Net vainqueur de l’Angleterre, le Xv de France a signé un magnifique Grand Chelem, le dixième de son histoire, le premier depuis 2010. De formidable augure en vue de la Coupe du Monde dans 18 mois.
Que c’est bon ! Mais que c’est bon ! Après une longue décennie de purges, de déconvenues, de désillusions, qu’il est bon de voir à nouveau le Xv de France trôner sur le rugby européen ! Favoris d’un Tournoi qu’ils n’avaient plus remporté depuis 2010, les Tricolores n’ont pas flanché dans l’ultime étape face à notre meilleur ennemi d’Outre-Manche, bâtissant une nouvelle fois leur succès sur une défense oppressante et une attaque supersonique.
Une défense de fer
Les Anglais avaient connu dans les années 80 la Dame de fer, ils ont rencontré hier sur leur chemin la défense de fer des Français. Emmenés par leur capitaine de défense Gaël Fickou, gratteur au sol en chef, les Bleus ont empoisonné le quinze de la Rose dans les zones de contest, lui faisant vivre un enfer similaire à celui connu par tous leurs adversaires tout au long du Tournoi. Les Alldritt, Marchand, Villière and co ont abattu un nouveau travail monstrueux au ras et dans les impacts empêchant les sujets de sa Majesté d’enchaîner à l’image de leur tour de contrôle Mario Itoje freiné dans toutes ses avancées. Sous la conduite de l’Anglais Shaun Edwards, la défense a gagné en constance, en énergie et est progressivement devenue depuis deux ans la première des attaques, fournissant aux coéquipiers d’Antoine Dupont de précieux turnovers dans lesquels ils excellent.
Et que dire de la discipline, jadis notre talon d’Achille, devenue maintenant une marque de fabrique de la défense tricolore avec moins de 10 pénalités concédées par match et souvent éloignées des zones de marque.
Une attaque de feu
Ce fut longtemps la signature du rugby français, avec ces attaquants racés qui défiaient avec malice et talent les défenses adverses. La génération 2022 nous a réconciliés avec ce rugby d’offensives savoureuses et gourmandes où le danger peut venir de partout du numéro 1 au numéro 15, à l’instar de Cyril Baille, formidable premier artilleur de la cavalerie bleue, du puncheur Jonathan Danty, du feu-follet Damian Penaud, parfaitement guidés par la charnière Dupont–Ntamack, gestionnaire d’un tempo tout en sérénité et en fluidité. Chaque fois que le ballon passe de mains en mains tricolores le frisson nous prend tant il y a de talent et de dextérité au sein des attaquants français.
Et longtemps endormi, même fantasmé, le french flair a fait son retour depuis la prise de fonctions de Fabien Galthié. Les Anglais l’ont appris hier à leurs dépens avec cette merveilleuse feinte de passe de Gabin Villière sur le premier essai de Fickou ou cette offrande délivrée par Grégory Alldritt pour l’essai du break signé par le génial Antoine Dupont, le meilleur pour la fin.
Les Bleus nous ont régalés tout au long d’un Tournoi maîtrisé de mains de maîtres et se positionnent en favoris du Mondial 2023 que le fervent public de Saint-Denis rêve de voir se transformer en triomphe bleu.