Alors que l’Equipe de France vient de livrer deux matches amicaux de meilleure facture après une fin de parcours qualificatif très poussive, Karim Benzema, son ex-attaquant vedette, affiche clairement, dans une grande opération de com, son envie de revenir en Bleu. Sélectionnable, indispensable, indésirable ? Tout le monde a son avis, le Café des Sports a aussi le sien !

Gêné, comme un bon nombre d’entre vous, j’ai été gêné par le documentaire que Canal Plus a diffusé dimanche soir pour réhabiliter Karim Benzema. Au bout de 5 minutes, j’ai zappé tellement les partis pris étaient criants et laissaient augurer d’une place bien maigre pour le débat. Ce n’était plus le « K Benzema » mais l’ « Evidence Benzema ». Au moins on a découvert que l’ancien attaquant de l’OL ne manquait pas de défenseurs, prêts à plaider autant sa cause que son célèbre avocat maître Dupond-Moretti.

Comme Franck Ribéry ou Samir Nasri avant lui, Benzema a donc lancé une grande opération de mass media pour essayer de réintégrer l’équipe de France en vue du Mondial Russe.
Ah ce qu’on aurait aimé que Benzema démontre autant de volonté et de motivation, que celles affichées dimanche, pour défendre le maillot bleu il y a quelques années lors de rencontres qu’il a traversées nonchalamment (comme lors de ses 1222 interminables minutes sans but entre juin 2012 et octobre 2013, ou ce ¼ de finale contre l’Allemagne en 2014) malgré la confiance aveugle que lui témoignait alors Didier Deschamps.
Qu’on aurait aimé qu’il s’explique bien plus tôt sur son présumé rôle dans l’affaire de la sextape de Mathieu Valbuena.
Et aussi qu’il exprime un certain regret sur les négligences dont il aurait pu éventuellement faire preuve dans cette affaire, ou dans ses déclarations à l’égard de Deschamps («qui aurait cédé à une partie raciste de la France » pour ne pas le sélectionner pour l’Euro 2016).

Benzema Deschamps Equipe de France Real

Comme tous les grands talents, le Madrilène est fier : s’excuser lui apparait probablement comme un aveu de faiblesse. Mais l’homme est aussi grand quand il sait se mettre au niveau de ses semblables. C’est dommage que Benzema ne veuille pas l’entendre, car cet orgueil l’empêche de faire amende honorable et d’être ensuite en mesure de rétablir une partie des vérités.

Oui il est donc de nouveau sélectionnable en Bleu puisque son contrôle judiciaire a été complètement levé dans l’affaire Valbuena.
Oui début 2016 une partie de la population française a pu estimer qu’il flottait quelques stigmatisations raciales suite aux événements tragiques de 2015 (Charlie Hebdo puis du Bataclan), ce n’est pas honteux de le penser alors que dans le même temps Marine le Pen caracolait en tête des sondages présidentiels avec 30% des intentions de vote. Mais intégrer ce facteur comme décisionnel dans la décision de Didier Deschamps de ne pas le sélectionner est d’une grande maladresse, voire d’une inélégance faisant fi de la bienveillance passée du sélectionneur à son égard. Le Basque en a ensuite subi amèrement les conséquences, sa maison ayant été taguée du mot « raciste ».
Oui la situation en est rageante, car Benzema est bien entendu compatible avec Griezmann, Mbappé et cie. Il n’est évidemment pas étranger aux succès continentaux du Real Madrid de Zizou, ni aux performances majuscules de Cristiano Ronaldo. Bref l’Equipe de France aurait plus de chances d’aller loin en Russie avec lui que sans lui.

Donc, à l’instar d’un Zidane ou d’un Thuram ou d’un Makelele qui n’avaient pas hésité à aller à la rencontre de Raymond Domenech pour affirmer leur envie de revenir chez les Bleus l’été 2005, les extirper d’une situation compromise en qualifications et les emmener si proche du sacre mondial en Allemagne, on aimerait dire à Benzema qu’il est temps de se rapprocher du sélectionneur tricolore et de reconnaitre ses torts pour amorcer un nouveau départ.
Ce n’est pas une affaire de com, juste une affaire d’hommes Karim !