Il est venu, il a vu, il a vaincu ! Julian Alaphilippe a accompli dimanche à Imola son rêve de gosse en devenant Champion du Monde de cyclisme. Neuvième Français à revêtir la tunique arc-en-ciel, le puncheur a magistralement conclu le plan de course minutieusement préparé par les Tricolores. Historique !

Depuis la reprise de la saison, il avait établi ce Championnat du Monde comme son objectif prioritaire de 2020. Dans une année exceptionnelle regroupant en un gros trimestre les principales épreuves d’un calendrier ordinaire, faisant se succéder en une semaine Tour de France et Mondial, Julian Alaphilippe avait fait des choix forts. Celui notamment de ne pas tout donner sur la Grande Boucle pour décrocher son rêve enfantin le plus fou, devenir champion du monde.

Le Français savait pertinemment que ses chances de reproduire sa fabuleuse performance de 2019 sur le Tour étaient trop minces cet été en raison d’un parcours particulièrement éprouvant. Non, le leader de la Deceuninck Quick-Step ne s’est pas caché, gagnant tout de même une étape et portant 3 jours le Maillot Jaune. Mais il a su intelligemment s’économiser les jours où les jambes tournaient moins bien pour rester pleinement mobilisé pour son grand rendez-vous. Et dimanche, c’était bien lui le plus fort, brisant enfin la malédiction d’une course mondiale qui ne lui avait pas souri jusqu’à cette année.

Julian Alaphilippe est devenu dimanche le 9ème champion du monde français

La malédiction brisée

Avant de vaincre à Imola, Alaphilippe avait déjà eu deux très belles occasions de porter la tunique arc-en-ciel. A Bergen il y a 3 ans, il était le plus fort du peloton, mais il avait été repris à la flamme rouge, victime du calculateur italien Moscon, qui refusa de le relayer. Et Peter Sagan emporta la mise en Norvège pour la troisième fois consécutive.

A Innsbruck il y a 2 ans, il était à la tête d’une équipe de France royale qui avait fait le ménage dans les derniers tours pour le lancer vers le sommet mondial. Malheureusement ses jambes l’avaient trahi dans le mur final, et c’est le vétéran espagnol Alejandro Valverde qui décrocha la timbale.
Rageant… jusqu’à hier !

La revanche d’Alaphilippe et des Français

Malheureux avant ce dimanche, l’enfant des HLM de Saint-Amand-Montrond dans le Cher a pris une éclatante revanche, parachevant l’œuvre d’une équipe de France dominatrice.
Etouffés lors du dernier Tour, les coureurs tricolores ont apporté hier une réponse cinglante. Courant à la perfection en respectant scrupuleusement les consignes du sélectionneur Thomas Voeckler, les Français ont pris l’initiative de la course à 70km de l’arrivée. Les relais de Pacher, Peters et Elissonde, secondés ensuite par les Belges, ont mis à mal le peloton avant l’explication finale.
Bien accompagné par Guillaume Martin et Rudy Molard, Julian Alaphilippe a pu se ménager jusqu’à la dernière montée de la cima Gallisterna. Et à 12km de l’arrivée, le puncheur français gicla, plaçant une fulgurante attaque dans les ultimes mètres d’escalade à laquelle ne purent répondre Van Aert, Roglic, Hirschi, Kwiatkowski et Fuglsang.

https://twitter.com/UCI_cycling/status/1310225700125802501

Seul contre la meute jusqu’au circuit d’Imola, Alaphilippe, héroïque, résista en grappillant seconde après seconde pour triompher après 258km et près de 7 heures de course. Le Français venait de magnifiquement concrétiser le travail colossal des Bleus et d’accomplir le rêve qu’il poursuivait depuis minot et caressait depuis quelques années.

La Marseillaise pouvait alors retentir sur le podium pour la première fois depuis 1997, et Julian le magnifique verser des larmes mêlant bonheur et émotion, entre fierté du rêve accompli et poignante affection pour son papa qui veille sur lui depuis les cieux.

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Et maintenant ?

Maintenant son objectif de carrière atteint, c’est bien entendu vers le Tour de France que tous les regards se tournent. 5ème en 2019, après 14 jours en jaune, Alaphilippe peut-il aspirer à la succession tant attendue de Bernard Hinault ?

Tant qu’il courra sous les couleurs belges de la Deceuninck Quick-Step, ce sera mission impossible tant l’équipe de Patrick Lefévère privilégie les classiques aux courses à étape.

Les supporters tricolores rêvent que Julian Alaphilippe s'attaque maintenant au Tour de France pour succéder enfin à Bernard Hinault

Mais s’il rejoint une écurie bien plus armée pour jouer le général, on a envie d’y croire, de se convaincre que l’ancien apprenti mécanicien peut triompher à Paris. Il faudrait bien entendu qu’il soit très bien entouré notamment en haute montagne pour lutter face au train des armadas du peloton ainsi qu’aux attaques des grimpeurs, que le parcours soit moins tortueux que cette année et que son programme de courses habituellement généreux soit adapté en conséquence.

Certes l’espérance d’un succès sur le Tour relève aujourd’hui de l’euphorie qui suit un sacre, mais avec cet éclatant trublion tous les rêves sont permis, même les plus fous !

Credits AFP