« Je remercie les Toulousains qui m’ont permis de passer une magnifique jeunesse ».
C’est par cette phrase, simple et authentique, qu’un des plus grands rugbymen français de tous les temps a quitté la scène de l’ovalie pour de bon.
A 35 ans Thierry Dusautoir a décidé de raccrocher casque et crampons, d’épargner un corps et un visage fatigués par tant de luttes dans les rucks et de plaquages assénés. Un repos bien mérité pour le capitaine le plus capé de l’histoire du rugby français (56 capitanats).
Dusautoir, c’est Jean-Pierre Rives et Serge Blanco en un seul corps, en un seul être. De Blanco il y a le symbole du métissage, de ce sport, naguère conservateur, qui s’est progressivement ouvert à tous. De Rives il y a ce goût pour le combat, ce leadership par l’exemple plutôt que par les longs monologues.
C’est aussi, son diplôme d’ingénieur chimique en attestant, un des derniers représentants de la génération des rugbymen étudiants qui ont poursuivi leurs études pour anticiper la rudesse de l’après-carrière.
Pourtant le glorieux parcours du flanker tricolore a peut-être tenu à un fil, à un de ces coups du sort qui font basculer une promesse en un destin singulier. Ecarté du XV de France suite à une déroute subie face aux All Blacks en novembre 2006 (47-3), il ne doit sa sélection à la Coupe du Monde 2007 qu’au forfait du Clermontois Elvis Vermeulen. Moins d’un an plus tard à Cardiff, 38 plaquages et un essai face à ces mêmes néo-zélandais, feront de lui pour l’éternité le « Dark Destroyer », ce guerrier ultime des temps modernes.
Evidemment le Toulousain n’était pas l’archétype du french flair, du beau jeu, de la passe vissée et de la double-sautée. Il incarnait le rugby moins glamour des opiniâtres, des courageux, toujours prêt à mettre la tête où les autres n’osaient même pas glisser les mains.
Evidemment, il aurait rêvé d’une meilleure sortie que cette dernière saison stadiste catastrophique vécue si loin des sommets qu’il a longtemps connus sous les couleurs rouge et noire.
Mais à l’heure du bilan, le palmarès du natif d’Abidjan ne laisse guère de doute sur la place qu’il va laisser dans la mémoire sportive avec en club cinq boucliers de Brennus et une coupe d’Europe gagnés, et sous le maillot bleu un Grand Chelem remporté et une finale de coupe du Monde que seul le sifflet devenu muet de Craig Joubert l’a empêchée de soulever.
Bon repos Monsieur Dusautoir, après avoir tant plaqué et mené vos troupes, vous l’avez bien mérité.
Crédits photo :
AFP – Ouest-France
AFP – Rugbyrama