Victorieux samedi au Pays de Galles, le XV de France a aligné un troisième succès consécutif dans le Tournoi. Dans le sillage de la charnière Dupont-Ntamack et d’une féroce défense, les Bleus ont confirmé leurs progrès et signé un succès fondateur dans leur jeune histoire. Ils peuvent désormais rêver d’un Grand Chelem, que les Tricolores n’ont plus réalisé depuis 2010, avec de solides arguments à la clé.
Un physique qui tient enfin la route
C’est la grande confirmation apportée par cette troisième rencontre du Tournoi. Aperçue par séquences contre l’Angleterre et l’Italie, le XV de France dégage une dimension physique qui marque l’adversaire, à l’image du 2ème essai inscrit par le « golgoth » Paul Willemse renversant trois Gallois sur son passage, ou des tampons en défense de Bernard Le Roux et d’Antoine Dupont qui désintègrent les attaquants adverses et inversent la pression.
Surtout les Bleus n’ont pas connu ce fameux trou d’air de l’heure de jeu, qui les avait vu perdre de leur superbe face aux Anglais et aux Italiens. La défense, ciment de cette jeune équipe de France, a continué de repousser les assauts du XV du Poireau, et les remplaçants ont apporté leur écho à l’instar des « finisseurs » de la première ligne, Chat, auteur d’un grattage salvateur en fin de match, et Bamba, qui a fait exploser le pilier gauche gallois lors de sa première mêlée.
Conquête et jeu au pied au point
A la peine lors des deux premiers matchs, la conquête s’est pleinement rassurée samedi. Chahutée au Stade de France, la touche tricolore a réussi un parfait 10/10 et a été à l’origine de l’essai de Willemse sur une superbe combinaison. La mêlée bleue a, elle, marqué les esprits lorsqu’en infériorité numérique en fin de 1ère mi-temps et à 10 minutes du terme, elle a permis d’endiguer les offensives galloises.
Si la réaction de la conquête française était attendue, la qualité du jeu au pied tout au long des 80 minutes a étonné. Habituellement dominés en longueur et en précision par les Biggar, Sexton, Farrell and co, les arrières français ont pris l’ascendant à la surprise générale. Ntamack et Bouthier ont parfaitement manœuvré, alternant jeu au pied d’occupation, chandelles de récupération et même passes au pied (pour l’essai magnifique de Fickou annulé par le tatillon M. Carley). Loin d’être une spécialité de notre rugby, le jeu au pied pourrait bien faire partie de la panoplie gagnante de la bande à Galthié.
Un froid réalisme
Habitués ces dernières années à peu capitaliser sur leurs temps forts, les Tricolores maximisent depuis le début du Tournoi leurs séquences de domination territoriale au tableau d’affichage. Ainsi, samedi à Cardiff, les Français ont regagné les vestiaires avec une avance de 8 points bien qu’ayant tout juste passé 25% du temps dans le camp gallois.
Les Bleus ont été d’un opportunisme clinique illustré par les essais d’Anthony Bouthier à la réception d’une chandelle parfaitement ajustée par Romain NTamack, de Willemse suite à une judicieuse combinaison sur une touche à 5 mètres de l’en-but des Dragons Rouges ou encore du même Ntamack sur une interception en seconde mi-temps au plus fort de la domination galloise.
Le XV de France n’a plus besoin d’une demi-douzaine d’occasions pour scorer et se dote ainsi d’une efficacité indispensable pour rivaliser avec les meilleures nations du monde.
Des tauliers et des révélations
Ils étaient annoncés comme les leaders de cette équipe de France new-look, et lors des trois premiers matches ils ont répondu présent. Le capitaine Charles Ollivon, le dynamiteur Antoine Dupont, le sécateur Bernard Le Roux et l’omniprésent Grégory Alldritt assurent et rassurent leurs jeunes coéquipiers.
A leurs côtés, des individualités se révèlent. Etonnant de maturité et de sobriété, le Toulousain Romain Ntamack s’affirme en patron des lignes arrières. L’inattendu Anthony Bouthier, au coup de pied de mammouth comme le rugby français n’en a pas eu depuis Titou Lamaison, brille de mille feux. Au centre, le jeune Arthur Vincent s’est intégré à vitesse grand V et ne sera pas facile à déloger.
Devant, François Cros, l’oublié de Jacques Brunel pour le Japon, s’avère un parfait exécuteur des tâches ingrates, alors que Paul Willemse a crevé l’écran samedi par sa force brutale et son inlassable activité. Enfin en première ligne, le talonneur Julien Marchand monte en puissance de match en match, le pilier montpelliérain Mohamed Houas, mobile et endurant, étonne, et le jeune toulonnais Jean-Baptiste Gros a parfaitement pris le relais d’un Cyril Baille rayonnant, mais malheureusement out jusqu’à la fin du Tournoi.
Portée par une jeunesse pétillante et une redoutable efficacité, l’Equipe de France n’est plus qu’à deux victoires du premier Grand Chelem du rugby français depuis 10 ans. Prochaine marche à gravir à Murrayfield le 8 mars !
Photo Une Pays de Galles-France Romain Ntamack ©Getty Images – Stu Forster