Après la large victoire de Leicester face à Swansea dimanche (4-0), on ne connait certes pas encore le nom du champion d’Angleterre 2016 mais une chose est à présent certaine : pour la première fois depuis 21 ans le titre va échapper aux clubs du Big 4 qui se partageaient les lauriers depuis 1996 (11 titres pour ManUtd, 4 pour Chelsea, 3 pour Arsenal et 2 pour ManCity).

Comme beaucoup d’observateurs on espère fortement que la formidable saison des joueurs de Leicester va être couronnée par ce titre de champion qui leur tend les bras. Ce serait un formidable pied de nez adressé à l’ensemble du sport professionnel qui tend à consacrer les clubs plus riches avec les individualités les mieux rétribuées.

Mais cette magnifique histoire ne peut masquer la faillite des clubs du Big 4 qui, à 3 journées de la fin de la saison, sont tous écartés de la course au titre de la PL.

Tous les membres du Big 4 n’ont pas manqué leur saison dans les mêmes proportions, certains ont encore des échéances leur permettant de sauver les apparences (ManUtd en lice pour la finale de la Cup) voire même de décrocher le titre suprême (ManCity qualifié pour les ½ de la CL). Mais il est déjà temps de tirer le bilan de cette annus horribilis vécue par 4 des 8 clubs les plus riches du monde.

CHELSEA ANNEE PATHETIQUE

Le bonnet d’âne revient sans contestation possible au club du West London qui achève sa saison dans un anonymat total sans plus aucune chance de qualification à une compétition européenne. C’est de loin la pire performance de l’ère Abramovicth, la pire même depuis la saison 1995-1996 à une époque (cela ne nous rajeunit pas !) où la vedette de l’équipe s’appelait Ruud Gullit et où Eric Cantona était plus que jamais Eric le King.

Tout est allé de mal en pis pour les Blues entre blessures de joueurs majeurs (Courtois, Terry, Costa), méforme persistante (Hazard, Fabregas), mercato foiré (avec en tête de gondole le gros flop Falcao, sacré cadeau de Jorge Mendes à son ami Mourinho !) et l’éviction rocambolesque du médecin du club Eva Carneiro à la suite des injures adressées en plein match par celui qui était encore appelé le « Special One ».

La magie de Mourinho n’a plus opéré et le manager portugais a même été prié de quitter le banc des Blues en décembre dernier après une 9ème défaite en 15 journées de championnat !

Antonio Conte, 10ème entraineur du club sous Abramovitch, n’aura aucun mal à faire mieux pour lancer sa carrière anglaise.

ARSENAL 12 ANS QUE CA DURE !

Encore une occasion manquée pour le club managé par Arsène Wenger. Et pourtant cela s’apparentait à l’année ou jamais alors que les autres membres du Big 4 sombraient les uns après les autres et que les Gunners occupaient la tête de la Premier League pour démarrer l’année 2016.

La faillite du big four - ArsenalMais une nouvelle fois ils se sont effondrés, victimes du même mal récurrent année après année : une colonne vertébrale trop faible pour une équipe de cette stature. Certes Arsène Wenger s’était enfin décidé à recruter un top gardien avec Petr Cech, mais il a continué de négliger les autres bases nécessaires pour assouvir ses rêves de titre : une défense centrale toujours branlante (Koscielny ne peut à lui seul compenser la lenteur de Mertesacker et avec 20M€ on doit pouvoir trouver un défenseur plus fiable que Gabriel !), un milieu de terrain certes talentueux mais sans patron à la récupération (dommage d’être passé à côté de la perle Kanté), et enfin pas de buteur de classe mondiale (Thierry Henry avait raison : Giroud ne fait pas partie de cette catégorie).

Arsenal a de l’argent, mais il a été mal dépensé ces dernières années. Pire on se demande même si le club est encore suffisamment attractif pour accueillir des joueurs qui lui permettraient de franchir les marches le séparant des sommets.

Wenger chercherait à attirer par tous les moyens Riyad Mahrez (Leicester), mais est-ce aujourd’hui la pièce manquante à son édifice alors qu’il compte déjà Mesut Özil dans ses rangs ? On en doute.

Pour ce qui sera peut-être sa dernière année à la tête du club londonien le manager français devra réussir son prochain mercato pour ne pas manquer sa sortie, c’est tout le mal que l’on lui souhaite.

MANUTD : SIR ALEX CONTINUE DE NOUS MANQUER !

Que l’après Sir Alex Ferguson est dur à digérer pour les Red Devils ! Le retour en CL a été manqué (élimination au 1er tour dans une poule peu relevée), et l’équipe de Louis Van Gaal est en ballotage très délicat pour atteindre une place qualificative à l’épreuve reine du continent pour la saison prochaine (à 5 points du 4ème avec certes 1 match de retard à jouer). ManUtd pourrait toujours se consoler en partie avec la Cup (finale contre Crystal Palace), cela ne satisfera pas ses supporters habitués aux titres sous l’ère Fergie (13 titres de champions entre 1993 et 2013 !).

LVG est durement critiqué depuis son arrivée au club après la coupe du monde 2014, le style de jeu manque terriblement d’élan offensif (42 buts marqués cette saison en 34 matches, 11ème attaque de la PL soit autant de buts inscrits que Bournemouth…) et l’effectif est terriblement bancal avec 5 milieux centraux (Carrick, Fellaini, Herrera, Schneiderlin, Schweinsteiger) pour 2 places dans le 11 de départ, mais aucun avant-centre digne de ce nom (au moins l’option d’achat de Falcao n’a pas été levée à la dernière intersaison !).

A son crédit cependant le rajeunissement de l’effectif avec des trouvailles prometteuses (Rashford, Lingard, Pereira) et l’intégration réussie de Martial qui a incroyablement balayé les doutes (pour ne pas dire les moqueries) suivant son transfert à sensation à la fin du mercato 2015.

Ce ne sera sous doute pas nécessaire pour conserver son poste à la fin de la saison car le peuple rouge mérite mieux, mais attention au choix de son successeur car il faudra un entraineur chevronné capable de continuer à faire grandir cette jeunesse séduisante tout en retrouvant un jeu porté vers l’attaque. Pas sûr que cela corresponde au portrait-robot de José Mourinho, auquel on préférerait un profil comme Mauricio Pochettino ou Diego Simeone (plus pour réveiller le fighting spirit que pour le football prôné).

MANCITY : ENCORE UNE CHANCE DE SAUVER SA SAISON !

La faillite du big four - manchester city

Quelle incroyable saison pour les Citizens ! Grands favoris du championnat ils ont, comme Arsenal, complètement lâché prise cet hiver, et alors qu’ils étaient annoncés comme une proie facile pour le PSG à l’aube des ¼ de finale de la CL ils sont plus que jamais dans la course pour le titre suprême après le 0-0 certes concédé sur le pelouse contre le Real Madrid (qui n’est pas un si mauvais résultat pour une équipe privilégiant le jeu en contre).

Au contraire des Gunners, le recrutement de ManCity avait été salué et l’effectif semblait taillé sur mesure pour dominer la PL cette saison avec les arrivées de Sterling, Otamendi et de Bruyne. Mais patatras le bel édifice s’est écroulé progressivement avec des failles béantes de nouveau exposées.

Deux éléments ont particulièrement provoqué ce trou d’air hivernal : les blessures de longue durée de cadres de l’équipe (Agüero, Kompany et de Bruyne) et l’officialisation de l’arrivée de Pep Guardiola sur le banc de City la saison prochaine, accompagnée inévitablement des rumeurs sur les modifications que souhaiterait apporter l’entraineur espagnol lors du prochain mercato.

Les blessures des cadres ont de nouveau révélé la très forte dépendance des performances de l’équipe à leur présence sur le pré vert. Wilfried Bony n’est pas une solution de recours satisfaisante pour pallier à l’absence d’Agüero tout comme Mangala ou Demichelis n’offrent absolument pas les mêmes garanties défensives que le capitaine Kompany, d’autant que les autres leaders de l’équipe Joe Hart et Yahia Touré sont cette année sur courant alternatif. Et lorsque les leaders ne sont pas là, les faiblesses sur les côtés notamment qu’ils parviennent à masquer surgissent de nouveau.

Enfin l’arrivée programmée de Guardiola, annoncée dès début 2016, a forcément fragilisé l’effectif et le staff technique. Comment mentalement y être insensibles alors qu’une dizaine de joueurs ne seraient pas conservés par le futur manager et que Pelligrini doit faire face à l’ombre envahissante de son successeur ?

Mais City qui doit encore assurer sa place en CL pour l’an prochain, est toujours dans la course pour le titre continental suprême et n’est plus potentiellement qu’à 2 matches de transformer une saison ratée en la meilleure de son histoire. C’est la magie du football et la belle ironie du sport !

 

Crédit photos :
Photo Mourinho : L’équipe – Reuters
Photo Arsenal : Sport à l’Une
Photo Manchester City – Real Madrid : RTL