Diabolique d’efficacité, le Stade Toulousain s’est offert le 21ème titre de Champion de France de son histoire en dominant un pâle Stade Rochelais (18-8). Déjà victorieuse en Coupe d’Europe, la jeunesse toulousaine est bien partie pour laisser sa trace dans l’histoire du club rouge et noir.
L’efficacité Toulousaine
C’est la marque de fabrique du Stade Toulousain version 2020-2021. Comme en Coupe d’Europe, comme en demi-finale face à Bordeaux, Toulouse a été d’un grand pragmatisme, privilégiant le jeu d’occupation et scorant dès que l’opportunité s’est présentée. A la manœuvre la charnière Dupont–Ramos a été chirurgicale, utilisant excellemment le jeu au pied pour maintenir en permanence les Rochelais dans leur camp puis sanctionnant les fautes des Maritimes par l’entremise de l’ouvreur toulousain, auteur d’une très grande finale.
Etouffés par la domination territoriale et le pressing des Rouge et Noirs, les coéquipiers de Grégory Alldritt n’ont jamais réussi à inverser la pression. La dernière action de la première mi-temps en a été la parfaite illustration avec cette touche cafouillée par l’alignement rochelais dans les 22 mètres toulousains et conclue 30 mètres plus loin par un incroyable drop de Cheslin Kolbe (40è) qui donna 12 points d’avance aux Champions d’Europe à la pause.
Un pack à la hauteur
Au vu de la démolition du pack du Racing par Skelton et consorts en demi-finale, on ne donnait pas cher de leur peau à des avants haut-garonnais apparus émoussés face à l’UBB. La réponse du huit de devant toulousain a été éclatante. Rivalisant en mêlée fermée, réalisant un 100% en touche, impitoyables dans les rucks et dans le combat au près, à l’image des tampons administrés par les frères Arnold ou par les sécateurs en chef Elstadt et Cros, les avants toulousains ont été au four et au moulin. On évoque régulièrement les succès toulousains par le talent de ses lignes arrières, force est de constater que dans les matches cruciaux cette saison ce sont bien souvent les avants emmenés par Marchand et Baille qui ont forcé la décision.
Une jeunesse aguerrie
Avec une moyenne d’âge de 27 ans contre 29 à La Rochelle, Toulouse n’était pas sur le papier l’équipe la plus expérimentée au coup d’envoi. Mais cette jeunesse toulousaine est déjà une habituée des finales nationales, continentales ou internationales avec ses Champions du Monde U20. De l’avis même des vétérans de l’effectif, elle semble hermétique à la pression de l’événement. Rien ne paraît ainsi la perturber même lorsqu’elle est menée à la mi-temps au Munster ou quand elle est rejointe au score à l’heure de jeu par Bordeaux. C’est encore l’impression qu’elle a laissée hier dans la sillage de son leader, le talonneur Julien Marchand
Encadrée par les anciens tels Kaino, Tekori, Faumuina, Médard et Huget devant lesquels elle sait élégamment s’effacer à l’image du Bouclier de Brennus soulevé par les néo-retraités Kaino et Huget, cette génération est bien partie pour écrire un nouveau grand chapitre dans l’encyclopédie toulousaine. En imitant les Deylaud, Cazalbou, Castaignède ou Ntamack (Emile le papa) auteurs du doublé Championnat-Coupe d’Europe en 1996, elle a déjà pris date !
La finale ratée des Rochelais
Du côte des vaincus, la déception est à la hauteur des espérances suscitées de ramener pour la première fois le Bouclier de Brennus sur le Vieux Port. Les Rochelais sont passés à côté de leur finale, neutralisés devant par le pack toulousain, dominés dans le jeu au pied d’occupation par le trio Dupont-Ramos-Kolbe et guère aidés par la contre-performance de leurs leaders Skelton, Alldritt et Kerr-Barlow. En outre comme à Londres en finale européenne, leur ouvreur Ihaia West a été maladroit face aux perches (1/3), laissant les Toulousains prendre le large au tableau d’affichage.
C’en était de trop pour des Maritimes qui ont semblé à la recherche d’un plan B pour mettre en danger la défense des champions d’Europe. Pour un peu on aurait cru assister au remake de la demi-finale France-Angleterre de la Coupe du Monde 2003 où les hommes de Bernard Laporte n’avaient pas trouvé de réponse à la pluie qui s’était abattue sur Sidney. Cette faiblesse stratégique a été fatale aux Charentais qui auront payé cher pour apprendre avec deux finales perdues en un mois, mais les fondations sont là et doivent permettre aux Rochelais d’assouvir ces prochaines saisons leur quête de trophée.
Credit Une ©AFP-Thomas Coex