Devenu il y a un an la propriété (à crédit) de l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois Gérard Lopez, le LOSC va de désillusion en désillusion. Sur le terrain les résultats sont très éloignés des ambitions affichées, et voici que les finances sont elles aussi loin d’être au vert après l’interdiction de recrutement décidée cette semaine par la DNCG. Le projet lillois tourne au fiasco, nouvelle démonstration que le football ne peut pas être qu’une affaire d’investissements et de plus-values virtuelles.
On ne va pas s’en cacher : le projet « LOSC unlimited », ainsi nommé par ses créateurs Gérard Lopez et Marc Ingla, sentait le sapin bien avant même cette période de Noël. Un président (Lopez) qui achète un club via des emprunts contractés auprès de fonds d’investissements spéculatifs (les « fonds vautours »), un directeur général (Ingla) qui veut augmenter la puissance financière du club en misant sur le développement puis la revente de jeunes talents, une caution sportive (Bielsa) pas la moins risquée, capable aussi bien d’embraser les travées marseillaises que de les abandonner subitement un soir de lassitude d’août 2015.
Le mercato estival avait épousé quasiment à la caricature les ambitions du nouveau projet lillois : de jeunes joueurs recrutés pour 70M€ au total, des anciens parqués dans un loft, un centre d’entrainement entièrement refait pour Bielsa. Malheureusement, après une victoire inaugurale contre Nantes (3-0), il n’y a guère eu de miracle à la Football Manager. L’effectif s’est avéré trop jeune, trop inexpérimenté en l’absence des ex tauliers devenus lofteurs, Bielsa a commencé à s’entêter dans des schémas tactiques décousus déséquilibrant son équipe, et le vernis du projet a commencé à craqueler.
Jusqu’à l’issue finalement inéluctable du limogeage d’El Loco le 22 novembre, alors que le LOSC ne parvenait pas à s’extirper de la zone de relégation.
Un nouveau camouflet avec la décision de la DNCG
Et de mal en pis, le projet Lillois vient de subir un nouveau camouflet avec la décision mercredi de la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) d’interdire le club nordiste de recrutement jusqu’à nouvel ordre. Alors que la direction lilloise comptait sur le mercato hivernal pour renforcer l’effectif avec des éléments d’expérience qui font cruellement défaut, elle devra peut-être même se résoudre à vendre pour regagner la confiance du gendarme financier de la Ligue 1 (qui réclamerait 25M€ de garanties financières). Et encore, cela ne sera peut-être pas suffisant au vu des dernières informations relatant l’existence d’une clause de parachute doré dans le contrat de Marcelo Bielsa qui lui garantirait le versement de l’intégralité de ses salaires, même en cas de départ anticipé.
Un fiasco rassurant pour l’essence même du sport !
C’est bien entendu cruel pour les supporters nordistes qui n’ont pas eu beaucoup d’occasions de s’enflammer depuis l’inauguration du stade Pierre Mauroy.
Mais ce fiasco est une nouvelle rassurante pour l’essence même du sport ! Tout le plan de Lopez est en effet bâti sur du virtuel, du pur boursicotage : j’emprunte à crédit pour prendre la tête d’un club de bon standing, je développe son actif avec l’achat de pépites et je mise sur une future plus-value liée à la valeur sur le marché des transferts de ces jeunes talents.
Qu’un club de football, notamment en France, ait besoin de vendre 1 à 2 joueurs chaque année pour présenter un résultat comptable équilibré fait, malheureusement, partie de l’équation actuelle pour assurer la pérennité de nos clubs. Mais que cela devienne la nature même d’un projet fait froid dans le dos, réduisant les joueurs à la colonne actif du bilan comptable, et les clubs à de vulgaires conquêtes spéculatives.
Par malheur pour Lopez et sa clique, le projet « Unlimited » pourrait bien trouver ses limites très rapidement !