27 ans après la dernière victoire française en Ligue des Champions, le PSG n’a pas réussi à exaucer son rêve européen. Battu logiquement par l’implacable Bayern, le club parisien a eu des opportunités mais a manqué de jambes et de talent pour emporter la décision.

Paris a eu sa chance

Si la victoire bavaroise est logique sur la physionomie des 90 minutes, elle ne doit pas occulter que le PSG a fait jeu égal pendant les deux-tiers de la finale avant de plonger dans la dernière demi-heure de jeu. Les Parisiens ont eu les opportunités de prendre l’avantage au tableau d’affichage avant la pause, mais leur manque de réalisme et le talent de Neuer les en a empêchés. Neymar a vu son tir du gauche stoppé miraculeusement par le portier de la Mannschaft, Di Maria n’a pas cadré sa tentative du pied… droit, alors que Mbappé a écrasé sa reprise sur une offrande d’Herrera. A ce niveau-là autant d’occasions laissées en route ça fait beaucoup et hier bien trop pour les espoirs parisiens de victoire.

Lancé par Mbappé, Neymar s'est heurté à Neuer en début de match
Lancé par Mbappé, Neymar s’est heurté à Neuer en début de match ©AFP

Un système de jeu éreintant

De retour des vestiaires, très rapidement on s’est rendu compte que la chance du PSG était passée tant les coéquipiers d’un exemplaire Thiago Silva ont alors eu beaucoup de mal à s’approcher des buts du Bayern. L’ouverture du score de Coman à l’heure de jeu a ensuite fait définitivement pencher la balance côté allemand, en toute logique.
Les joueurs de la capitale n’ont pas trouvé les ressources pour repartir de l’avant et tenter de recoller au score. Il faut dire que le schéma de jeu concocté par Thomas Tuchel était particulièrement exigeant pour les jambes parisiennes.

Sur une merveille de centre de Kimmich, Kingsley Coman a pris le dessus sur Kehrer pour inscrire le but de la victoire du Bayern
Sur une merveille de centre de Kimmich, Kingsley Coman a pris le dessus sur Kehrer pour inscrire le but de la victoire du Bayern ©Icon Sport

Une tactique semblable à celle des Bleus en Russie, mais pas avec la même réussite

Organisé en 4-3-3 le bloc parisien a tout d’abord essayé d’exercer un pressing haut pour contrecarrer les attaques placées munichoises, mais le Bayern l’a vite déjoué en particulier via la technique soyeuse de Thiago Alcantara. Obligé ensuite de défendre très bas, le milieu à 3 du PSG ne pouvait procéder qu’à des sorties de balle hypersoniques pour lancer dans la profondeur les funambules Mbappé et Neymar.

La tactique était alors très semblable à celle des Bleus de Didier Deschamps lors des demi-finale et finale de la Coupe du Monde en Russie. Le problème est qu’il n’y avait pas de Paul Pogba hier dans l’entrejeu parisien pour sortir proprement les ballons et faire remonter le bloc équipe (le déchet de Marquinhos et Paredes fut conséquent), et que Kylian Mbappé était très loin d’avoir les mêmes jambes qu’à Moscou il y a deux ans pour être en mesure de semer l’arrière-garde du Bayern.
Ereintés, les Parisiens ont fini par flancher à l’heure de jeu et n’ont pas trouvé un supplément d’énergie pour revenir dans le match.

Un manque de talents, des stars pas au rendez-vous

La défaite parisienne est aussi liée à un manque de talents évident hier, notamment dans la seconde partie du match. Tant que les jambes parisiennes ont tenu, le PSG a rivalisé, ensuite la qualité des Bavarois a fait la différence.

La classe d’Alcantara, l’absence de Verratti

Alcantara et Kimmich (quelle merveille de centre sur le but) ont techniquement régné sur les débats avec cette extraordinaire sensation que le football aussi simplement et délicieusement exécuté est un art accessible à tous. Et Coman a fini par martyriser le pauvre Kehrer, arrière droit par défaut dans un club qui en est effroyablement démuni.

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Privé de son métronome Verratti (dont la rentrée en jeu a prouvé son incapacité physique à jouer une rencontre de haut niveau), le PSG a été trop déficient. Le milieu de terrain a souffert de la comparaison, égarant un nombre important de transmissions. Et les deux stars attendues n’ont pas été au rendez-vous !

Mbappé trop court, Neymar absent des débats

Il est vite apparu (dès le premier quart d’heure) que Mbappé n’était pas complètement remis de sa blessure contractée en finale de la Coupe de France. Les mains sur les hanches, à la recherche de son second souffle, le Kid de Bondy n’avait pas les jambes hier pour faire la différence au sein de la défense du Bayern. Sa reprise écrasée juste avant la mi-temps en a été l’amère illustration, le signe d’un manque de lucidité conjugué à une condition physique encore précaire.

Les stars attendues Neymar et Mbappé sont passées à côté de leur finale
Les stars attendues Neymar et Mbappé sont passées à côté de leur finale ©AFP-Manu Fernandez

Alerte en première période malgré un nombre faible de ballons touchés, Neymar a, lui, flanché après la pause. Son déchet technique est alors devenu considérable, presque insensé pour un joueur de sa qualité. Le numéro 10 brésilien a semblé sortir progressivement du match, lâché possiblement par un trop plein d’émotions. Lumineux en quart et en demi, le meneur de jeu parisien n’a pas permis au PSG de franchir la marche ultime, de vaincre le sommet continental. Avide de consécration européenne, l’actionnaire qatari n’avait pas compté ses sous pour le recruter en provenance de Barcelone en 2017. Lui-même était en quête de reconnaissance, de sortie enfin de l’ombre de Messi, pour exister pleinement sur la planète foot. Ses larmes à la fin du match témoignaient d’une prestation inachevée qui l’écarte toujours du podium des meilleurs joueurs mondiaux.

Pour sa première finale de Ligue des Champions, Paris n’a pas été ridicule mais n’a pas réussi à inscrire son nom sur la prestigieuse coupe aux grandes oreilles. Ca fait 27 ans que le football français attend une deuxième victoire en C1, on n’est plus très loin des 35 ans d’attente pour le Tour de France et des 37 ans pour Roland Garros. Vivement que cela cesse !