A l’issue de la 5ème journée du Top 14, le Stade Toulousain occupe une peu reluisante dixième place, à déjà neuf longueurs du leader Clermontois. Si le début de saison des Rouge et Noir est très éloigné des ambitions stadistes, il n’est pas des plus surprenant tant le club toulousain a perdu de sa superbe ces dernières années et semble désormais être à la croisée des chemins que ce soit sur le terrain ou en coulisses.
Les raisons sont nombreuses pour expliquer la perte de compétitivité du club toulousain
Il parait loin le temps où le peuple toulousain entonnait chaque printemps son bruyant « on vient on gagne et on s’en va ». Depuis 2012 l’armoire à trophées toulousaine n’a plus été garnie que ce soit sur la scène française (dernière finale en Top 14 cette même année contre Toulon) ou sur la scène européenne (pas de qualification pour les ¼ de finales ces deux dernières saisons).
Avant tout la concurrence s’est nettement renforcée tout comme le nombre de prétendants aux premières places : alors que le bouclier de Brennus n’avait connu que trois hôtes entre 1994 et 2008 (Toulouse, Stade Français et Biarritz), ce sont 7 clubs différents qui se sont partagés les 8 derniers titres de champions (Perpignan, Clermont, Toulouse, Castres, Toulon, Stade Français et le Racing). Jusqu’à il y a 5 ou 6 ans, posséder dans son effectif les meilleurs joueurs français et quelques étrangers de renom suffisait pour faire du Stade un des principaux candidats au titre. C’étaient les années où les lignes arrières toulousaines étaient les plus audacieuses de l’Hexagone et formaient l’attaque du XV de France (d’Elissalde à Poitrenaud en passant par Michalak, Jauzion, Heymans et Clerc). Depuis le Top 14 s’est internationalisé, s’ouvrant notamment aux stars de l’hémisphère Sud. Des clubs comme Toulon ou Montpellier en ont même fait leur fonds de commerce.
Toulouse a essayé de s’adapter à cette nouvelle donne en cherchant à attirer également des pointures étrangères. Mais pour une réussite avec McAlister, le club stadiste a connu de nombreux ratés (Botha, Burgess, Ralepelle, Flood) et a perdu de son flair de dénicheur de talents (Clerc déniché à Grenoble ou Fritz à Bourgoin) qui était une de ses marques de fabrique dans les années fastes.
En plus des campagnes de recrutements inabouties, le Stade a vu partir année après année des joueurs dominants qui mettaient constamment l’équipe dans le sens de l’avancée. De Jauzion, l’un des meilleurs centres du monde au milieu des années 2000, à Picamoles, aux percussions et raffuts ravageurs, le Stade a perdu ces éléments qui faisaient basculer les matchs les plus serrés du bon côté.
Cette moindre domination sur le terrain n’est pas facilitée par l’absence de sérénité dans les coulisses du club. Les tensions perdurent au club entre le président Bouscatel qui ne veut pas céder son fauteuil à l’issue de la saison et le comité de surveillance qui œuvre pour son départ. Bref pour un club loué naguère pour sa culture familiale, cette absence de sérénité fait tâche et pèse forcément sur le volet sportif.
Un nouveau projet sportif avec l’arrivée d’une nouvelle génération au pouvoir ?
Cette nouvelle saison semble démontrer toutefois le souhait du Stade de se lancer dans une nouvelle dynamique de jeu et de génération.
Le staff, avec à sa tête cinq anciens glorieux des années victorieuses (Mola, Elissalde, Servat, Bouilhou et Pelous), a décidé de renouer avec un jeu axé sur la conservation et la circulation du ballon (le fameux « jeu de mains jeu de toulousains ») alors que le Stade a laissé Clermont devenir la référence du jeu ces dernières saisons.
Cette ambition s’accompagne par le passage de témoin entre une génération qui arrive en fin de carrière (Dusautoir, Albacete, Lamboley, Mac Alister) et une nouvelle qui est en train de prendre les rênes (Fickou, Bézy, Baille, Marchand). Dans le passé l’appel massif à la jeunesse a souvent souri aux toulousains : dans les années 90 cela fut la génération des Califano et Castaignède puis au début des années 2000 celle des Michalak, Poitrenaud et Jeanjean. Avec de nombreux titres engrangés au compteur !
A l’heure où les jeunes français se voient de moins en moins donner une chance sur les pelouses du top 14 (Frédéric Michalak déclarait même cette semaine dans l’Equipe « que dans le rugby actuel, lui, Poitrenaud et Jeanjean n’auraient pas pu débuter aussi jeunes au plus haut niveau »), le pari stadiste est audacieux comme l’étaient les plus belles relances qui fusaient des quatre coins d’Ernest Wallon. Le peuple toulousain, qui aime ses pitchouns plus que tout, ne leur en voudra pas.
Crédit photos :
L’Equipe, Icon Sport, Actu-Rugby