Pour la 4ème Coupe du Monde consécutive, on sait d’ores et déjà que le vainqueur sera une nouvelle fois européen. Après l’Italie en 2006, l’Espagne en 2010 et l’Allemagne en 2014, le titre suprême se disputera entre Français, Belges, Croates et Anglais. La vieille Europe du foot continue de résister à la mondialisation, tandis que les nations Sud-Américaines sont en perte de vitesse. Explications.
Une meilleure discipline tactique
Les nations européennes ne produisent pas le jeu le plus agréable de la compétition, à l’exception des Belges. On a ainsi pris plus de plaisir devant les envolées mexicaines, brésiliennes par séquence, mais les Européens brillent par leur pragmatisme et par leur réalisme clinique.
La France de Deschamps, après un 1er tour peu convaincant, s’est calé avec son milieu à 3 travailleur, récupérateur, et réducteur d’espace pour l’adversaire. La Belgique de Martinez a mis de côté une partie de son panache en faisant sortir du banc les solides Fellaini et Chadli pour s’extirper du piège japonais et pour réussir l’exploit face au Brésil.
Tandis que Sampaoli, multipliant les ajustements tactiques, n’a jamais réussi à équilibrer une Argentine qui a fini par exploser devant la vitesse de MBappé, et que le Brésil de Tite n’a pas su pallier l’absence de Casemiro et s’est exposé aux contres supersoniques des Belges.
Enfin les demi-finalistes européens présentent aussi une similitude : leurs stars offensives, Griezmann, Hazard, De Bruyne, Kane ou Mandzukic n’hésitent pas à se mettre au service du collectif à la perte du ballon, ce que peinent à faire les stars brésiliennes ou argentines.
Des effectifs plus homogènes
Jadis on s’extasiait devant la profondeur de banc des nations sud-américaines capables de laisser le jeune Ronaldo sur le banc tout au long de la Coupe du Monde 1994 ou d’utiliser par intermittence le futur prodige barcelonais Messi en 2006.
Alors que Français, Belges et même Croates ont des solutions de recours sur le banc qui ont permis durant la compétition de faire souffler les habituels titulaires et de remédier aux suspensions ou méformes, les nations phares de l’AmSud n’ont plus un réservoir suffisant pour présenter des effectifs homogènes, indispensables pour aller loin dans le tournoi final.
Comme en 2014, le Brésil n’a toujours pas trouvé l’avant-centre qui lui aurait permis de ne pas dépendre des coups de patte de Coutinho, alors que l’Argentine a certainement présenté l’une des défenses les plus faibles de son histoire (9 buts encaissés en 4 matches), très loin de la solidité et de la hargne affichées par leurs illustres prédécesseurs les Zanetti, Ayala, Heinze and co.
Ces carences affichées par Brésiliens et Argentins trouvent une partie de leur réponse dans l’exode de plus en plus précoce de leurs jeunes talents en Europe. Des espoirs, qui n’ont pas encore fini leur formation, et qui jouent peu en Europe où ils sont déracinés et soumis à la rude concurrence des effectifs des grands clubs. Si le Brésil s’est lancé dans un chantier de restructuration de sa formation depuis le naufrage de 2014, l’Argentine semble être au bord d’un gouffre que même le talent de Messi n’arrive plus à masquer.
De la chance
C’est le facteur irrationnel qui permet à certains d’espérer encore au sacre mondial alors que d’autres sont déjà rentrés à la maison.
Le résultat de Brésil-Belgique n’aurait-il pas été inversé si les Brésiliens n’avaient pas trouvé le poteau dans les premières minutes du match ? Les Uruguayens et les Colombiens auraient-ils plus menacé Français et Anglais sans les blessures de leurs atouts-mâitres Cavani et James Rodriguez ? Les Français auraient-ils vaincu les Australiens sans le double recours à l’assistance vidéo ?
C’est à la fois la beauté et la cruauté du football qui reste un sport où fortunes et infortunes se côtoient dans une grande proximité, faisant jubiler les uns et s’apitoyer les autres.