En remportant son 8ème Wimbledon et son 19ème tournoi du Grand Chelem, Roger Federer a non seulement ajouté un nouveau tome à sa prodigieuse œuvre mais il est probablement devenu également à cette occasion l’incarnation inter-temporelle du tennis pour de nombreuses décennies. L’égal de Pelé pour le football, de Jordan pour le basket, de Phelps pour la natation, de Bolt pour l’athlétisme et Mohamed Ali pour la boxe.
Tous ont un point commun : leur permanence au sommet de leur discipline. 14 ans entre le premier sacre de Federer à Wimbledon (en 2003) et son titre de dimanche dernier, 12 ans entre la première coupe du monde remportée par Pelé et celle obtenue au Mexique en 1970, 14 ans entre la médaille d’or de Jordan aux JO de Los Angeles et son dernier titre NBA avec les Bulls en 1998, 23 médailles d’or glanées par Phelps en 4 Olympiades (2004 à 2016), près d’une décennie que Bolt règne sur le sprint mondial et enfin 18 ans au sommet des poids lourds pour « The Greatest ».
« Pour entrer définitivement dans les livres d’Histoires» répétait inlassablement Terence Hill à Henry Fonda, son héros d’enfance, pour qu’il accomplisse un ultime exploit dans le culte « Mon nom est personne ».
Triompher dans la durée est certainement le plus gros défi proposé à ces champions d’exception car l’adversité évolue, se rajeunit, la technologie s’améliore et peut niveler les écarts, l’usure physique et mentale guette, la famille s’agrandit. Le doute rôde, la domination sans partage est menacée, et les premiers revers menacent l’équilibre du bel édifice. Mais ils ont tous trouvé les remèdes pour y faire face et accomplir leurs destinées.
Quelle incroyable impression de voir RF rayonner sur le Centre Court de Wimbledon, affûté comme un jeune homme, offensif et fluide en revers comme jamais !
Quelle incroyable remise en cause opérée ces deux dernières années pour se remettre d’aplomb physiquement et techniquement !
Et quelle similitude avec un Phelps, préparant les JO de Rio avec un niveau d’exigence et d’engagement qu’il n’avait auparavant jamais consenti, avec un Bolt qui dût aller chercher plus loin que son immense talent naturel pour dompter les Blake et Gatlin, ou un Ali qui dut surmonter la perte de son invincibilité face à Frazier pour retrouver les sommets mondiaux en terrassant l’impitoyable Foreman trois ans plus tard.
Roger Federer ajoutera peut-être dans les mois à venir un 20ème ou 21ème Grand Chelem et plus à son palmarès, Monsieur Tennis est quant à lui déjà entré dans les livres d’Histoire.
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