Bernard Laporte avait justifié le renvoi de Guy Novès et son remplacement par Jacques Brunel par la nécessité de remettre les Bleus sur le chemin de la victoire. Bilan des courses au bout de 2 matches : 2 défaites et le sentiment que le traitement présidentiel s’avère bien stérile.
Jadis on se serait énervé contre l’arbitrage britannique suspecté d’avoir chargé nos valises avec une flopée de pénalités à portée de mire écossaise, mais hier le cœur n’y était même pas. Le début de match des tricolores nous avait pourtant séduit (sans tomber dans l’enthousiasme excessif de Matthieu Lartot pour deux redoublements de passe et une échappée au ras de Machenaud) dans la lignée du renaissant Teddy Thomas, seul attaquant français de niveau européen. Et puis la mi-temps est passée par là, et la seconde période a été une longue agonie, marquée par une succession de fautes grossières, de ballons lâchés et de choix de jeu déroutants.
Les Français ont donc perdu leur deuxième match de ce tournoi 2018 et bien peu d’éclaircies ne sont venues dégager le ciel nébuleux des Bleus. En dehors de Thomas, seuls l’omniprésent Camara et le basque bondissant Iturria ont surnagé au sein d’un collectif vaillant mais bien trop approximatif pour espérer l’emporter.
Notre ligne de trois-quarts reste d’une grande pauvreté, Vakatawa s’égare à force de semer le désordre, Lamerat se consume dans les tâches défensives et en perd toute lucidité offensive, Palis joue avec le frein à main et a laissé dans le Tarn son pied gauche habituellement si précis.
Devant ce n’est guère mieux, le pack français, supposé être notre fer de lance, a fini hier par reculer en mêlée face au huit écossais, guère répertorié pour sa rudesse dans l’épreuve de force.
Et hier si la différence devait en théorie être faite par la profondeur de notre banc de touche, la physionomie des vingt dernières minutes a démontré que les remplaçants n’étaient pas des premiers couteaux. Serin a perdu de son insouciance qui le guidait à ses débuts et Ben Arous nous a fait regretter l’absence de Priso prometteur pour ses débuts face à l’Irlande. Enfin Brunel a dû oublier de regarder son chrono tant il a tardé à faire entrer en jeu Fall à la place du fantôme de Vakatawa ou Pélissié au relais de Guirado qui commençait à donner de gros signes de fatigue.
Clive Woodward: «La pire équipe de France que j’ai vue»
Predicted 3 home wins – well played @Scotlandteam esp. Gregor Townsend , great bounce back – @FFRugby France , really this is the worst French team I have seen either as a player or coach which I just cannot understand as they have such great players but they are going backward
— Sir Clive Woodward (@CliveWoodward) 11 février 2018
Les motifs d’espérer sont bien faibles à l’issue de ces deux matchs du renouveau espéré par le président Laporte et son fidèle second Simon.
Ils peuvent venir des U20 qui ont réussi leur entame de tournoi avec deux nettes victoires contre l’Italie et l’Ecosse dans la lignée du jeune ouvreur Romain N’Tamack (« le fils à Milou ») performant à un poste où on est si peu pourvu.
On a envie de croire que ces jeunes incarneront un avenir plus radieux pour l’Equipe de France, mais la réalité finit toujours par nous rattraper quand on lit pas plus tard qu’hier soir que Staurt Hogg l’arrière écossais pourrait rejoindre Montpellier et devenir le joueur européen le mieux payé. Preuve une nouvelle fois d’un rugby français qui marche sur la tête et continue de reléguer ses jeunes pousses en tribune. Et dire que l’accord financier conclu entre Altrad et Laporte devait permettre de bâtir le futur du rugby français, les belles paroles se sont déjà envolées, une nouvelle fois.
Bien triste présidence décidément !