyable bande qui a terrassé les géants du Big 4.

Chapeau Mister Ranieri, votre odyssée est digne des plus grands managers (d’Aimé Jacquet à Graham Henry en passant par Sir Alex Ferguson), promis aux lions puis portés au pinacle. Quelle soudaine et si belle renaissance !


Video : la joie de Leicester ! par sportbz

Crédit photos :
Photo Ryad Mahrez : WorldSoccer
Photo Ranieri « The Godfather » : LaGazettadelloSport