A 41 ans Roger Federer a mis vendredi un terme à une incroyable carrière étalée sur plus de 2 décennies. Par son talent et sa classe, le Suisse aura su incarner un sport qui n’avait jamais connu un aussi bel ambassadeur.
A l’origine du renouveau du tennis
Quand Roger Federer commence sa carrière professionnelle à la fin des années 90, le tennis mondial se prépare à un déclin certain avec la fin de l’ère des rivaux Sampras et Agassi. Pendant plusieurs années, l’ATP leur chercha d’ailleurs vainement des successeurs entre Lleyton Hewitt, Andy Roddick, Marcelo Rios, Marat Safin ou Gustavo Kuerten. Malgré le charisme de certains ou la forte personnalité d’autres, le circuit perdit alors de son intérêt.
C’est à partir de 2003, année du premier Grand Chelem conquis par Federer à Wimbledon, que le tennis trouva un nouveau souffle. Car le Suisse combinait plusieurs caractéristiques chères aux amoureux de la petite balle jaune : un style de jeu offensif, une technique irréprochable et une classe hors norme.
Pendant quatre ans entre 2004 et 2007, Federer déroula un tennis sensationnel et domina comme personne n’a jamais dominé le tennis mondial. Il remporta ainsi 315 matches pour seulement 24 défaites, soit 93 % de victoires. Une performance insensée ! Durant ces 4 années, il triompha 3 fois à l’Open d’Australie, 4 fois à Wimbledon et 4 fois à l’US Open, et décrocha au total 42 tournois !
Seul Roland Garros se refusa alors au champion suisse. Car à ce moment-là un autre géant fit son entrée dans le gotha mondial et alla livrer à l’Helvète l’une des plus belles rivalités de l’histoire du sport.
Nadal, son meilleur ennemi
Il est en effet impossible de dissocier la carrière de Roger Federer de celle de son acolyte ibérique Rafael Nadal. L’assommant d’abord Porte d’Auteuil de son coup droit bombé puis venant même le titiller dans son jardin de Wimbledon, le diablotin majorquin a donné un éclat supplémentaire à l’oeuvre du Suisse. Federer et Nadal s’affronteront à 40 reprises (24 à 16 pour Rafa) avec des matches restés dans la mémoire à l’instar de la victoire de Nadal à Wimbledon en 2008 ou de celle de Federer à Melbourne en 2017.
Sans Nadal puis sans Djokovic, Federer aurait pu régner en maître incontesté du tennis mondial pendant une décennie, mais cette adversité poussa le Suisse à se réinventer et l’emmena vers d’autres sommets de longévité (14 ans entre son premier sacre à Londres en 2003 et son dernier en 2017, et encore un point lui a seulement manqué pour triompher à nouveau en 2019) et de popularité. Ainsi, contrairement à un Borg ou à un Sampras, Federer n’aura pas lassé et n’aura cessé de motiver l’enthousiasme des fans.
Et ce n’est pas un hasard si Federer a décidé de livrer son dernier match à Londres aux côtés de son meilleur ennemi espagnol tant la carrière du Suisse doit aussi beaucoup à l’émulation offerte par Nadal.
Monsieur Tennis pour longtemps
Détenteur de 20 Grands Chelems (6 Open d’Australie, 1 Roland Garros, 8 Wimbledon, 5 US Open) , victorieux au total dans 103 tournois, numéro 1 mondial pendant 310 semaines, Roger Federer va laisser une empreinte sur le jeu qui n’est pas près de s’effacer. A l’instar d’un Pelé, d’un Jordan ou d’un Ali, il va incarner pour des décennies un sport dont il a su être le plus bel ambassadeur ces 20 dernières années. Alors oui il est triste de voir le roi quitter officiellement son trône à 41 ans, handicapé par un genou défaillant, mais que dire de plus si ce n’est un grand MERCI au plus grand monarque de la planète tennis qui nous a enchanté 2 décennies durant de ses coups magiques et fulgurants. Thank you RF.