Après des quarts de finale enthousiasmants qui ont malheureusement laissé le XV de France sur le carreau, place aux demi-finales qui vont opposer les 4 meilleures nations au classement World Rugby, l’Europe face à l’Hémisphère Sud. Un dernier carré royal !
Des quarts de finale qui auront tenu leurs promesses
On s’attendait à des quarts de finale spectaculaires et les puristes n’ont pas été déçus du spectacle proposé. Même si au final le suspense aura peu été au rendez-vous, et n’aura (malencontreusement) concerné que le quart des Bleus.
Le meilleur match du XV de France depuis des années… et une nouvelle défaite au final
Alors commençons par ce France-Pays de Galles qui nous a tiré du lit à un horaire bien matinal et qui aura occupé une bonne partie de nos esprits tout au long de ce funeste dimanche. Les Tricolores ont réalisé contre les Gallois leur meilleure prestation de ces dernières années. C’est incontestable tant le rugby proposé allia en première mi-temps vitesse, prise de risque, défense agressive mais aussi une maîtrise tactique inédite, illustrée par le judicieux jeu au pied de Médard. Les 9 points d’avance à la pause étaient d’ailleurs déjà flatteurs pour le XV du Poireau tant il dût se contenter de miettes pour scorer, notamment avec un premier essai déjà casquette.
Le début de la seconde mi-temps semblait confirmer la mainmise française sur la rencontre jusqu’à cette 49ème minute qui sonna le glas de nos illusions. L’essai victorieux gallois de la 75ème minute n’étant que la sanction inéluctable au très haut niveau de 30 minutes d’infériorité numérique que la plus grande des bravoures ne peut compenser (les Blacks, aussi invincibles soient ils, ont pris une valise cet été en Australie alors qu’ils avaient été réduits à 14).
Les maux Bleus
Alors oui bien entendu la défaite est rageante, ultra rageante, mais elle relève d’un constat implacable : le XV de France ne sait plus gagner contre les nations majeures. Certes les 3 mois de préparation ont été bénéfiques pour la condition des joueurs et la mise en place (enfin) d’un jeu plus structuré mais on ne règle pas 4 à 8 ans d’errance en un trimestre.
Vahaamahina a pris un rouge honteux, illustration que l’on n’a pas su conserver une nouvelle fois notre sang-froid. Ntamack et Lopez ont loupé de précieux points face aux perches, ce qui est également une fâcheuse habitude, et n’ayant pas l’habitude de ces rencontres à très haute intensité physique, la lucidité nous a manqués sur 2 ou 3 actions qui auraient dû nous permettre de créer un break décisif à cheval sur la fin de la 1ère et le début de la 2ème mi-temps.
Pas de miracle, si la France n’a pas réussi à taper l’incruste dans le dernier carré, c’est que nous n’y étions pas invités. Tout simplement.
Et félicitations aux braves Gallois, 3ème nation mondiale, qui auront réussi à rester calmes dans la tempête et à profiter de leur supériorité numérique pour nous coiffer sur le fil.
Place à la jeunesse
Pour finir sur une note positive pour nos Bleus, contrairement à 2015 des fondations pour l’avenir ont été établies, avec un axe 2 (Chat)-8 (Alldritt)-9 (Dupont)-10 (Ntamack)-12 (Fickou) qui a confirmé ses dispositions au plus haut niveau au Japon. Auxquels s’ajoutent les révélations Ollivon et Vakatawa, le feu follet Penaud et les champions du monde U20 (Bamba, Barassi, Carbonel, Gros, Joseph) qui vont vouloir s’inviter à la table des grands. Place à 2023, mais ne galvaudons pas les Tournois à venir qui doivent nous permettre de nous habituer à lutter de nouveau contre les Anglais, à dominer fréquemment Gallois et Irlandais et ne plus nous contenter de vaincre uniquement Ecossais et Italiens.
La démonstration de force des Anglais et des Blacks
Dans les deux premiers quarts, les Anglais et les Blacks ont fait très forte impression. Dans le sillage de leurs jeunes troisième lignes ailes Curry et Underhill qui ont donné la leçon aux légendes australiennes Hooper et Pocock, le XV de la Rose a très nettement dominé les Wallabies. Les sujets de sa Majesté semblent au top physiquement, en témoigne leur défense acharnée durant le premier quart d’heure, et seront un redoutable adversaire pour les Néo-Zélandais.
Les NéoZ n’ont, eux, fait qu’une bouchée de pâles Irlandais lâchés par leur charnière Murray-Sexton qui est passée complètement à côté de l’événement. Les avants Blacks, attendus au tournant, ont retrouvé à la fois de l’agressivité dans le combat et de la dextérité dans de superbes enchaînements qui ont mis leurs homologues du Trèfle au supplice. Et les cannes des véloces Smith, Reace et Barrett ont fini par doucher les espoirs des hommes de leur compatriote Joe Schmidt.
Enfin, les Sud Africains, moins impressionnants, ont mis fin au magnifique parcours des Brave Blossoms. Les Japonais ont été comme à leur habitude héroïques mais ont fini par plier devant la puissance supérieure des Springboks. Bravo au pays hôte pour sa Coupe du Monde réussie, et pour l’enthousiasme généré par son rugby ambitieux, offensif et dénué de complexe.
Place au dernier carré
Deux matches, deux duels, deux ambiances :
Angleterre-Nouvelle Zélande : une demi au goût de finale
C’est un peu une finale avant la lettre, tant ce sont les deux équipes qui ont fait la plus forte impression en quart. Les Blacks partiront favoris au nom de leur expérience et de leur statut de doubles tenants du titre. Leur première heure de jeu contre les Irlandais les place encore au-dessus de la mêlée, tant ils sont capables de maintenir une très haute intensité offensive qui finit par faire craquer leurs adversaires. Mais gare au moindre relâchement face à des Anglais d’une efficacité clinique face aux Australiens. Le combat sera monstrueux devant, et chaque ballon de récupération sera une occasion franche de scorer pour ces 2 formations si opportunistes en contre-attaque avec d’un côté le génial Beauden Barrett et de l’autre les sprinteurs Jonny May et Anthony Watson. On s’en languit à l’avance.
Notre pronostic : les Blacks, un ton au-dessus offensivement
Pays de Galles-Afrique du Sud: une affiche inédite
Forcément l’affiche de cette seconde mi-temps entre les numéros 3 et 4 au classement World Rugby fait moins saliver que celle du samedi. Elle pourrait cependant se révéler également très spectaculaire entre les miraculés Gallois qui n’ont désormais plus rien à perdre mais tout à gagner, eux qui n’ont jamais connu les frissons d’une finale mondiale, et les Boks qui rêvent d’un nouveau titre, 12 ans après leur sacre de Paris.
Le Pays de Galles, guidé par son emblématique leader Alun Wyn Jones, misera sur son rugby pourcentage qui optimise à plein escient chaque erreur adverse comme les Bleus viennent d’en faire l’amère expérience. Les Springboks y opposeront leur dimension physique et leur agressivité des deux côtés du terrain, même s’ils seront privés en dernière minute du supersonique Cheslin Kolbe.
Notre pronostic : les Boks, plus frais et plus complets
C’est l’avant-dernier week-end de la Coupe du Monde, alors pas d’impasse possible sur ces deux demi-finales et pas d’excuse non plus on peut se reposer 1 heure de plus dimanche ! A vos pronostics !
Photo Une ©Getty Images