Je m’étais dit le week-end passé que si nos rugbymen venaient à bout des Wallabies samedi dernier au Stade de France, le 20ème article du blog parlerait cette semaine du XV de France et d’une amorce de beau jeu déployé après les purges de l’ère PSA.
Certes le drop de Camille Lopez a fui les perches australiennes et n’a pas permis aux Bleus d’enchainer un 3ème succès consécutif, mais comme il existe des victoires sans lendemain, il y a également des défaites pleines de promesses pour l’avenir. La prestation des Français, porteuse d’espoirs, a donc fini de me conforter dans ma volonté initiale, en essayant de décrypter le triptyque de valeurs qui semblent animer cette équipe : enthousiasme, générosité et audace.
Un enthousiasme retrouvé
Le XV de France affiche depuis quelques rencontres un visage de nouveau enthousiaste, générateur d’émotions fédératrices. Il y a de la vie, il y a de la joie dans le jeu développé, dans ce ballon qui circule de mains en mains avec beaucoup de courses et de vélocité. Même menée et courant continuellement derrière le score samedi en 2ème mi-temps, cette équipe n’a pas baissé les bras et a continué fièrement de proposer un rugby offensif.
Signe d’une équipe qui vit bien, l’intégration réussie du « septiste » Vakatawa, l’adaptation facilitée des jeunes nouveaux cappés comme Serin, Ollivon et Chat, ou l’altruisme affiché par Fofana qui fait enfin jouer derrière lui.
Du cœur à l’ouvrage
Avant d’être un jeu de mouvement, le rugby reste un sport de combat où le don de soi est un pré-requis pour se tourner ensuite vers des schémas stratégiques plus ambitieux.
Face aux plus grandes nations multipliant les longues séquences de possession, il faut ferrailler dans les rucks, plaquer inlassablement et être discipliné. Le XV de France a affiché samedi des vertus encourageantes dans la gestion de ses temps faibles, elle a certes encaissé 3 essais dont 2 certainement évitables, a été encore trop pénalisée (10 pénalités concédées et 1 carton jaune), mais n’a finalement jamais été lâchée au score malgré une possession largement australienne pendant la première heure de jeu.
Cette générosité dans l’effort lui a permis de rester dans le match, de menacer jusqu’au bout les Wallabies et est illustrée par des révélations au plus haut niveau telles que le rochelais Gourdon, en vue aux quatre coins du terrain, ou le jeune toulousain Baille brave parmi les braves.
Une audace contagieuse
Comme l’a récemment déclaré GuybNovès « avoir des intentions c’est le Smic du rugby actuel ». Mais quand on passe des paroles aux actes, c’est que le groupe adhère aux principes de jeu prônés par le staff tricolore. La confiance permet l’audace, et autorise le retour d’un certain french flair incarné par les relances incessantes des ailiers îliens Nakaitaci et Vakatawa. Le 1er essai français issu d’une relance de nos 22 mètres et de près de 2 minutes d’offensives tous azimuts est le fruit de ces prises de risques assumés et encouragés.
Et on se dit qu’avec une troisième ligne plus équilibrée et plus dévoreuse d’espaces (ah si le jeune parisien Macalou tient toutes ses promesses !), avec une charnière Serin-Trinh-Duc, offrant plus de vivacité, et avec Dulin en premier attaquant, cette équipe serait bien agencée pour poursuivre son œuvre de séduction.
Toutes les cartes seront peut-être rabattues si les All Blacks nous humilient samedi dans la nuit dionysienne, mais le projet est suffisamment prometteur pour être mené durablement.