La 9ème Coupe du Monde de Rugby débutera vendredi à Tokyo avec un match inaugural exotique entre le Japon et la Russie. Les All Blacks, doubles tenants du titre, se présenteront à nouveau en grands favoris. Mais ils seront sous la menace d’une flopée d’outsiders qui rêvent de décrocher également la Coupe Webb Ellis.
Un grand favori et un sérieux prétendant
Victorieuse des deux dernières Coupes du Monde en 2011 et 2015, la Nouvelle-Zélande rêve de faire le triplé pour concrétiser une décennie de domination totale sur la planète rugby. Armés à tous les niveaux, maîtrisant leur jeu sur le bout des doigts, comptant encore dans leur rang 9 joueurs sacrés en Angleterre il y a 4 ans, les coéquipiers du capitaine Kieran Read et de la star Beauden Barrett seront naturellement les favoris au Japon. Toutefois leur statut s’est en partie effrité au cours d’un été moins convaincant qui les a vu partager les points à domicile face à l’Afrique du Sud et être nettement dominés par leurs voisins Australiens. Ils se sont depuis repris, prenant nettement leur revanche sur les Wallabies. Mais la confiance a (un peu) regagné le camp de leurs adversaires.
Derrière la machine Black, l’autre principal prétendant est la surpuissante Afrique du Sud. En progrès constants depuis 18 mois, invaincus en 2019, les Springboks viennent de dominer Australiens, Argentins et d’arracher un très bon nul en Nouvelle-Zélande. Longtemps cantonné à un rugby de destruction devant, leur jeu s’est étoffé et a gagné en diversité et en vitesse d’exécution dans le sillage du métronome ouvreur Handré Pollard et des supersoniques ailiers Mapimpi et Cheslin Kolbe, l’attaquant du Stade Toulousain. Comme un symbole de cette évolution, les Sud Africains seront menés par le 3ème ligne Siya Kolisi, premier capitaine noir de l’histoire de son pays.
All Blacks et Springboks pourront s’étalonner très rapidement puisqu’ils s’affronteront dès samedi dans le match vedette du premier tour.
Une flopée d’outsiders en embuscade
Derrière les deux favoris, quatre outsiders se dégagent nettement. L’Angleterre, l’Irlande, le Pays de Galles et l’Australie ont la ferme intention de faire mentir les pronostics.
Les Anglais, drivés par l’Australien Eddie Jones, semblent atteindre leur pic de forme au meilleur moment. Deux fois nets vainqueurs des Irlandais cette année, ils n’ont concédé que 2 revers sur leurs 10 derniers matches. Leur pack est monstrueux à l’image des frères Vunipola et d’Itoje, et leur ligne arrière, emmenée par l’énervant Owen Farrell, n’est pas en reste, ridiculisant son homologue française cet hiver. Les Rosbeefs font peur, mais gare à leur suffisance qui leur avait fait rater leur Coupe du Monde à domicile en 2015, piteusement quittée dès le 1er tour, et qui continue de les guetter à l’image de l’incroyable avance de 31 points dilapidée contre les Ecossais en mars dernier.
Gallois et Irlandais, rois du pragmatisme
Leurs voisins Gallois et Irlandais seront également de sérieux outsiders. Le Pays de Galles est l’équipe européenne la plus constante de ces douze derniers mois, réalisant un impressionnant Grand Chelem lors du dernier Tournoi. Son jeu, même s’il n’est pas des plus spectaculaires, est d’une précision et d’une efficacité cliniques, parfaitement symbolisées par son capitaine, l’opiniâtre 2ème ligne Alun-Wyn Jones, élu meilleur joueur du Tournoi. Mais le XV du Poireau a perdu gros durant la préparation avec les forfaits de l’ouvreur Anscombe, du 3ème ligne centre Faletau, et le renvoi de l’entraîneur adjoint Rob Howley.
Première nation mondiale au classement World Rugby, l’Irlande ressemble très fortement à son cousin celte gallois. Un jeu sans fioriture articulé autour d’une conquête ultra performante et d’une occupation au pied méthodique, qui rend redoutables les coéquipiers de Jonathan Sexton. Cependant, les Irlandais ont paru moins saignants cette année, encaissant deux lourds revers contre les Anglais, et auront un tableau très compliqué avec un possible rendez-vous avec les Blacks ou les Boks en quart de finale…
Enfin, sur le déclin ces dernières années, l’Australie a repris des couleurs en dominant nettement la Nouvelle-Zélande cet été, et a rappelé à tous qu’elle n’avait pas été finaliste par hasard il y a 4 ans en Angleterre. Sa formidable troisième ligne avec les sécateurs Hooper et Pocock tourmentera encore bon nombre de ses adversaires.
Et l’Equipe de France dans tout cela ?
Comme en 2015, les Français ne font pas partie des prétendants à la victoire finale. Depuis le mirage de la finale de la Coupe du Monde 2011, les résultats ont décliné année après année (1 match sur 3 gagné en moyenne depuis 4 ans), marqués par une politique fédérale et un système de jeu aussi peu lisibles l’un que l’autre. Qu’attendre de nos Bleus au pays du Soleil-Levant ? Les changements apportés dans le staff avec l’arrivée anticipée du futur sélectionneur Fabien Galthié semblent avoir remis au goût du jour un rugby plus dynamique et plus ambitieux, incarné par Antoine Dupont, enfin titularisé après avoir été incroyablement laissé dans les tribunes par Jacques Brunel pour démarrer le dernier Tournoi.
Cette évolution est bien trop tardive pour permettre aux Bleus de trop rêver, mais elle peut leur permettre de passer le premier tour où tout se jouera dès le match inaugural contre les valeureux Pumas Argentins. Pour la suite on aura le temps de voir.
Le tableau du premier tour
Les 20 nations participantes sont réparties en 4 poules de 5 équipes, les 2 premiers de chaque poule sont ensuite qualifiés pour les quarts de finale.
Les principales affiches
Japon-Russie, Poule A (match inaugural), vendredi 20/09 à 12h45
Australie-Fidji, Poule D, samedi 21/09 à 6h45
France-Argentine, Poule C, samedi 21/09 à 9h15
Nouvelle Zélande-Afrique du Sud, Poule B, samedi 21/09 à 11h45
Irlande-Ecosse, Poule A, dimanche 22/09 à 9h45
Australie-Pays de Galles, Poule D, dimanche 29/09 à 9h45
Angleterre-Argentine, Poule C, samedi 05/10 à 10h
Pays de Galles-Fidji, Poule D, mercredi 09/10 à 9h45
France-Argentine, Poule C, samedi 12/10 à 10h15
Japon-Russie donnera vendredi le coup d’envoi de 7 semaines de compétition au pays du Soleil-Levant. La Nouvelle Zélande rêvera d’y étendre son long nuage blanc, et les Bleus de cesser de broyer du noir. Quel programme !