Le quinzième Euro de l’histoire a pris fin dimanche soir à Saint Denis avec la victoire du Portugal à l’issue d’une finale que les Bleus auraient longtemps méritée de remporter. Retour sur un mois de compétition avec le bilan des prétendants au titre, les surprises du tournoi et l’équipe type retenue.
LE BILAN DU TOP 8
LE PORTUGAL
Si une sélection peut remercier l’UEFA pour cette nouvelle formule de l’Euro à 24 nations, c’est bien la Seleção ! 3ème seulement de son groupe, incapable de dominer Islandais, Autrichiens et Hongrois, elle décroche son premier titre continental après un tour final où elle a mis le bleu de chauffe et a démontré une grande rigueur et solidité défensive. Niveau football on repassera, mais cette victoire permet aux lusitaniens d’intégrer le club des grands d’Europe en remportant enfin un trophée autour duquel ils ont beaucoup tourné depuis le début des années 2000 (demi-finalistes en 2000 et 2012, finalistes en 2004).
Ce titre permet également à Cristiano Ronaldo de rajouter une nouvelle ligne à son ébouriffant palmarès et de renforcer toujours plus sa légende. Comme son éternel rival Lionel Messi, il ne lui manque à présent qu’un titre mondial pour compléter son oeuvre.
- LE TOP : Pepe
- LE FLOP : Carvalho
LA FRANCE
La bande à DD n’a pas poursuivi la série victorieuse des tournois organisés sur le sol français et remportés par le onze tricolore. Il n’a manqué qu’un brin de réussite (et de fraicheur ?) pour que les Bleus gagnent le 3ème Euro de leur histoire. Cette équipe a néanmoins réussi sa compétition et est parvenue à recréer l’adhésion populaire. Elle s’est trouvée un leader technique et offensif avec Antoine Griezmann, possède une jeunesse talentueuse (révélation d’Umtiti) mais encore inconstante à l’image de tournoi en dents de scie de Pogba. Doit à présent renforcer ses arrières (peu de réserves sur les postes de latéraux) et donner du liant à son jeu offensif trop dépendant des performances de Payet au 1er tour et de Griezmann dans les phases finales.
- LE TOP : Griezmann
- LE FLOP : Evra
L’ALLEMAGNE
La Mannschaft n’a pas imité la France (1998-2000) et l’Espagne (2010-2012) dans sa quête du doublé Coupe du Monde-Euro. Elle est restée fidèle à son plan de jeu en monopolisant le ballon (65% de possession en ½ finale contre la France) mais a manqué de percussion offensive pour aller plus loin dans la compétition. La méforme de Müller l’a pénalisée tout comme la blessure de Gomez contre l’Italie qui l’a privée de son seul avant-centre de métier. Elle n’a néanmoins pas déçu et sera une candidate sérieuse pour conserver son titre mondial en 2018.
- LE TOP : Boateng
- LE FLOP : Müller
L’ITALIE
Une des très bonnes surprises de ce tournoi ! Malgré les nombreuses absences la frappant (dont celle de Verratti) et de son manque de relief offensif, la Squadra Azzura a maximisé son potentiel en atteignant les ¼ de finale, ne cédant qu’à l’issue d’une séance de tirs au but irrespirable contre l’Allemagne. Sa défense bâtie autour des 4 de la Juve (Buffon, Barzagli, Bonucci, Chiellini) a été impériale et toute l’équipe d’une formidable abnégation. Le tout orchestré par son maître tacticien Antonio Conte qui a déjoué les pronostics en donnant une leçon de tableau noir aux Belges et aux Espagnols. Bon courage à son successeur sur le banc transalpin !
- LE TOP : Chiellini
- LE FLOP : Zaza (c’est sévère mais il fallait en trouver un)
LA BELGIQUE
L’une des deux grosses déceptions de la compétition (avec l’incorrigible Angleterre). La déception est aussi grande que les attentes étaient élevées dans le potentiel des Diables Rouges. Après un 1er tour certes peu convaincant (victoires contre l’Eire et la Suède, défaite contre l’Italie), la chance semblait avoir rejoint les Belges en les plaçant dans le tableau le plus ouvert pour atteindre la finale. Mais la route s’est brutalement arrêtée en ¼ de finale quasiment à domicile à Lille contre les « invincibles » Gallois à l’issue d’un match qui aura résumé le tournoi Belge : brillants par intermittence, négligents le reste du temps, n’affichant que peu d’unité collective et d’équilibre tactique. Cette équipe est jeune et aura peut-être de nouvelles possibilités de gagner un titre, mais elle devra démontrer une plus grande faim de trophées.
- LE TOP : Nainggolan
- LE FLOP : De Bruyne
L’ESPAGNE
La Roja n’a pas réussi la passe de 3 après ses succès en 2008 et 2012. Une partie de ses cadres a vieilli et elle a payé au prix fort son dernier match de poule joué trop à la légère contre la Croatie. Les madrilènes et les barcelonais ont paru bien émoussé après une nouvelle saison harassante. La sélection ibérique devra trouver un nouveau souffle et un nouveau guide suite au départ de Del Bosque.
- LE TOP : Morata
- LE FLOP : Sergio Ramos
LA CROATIE
Elle n’a pas atteint le dernier carré de la compétition comme l’avait fait la bande à Suker en 1998, se prenant les pieds dans le dense tapis portugais en 1/8ème de finale. Mais elle aura été la formation la plus attrayante du premier tour notamment avec un jeu porté vers l’avant et jamais avare en effort. On a hâte de revoir Modric, Rakitic and co en 2018 sur les pelouses russes.
- LE TOP : Perisic
- LE FLOP : Mandzukic
L’ANGLETERRE
La désillusion de la compétition ! Une élimination pathétique contre l’Islande en 1/8ème de finale à l’issue d’une prestation cauchemardesque. La sélection des Three Lions est tombée de haut alors qu’elle abordait le tournoi en outsider très sérieux après son sans-faute en qualification. Elle est retombée dans ses travers en long et en large contre les valeureux islandais : faiblesse chronique au poste de gardien, défense centrale peu rassurante, pas de changement de rythme ni de percussion, aucun sentiment de révolte. Bref un deuxième terrible Brexit qui va laisser des séquelles en terre anglaise.
- LE TOP : Sturridge
- LE FLOP : Kane
LES SURPRISES :
Elles sont au nombre de deux mais sont aussi colossales l’une que l’autre, prouvant que cet Euro à 24 a eu au moins le mérite d’ouvrir ses portes à des « petits » affamés.
Le Pays de Galles a créé la surprise en atteignant les ¼ de finale puis la sensation en éliminant la Belgique à Lille. Elle s’est appuyée sur une solide organisation défensive et sur le duo Bale-Ramsey pour animer son attaque. Elle pourra pendant de longues années se targuer d’avoir réussi un meilleur parcours que son voisin anglais !
L’Islande, elle, n’a certes pas atteint le carré final, mais portée par ses formidables supporters elle a réussi un magnifique tournoi avec un succès de prestige en 1/8 de finale aux dépens de l’Angleterre. Le plus petit européen de la compétition (300.000 habitants) a gagné le respect des plus grands pour les années à venir.
L’EQUIPE TYPE :
Bâtie autour d’un 3-5-2 (pas aisé de l’établir en 4-3-3 vu la faible performance offensive de la plupart des sélections), elle fait la part belle aux champions Portugais (4 représentants dont Ronaldo certes pas à son meilleur niveau mais décisif en poule et en ½ finale) et aux finalistes français (3 joueurs retenus dont l’étonnant Sissoko). 2 Allemands, 1 Gallois et 1 Italien complètent cette équipe.
RUI PATRICIO (Portugal) | ||||
PEPE (Portugal) | BOATENG (Allemagne) | CHIELLINI (Italie) | ||
SAGNA (France) | GUERREIRO (Portugal) | |||
SISSOKO (France) | KROOS (Allemagne) | |||
GRIEZMANN (France) | ||||
RONALDO (Portugal) | BALE (Galles) |
Crédit photo :
L’Equipe, Michael Dalder/Reuters