Dominateur en première mi-temps, le quinze de France a sombré au retour des vestiaires, finissant par s’incliner devant des Gallois opportunistes. Une entrée dans le Tournoi manquée, un mental déficient, des leaders absents, un sélectionneur en perdition, bref rien de nouveau dans l’Ovalie tricolore !
Les 60 000 spectateurs présents au Stade de France, comme les téléspectateurs assis devant leur écran, ont dû se demander : « qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu » ? Comment 15 rugbymen français conquérants, séduisants, audacieux lors des quarante premières minutes, ont-ils pu tomber ensuite dans une telle médiocrité ?
Les illusions du premier acte
Il faut l’avouer, la 1ère mi-temps des Bleus nous avait donné tant d’espoirs ! Dans le sillage du Tank Picamoles, du Basque bondissant Iturria, du Général Parra, les Français ont alors dominé de la tête et des épaules un XV du Poireau submergé par les vagues tricolores. 16 points d’écart à la pause. Un écart logique, Parra ayant égaré 7 points au pied, tout comme l’arrière gallois Williams commettant un en-avant au moment d’aplatir dans l’en-but bleu.
Et soudain le néant !
Et puis … le néant… 40 minutes de rugby balbutié, de boulettes, d’illusions déjà enterrées.
Le Mister Hyde du quinze de France était de retour. Le néo-naturalisé Willemse se troua au ras d’un regroupement, 16-7. Huget oublia de retirer ses moufles au retour des vestiaires, 16-14. Vahaamahina, promo capitaine à la surprise générale au relais de Guirado, s’improvisa ouvreur et tenta une sautée du diable Vauvert pour les bras de la flèche galloise North, 19-24. Rideau. Game over.
La thèse de l’inexplicable était une nouvelle fois de sortie. Ce sont plutôt les carences bleues qui nous sont apparues plus criardes que jamais. Un mental désespérément faible, illustré par des joueurs apeurés, blafards, sitôt le premier essai inscrit par les joueurs de Gatland, alors qu’ils menaient encore de 9 points ! Des leaders dont la voix ne rameute pas dès que l’adversité refait surface. Et si rapidement renvoyés sur le banc (Guirado et Parra à la 57ème minute) par un staff lui-même devenu fébrile. La fraîcheur des Marchand, Lambey a alors entretenu l’espoir, mais le match winner Dupont, qui aurait pu nous refaire passer devant au score, était resté en tribune, oublié par un sélectionneur aux 3 pauvres victoires en 12 matchs disputés.
Des changements remis à plus tard, forcément
Le constat est rude, l’équipe de France ne sait plus gagner un match. Dans n’importe quel sport, le staff serait sous la sellette, le capitanat remis en question. Mais le rugby français échappera une nouvelle fois à la règle.
Comme il l’a déclaré cette semaine sur RMC , son Excellence Bernard Laporte 1er, prestidigitateur en chef, continuera de répéter que « les Fidji sont meilleurs que l’Afrique du Sud ». Puis il ajoutera que « cette équipe du Pays de Galles est la grande favorite pour la prochaine Coupe du Monde ». Guilhem Guirado, capitaine en perdition, sera reconduit dans ses fonctions, avec la mission de redonner le moral à des troupes que le prochain voyage à Twickenham ne doit guère rassurer. Allez peut-être qu’Antoine Dupont décrochera un strapontin sur le banc des remplaçants, si la moustache de Jacques Brunel autorise telle audace…
Bref la révolution attendra une nouvelle fois. Incessamment remise aux calendes grecques dans l’attente d’un miracle que le rugby français espère vainement. Comme s’il avait oublié que la finale de 2011 n’avait été qu’un si loin mirage.
Photos Une France-Pays de Galles et Yoann Huget ©AFP