Dominatrice tactiquement et emmenée par un très grand Paul Pogba, l’Equipe de France a idéalement lancé son Euro en dominant logiquement l’Allemagne hier à Munich.
Une nette domination tactique
Le maître Deschamps
Didier Deschamps est quand même un drôle de sélectionneur. Alors qu’on lui prévoyait des nuits blanches pour incorporer dans le onze de départ un Karim Benzema jugé moins porté sur l’ouvrage collectif que Olivier Giroud, DD a de nouveau prouvé hier soir à Munich qu’il était un sacré tacticien. Son 4-3-1-2, converti en 4-3-3 en phase défensive, avec un bloc bas mais capable de trouver très rapidement la verticalité à la récupération du ballon, a tourmenté les hommes de Joachim Löw qui n’ont jamais trouvé la parade pour inquiéter Hugo Lloris en dehors de la volée de Gnabry (54ème). Très bien organisés, solidaires comme à leur habitude, les Français ont maîtrisé leur partition face à un adversaire de prestige faut-il rappeler, si bien que Deschamps a attendu la 88ème minute pour opérer son premier changement.
Le Basque est bien le meilleur stratège de la planète foot, et je ne peux vous recommander que de lire sa revisite du France-Argentine de 2018 dans la (très réussie) nouvelle version de France Football pour vous en convaincre.
Le travail de l’ombre de Griezmann et de Benzema
On reviendra bien entendu sur la performance de Pogba et du back four, mais il faut également saluer le travail de l’ombre fourni par Griezmann et Benzema dont le repli défensif et le contre-pressing exercé à la perte du ballon ont été des modèles du genre. Dans la dimension du jeu prôné par le sélectionneur, ce sont des paramètres à ne pas occulter dans l’évaluation des joueurs offensifs.
L’œuvre française aurait mérité un succès plus large, un peu de lucidité ayant manqué en fin de match (66ème, 85ème) pour valider l’emprise tricolore par un ou deux buts supplémentaires que la VAR a judicieusement annulés pour des hors-jeu de quelques centimètres. Tandis que l’on se demande encore ce matin comment M. Del Cerro Grande a pu refuser un penalty incontestable à Mbappé (78ème).
Pogba et le back four présents au rendez-vous
La masterclass de Pogba
S’il y a un homme à ressortir du lot côté tricolore, c’est évidemment Paul Pogba tant le Mancunien a régné sur l’entrejeu notamment durant la 1ère mi-temps. Rarement l’ancien Havrais n’aura fait preuve d’une telle constance dans l’effort, défensif en exerçant une pression continue sur Kroos, et offensif en étant à l’initiative de tous les bons coups français, dont le coup gagnant de la 20ème minute en lançant d’une merveille d’extérieur du pied droit Lucas Hernandez dans le dos de la défense à 3 des Allemands. Du grand art techniquement, mais également de la présence en fin de match pour gérer intelligemment le chronomètre que M. Del Cerro Grande avait bien du mal à arrêter, ou encore de la maîtrise pour ne pas entrer dans la provocation bête de Rüdiger.
Une prestation complète pour le milieu de MU, bien accompagné par un Kanté à l’énorme abattage et un Rabiot au placement toujours pertinent.
La défense n’a pas plié
L’autre très grande satisfaction bleue est venue de son back four qui n’avait pas été particulièrement rassurant ces temps derniers. La charnière Varane-Kimpembe a maîtrisé son sujet, gérant parfaitement la profondeur et se montrant dominante sur les ballons aériens. Benjamin Pavard, limite limite en amical, a monté son curseur de plusieurs niveaux hier soir, en étant intraitable dans les duels et disponible offensivement, alors que Lucas Hernandez a débordé d’énergie dans un époustouflant mano a mano avec son coéquipier du Bayern Munich Kimmich que le latéral français a fini par remporter, se montrant décisif sur le but tricolore avec un centre certes raté mais propulsé par Hummels dans ses propres filets (20ème).
Avec une telle défense, les Bleus peuvent voir venir !
Place samedi (15h) à la Hongrie pour un match avec une configuration certainement différente, mais rien qui ne puisse effrayer ces Bleus !