En dominant largement l’Angleterre samedi à Yokohama, l’Afrique du Sud a remporté son troisième titre mondial. Un sacre bâti « à l’ancienne » à partir d’un paquet d’avants qui a broyé son homologue de la Rose, et conclu par ses 2 flèches des lignes arrières. Impitoyable !
La désillusion anglaise
Tough game ! Alors qu’ils pensaient avoir fait le plus dur en éliminant en demi-finale les All Blacks, doubles champions du monde en titre, les Sujets de sa Majesté sont tombés de haut sur la pelouse de l’International Stadium de Yokohama. Pour résumer, leur finale n’a jamais réellement commencé tant ils ont été acculés dans leur camp dès le coup d’envoi.
Battus en conquête, concassés en mêlée, les coéquipiers d’Owen Farrell n’ont jamais vu le jour malgré l’abattage habituel d’Itoje et de leur 3ème ligne Curry–Vunipola–Underhill. Et leurs rares incursions dans les 22 mètres Sud-Af’ se sont heurtées à une féroce défense Bok.
Les changements apportés par Eddie Jones n’y ont rien fait, et au final, les Anglais se sont inclinés pour la 3ème fois en finale après 1991 et 2007. Jonny Wilkinson, Martin Johnson and co, titrés en 2003, devront attendre au moins 4 ans de plus pour connaître leurs futurs successeurs.
Le triomphe de la puissance Bok
S’ils n’incarnent pas les archétypes du rugby total théorisé, les Springboks ne sont certainement pas des champions du monde au rabais. Dans le sillage d’un monstrueux Duane Vermeulen, ils ont récité à la perfection une partition qui leur est propre : un terrible défi physique et une pression territoriale constante dont les Anglais n’ont jamais réussi à se dépêtrer.
Souverains en mêlée avec 4 pénalités obtenues par le duo Malherbe-« the Beast » Mtawarira, impériaux en touche avec Etzebeth et pénibles dans les rucks avec le poison Du Toit, ils ont capitalisé leur domination au tableau d’affichage par l’intermédiaire de la botte du futur Montpelliérain Pollard. Et une fois les Anglais cuits physiquement, ils ont enfoncé le clou grâce à leurs deux ailiers supersoniques, Mapimpi et Kolbe.
A la 66ème minute, servi en bout de ligne Mapimpi tapait un astucieux extérieur du pied repris par le centre Am qui redonnait instantanément à son ailier qui aplatissait le premier essai du match. Enfin à la 74ème minute, sur un ballon de récupération, Cheslin Kolbe, le génial lutin toulousain, cassait les reins d’Owen Farrell d’un crochet dont il a le secret pour parachever le triomphe des Boks.
Siya Kolisi, capitaine sacré et symbole d’une nation
Ce troisième sacre de l’Afrique du Sud, tout en puissance sur le terrain, est aussi fort en terme de symboles. Alors que les équipes sacrées en 1995 et 2007 comptaient très peu de joueurs de couleur (1 en 1995 et 2 en 2007), le quinze de départ de 2019 comprenait 6 joueurs de couleur, soit une proportion certes encore éloignée de celle des noirs ou métis dans la population Sud-Africaine mais en nette progression.
Et pour la première fois de son histoire, c’est un enfant des townships, Siya Kolisi, qui en est son capitaine. Le voir soulever la coupe Webb Ellis avec le président Cyril Ramaphosa restera une des grandes images de cette Coupe du Monde. Tous deux espèrent que le sacre de cette Afrique du Sud « arc-en-ciel » créera un élan au sein de toute une nation encore en proie à de grosses disparités économiques et sociales.
En remportant son troisième titre mondial, l’Afrique du Sud rejoint la Nouvelle Zélande au palmarès des nations les plus titrées au terme de cette 9èmeCoupe du Monde. All Blacks et Springboks se retrouveront en France en 2023 pour se départager mais gageons que les Bleus d’Antoine Dupont et de Damian Penaud voudront mettre tout le monde d’accord. Rendez-vous dans quatre ans !