Louis Nicollin est parti le jour de ses 74 ans, et avec son départ c’est tout un chapitre du football de nos jeunes années qui s’est fermé.

C’était une époque où la Division 1 et la Division 2 faisaient office de manuel de géographie et nous faisaient passer pour les premiers de la classe en sachant localiser Auxerre, Guingamp, Metz ou Châteauroux sur la carte hexagonale.

Le truculent président montpelliérain était le dernier des mohicans, de cette génération de dirigeants qui ont bâti leurs clubs avec leur argent et non avec celui des autres comme c’est ensuite devenu la norme du football de ce siècle.

Louis Nicollin

A la tête de la Paillade depuis 43 ans, il aura mené son club de la Division d’Honneur à la Ligue 1 tout au long d’un périple qui n’eut rien d’un fleuve tranquille.

Car « Loulou » est un personnage haut en couleur, capable de mémorables saillies verbales suivies de tendres et affectives caresses. Congédiant ainsi à plusieurs reprises ses acolytes Michel Mézy et Robert Nouzaret et finissant toujours par les rappeler auprès de lui. N’hésitant pas à critiquer durement ses joueurs puis les embrassant sans compter dans les vestiaires. Traitant l’auxerrois Pedretti de « tarlouze » avant de s’associer au Paris Foot Gay.

Si certaines de ses sorties, exagérément grossières, sont entrées dans la postérité médiatique (dont « des fois je trouve qu’il vaut mieux manger en compagnie de dix balayeurs que d’un joueur de foot » ou encore « mes joueurs, je les paie plus cher que mes maîtresses, et mes maîtresses au moins, elles me régalent la chique »), elles ne doivent pas occulter l’investissement d’une vie à développer un club d’élite dans une cité héraultaise qui n’a jamais affiché une grande effervescence pour garnir les tribunes du stade de la Mosson.

Bien entendu il n’a pas connu que des réussites sportives durant sa présidence, le flop Paille-Cantona à la fin des années 80, le bide de la reconstitution de la triplette nantaise Pedros-Ouedec-Loko à la fin des années 90, les longues années en Ligue 2 au milieu des années 2000.

Mais 2 titres nationaux sont venus remplir les étagères de la Paillade devenue Montpellier Hérault : une Coupe de France en 1990 et un titre de Champion de France en 2012 devant le PSG d’Ancelotti et de QSI, le dernier avant l’ère parisienne puis le titre monégasque (Nicollin en parlait même « comme le dernier titre de champion de France remporté par une équipe française »).

Et il y a certains clubs en France, certes moins agités, qui auraient bien aimé en connaitre l’ivresse, n’est-ce pas toulousains et rennais notamment ?

Il n’y aura plus de présidents à la Nicollin, car le football est devenu l’affaire d’investisseurs plus que de passionnés, mais nous aurions bien encore eu besoin des émotions à la Loulou, démesurées mais authentiques. Dommage pour nous !

 

Crédit photo : AFP Photo / Gérard Julien