Le Stade Toulousain a décroché le 20ème titre de Champion de France de son histoire en disposant de Clermont (24-18). Après une longue parenthèse de 7 ans, le club de la Ville Rose est de retour au sommet du rugby français.
Une si longue attente
2012-2019, 7 longues années pendant lesquelles le Stade Toulousain avait délaissé les sommets nationaux, chassé par une concurrence devenue féroce et marqué par l’usure de ses cadres fatigués par des campagnes de plus en plus âpres. Une éternité pour des supporters stadistes, longtemps gâtés par leurs protégés, et qui se sont demandés combien de temps ils allaient devoir patienter pour connaître de nouveau cette angoisse contagieuse des jours des finales et l’ivresse chérie des lendemains de titres, après tant d’années de disette.
A l’orée de cette saison 2018-2019, Toulouse ne figurait d’ailleurs pas parmi les favoris au titre. Les spécialistes lui préféraient un trio composé de Montpellier, du Racing et de Clermont. Il faut dire que les Toulousains avaient certes retrouvé les phases finales en 2018 mais avaient failli, piteusement éliminés à domicile par les futurs champions, leurs voisins Castrais.
La saison de tous les records
Un an est passé et le Stade, comme à ses plus belles heures, a de nouveau dominé l’ovalie nationale. Record de points lors de la saison régulière (98 points), record du nombre de matchs consécutifs sans défaite (14), record du nombre d’essais inscrits (107). Et logiquement la saison toulousaine s’est achevée en apothéose samedi au Stade de France au terme d’une finale globalement maîtrisée face à des Auvergnats accrocheurs mais coupés dans leurs élans offensifs par la défense ultra agressive des joueurs d’Ugo Mola.
La métamorphose en 12 mois est spectaculaire. Elle doit à plusieurs facteurs qui, juxtaposés, ont permis au club le plus titré du rugby français de renaître de ses cendres.
En premier lieu, cette saison a marqué indiscutablement la renaissance d’un jeu audacieux laissant libre cours à la prise d’initiatives, aux inspirations des lignes arrière. Ce rugby requiert de la vitesse symbolisée par le supersonique Cheslin Kolbe, mais aussi une technique individuelle et collective irréprochable à l’image du second essai inscrit samedi soir sur lequel les trois-quarts toulousains ont joué une partition sur un pas sublime pour finalement démarquer Yoann Huget en bout de ligne.
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Forcément cette audace intègre une part de déchet, à l’instar de la pénalité sifflée en début de finale devant les poteaux clermontois et jouée au pied par Thomas Ramos qui chercha à alerter sans succès Huget. Mais elle maintient les défenses adverses en permanence sous tension et permet aux attaquants rouge-et-noir de se libérer de schémas de jeux devenus trop contraints dans le rugby actuel.
Une jeunesse insouciante
Le retour de ce « jeu à la toulousaine » est favorisé par l’émergence d’une nouvelle génération qui a redonné du souffle à tout un groupe fragilisé par des années sans succès. C’est historiquement le trait d’union des plus belles épopées du Stade Toulousain. Dans les années 90, c’était la génération des Califano, Castaignède, Carbonneau avec 4 titres successifs à la clé (1994 à 1997). Dans les années 2000, ce fut la joyeuse bande des Michalak, Poitrenaud, Jeanjean, couronnée par un Brennus en 2001 et 2 coupes d’Europe en 2003 et 2005.
Le flambeau a maintenant été repris par la pépite Dupont, Romain Ntamack, « le fils à Milou », l’inattendu Mauvaka, le talentueux Tolofua, le polyvalent Ramos, les frères Marchand, le formidable guerrier François Cros and co. L’intrépidité de cette jeunesse a contaminé les « anciens » Médard, Huget de retour au premier plan et l’étonnant Sofiane Guitoune, auteur d’une saison pleine après deux années passées à l’infirmerie à soigner un pubalgie tenace.
Le staff toulousain a ensuite su bâtir l’alchimie parfaite, encadrant cette jeunesse fougueuse par les galonnés Kaino, Tekori, parfaits guides tout au long de la saison.
Un staff et une direction qui ont su se renouveler
Dans ce renouveau stadiste, le rôle de l’encadrement rouge et noir ne doit pas être minimisé. Pendant trois longues saisons sans gagner, Ugo Mola s’est retrouvé bien seul pour assumer l’héritage de son illustre prédécesseur Guy Novès. Le public toulousain s’est impatienté, a grondé. Et Mola en toute intelligence s’est adapté, acceptant le renfort de Régis Sonnes lors de la précédente intersaison et donnant de plus en plus de place à William Servat pour gérer les avants et mettre au point cette défense si performante en phase finale, ainsi qu’au jeune retraité Clément Poitrenaud pour accompagner la ligne des trois-quarts.
Ces mouvements ont été aussi facilités par la nouvelle dynamique impulsée par l’arrivée à la présidence de l’ancien joueur Didier Lacroix il y a deux ans.
Dès son arrivée, Lacroix a conforté Mola dans ses prérogatives, l’a encouragé à ouvrir son staff, et a montré la voie en intégrant à l’organigramme du club plusieurs de ses ex-coéquipiers des 4 Brennus consécutifs des années 90, Thomas Castaignède, Jérôme Cazalbou et Emile Ntamack.
Demain, de nouveaux défis à venir
Alors que la ville rose fête dignement ses champions depuis samedi soir, le club toulousain peut rêver de lendemains qui chantent. Cet effectif, précoce et talentueux, doit naturellement continuer sa progression et se donner les moyens de relever de nouveaux défis : confirmer sur la scène nationale en étant le premier club à conserver une seconde saison un Brennus qui navigue annuellement de mains en mains depuis 2012, grandir en dehors des frontières en allant conquérir une cinquième étoile européenne et briser la domination actuelle des Anglais des Saracens et des Irlandais du Leinster. De formidables challenges pour concrétiser des promesses pleines d’avenir !
En gagnant son premier Brennus depuis 2012, le Stade Toulousain s’est donné les moyens d’ouvrir un nouveau chapitre de son histoire qui s’annonce bien prometteur. La suite est attendue avec impatience par tout un peuple toulousain de nouveau conquis.
Photo Une©AFP