Mené de 10 points, le XV de France a inscrit deux essais en toute fin de match pour renverser la vapeur, conservant ainsi toutes ses chances de remporter le Tournoi et privant les Gallois d’un Grand Chelem qui leur tendait les bras. Enorme !

20 dernières minutes incroyables

Les Gallois tout proches du Grand Chelem

On joue la 59ème minute de jeu. Les Gallois viennent de se voir refuser un essai en coin après un énième arbitrage vidéo (la plaie de la soirée !), l’ailier Rees-Zammit ayant été poussé en touche d’extrême justesse par Antoine Dupont. Mais avec la pénalité convertie par Dan Biggar, les coéquipiers d’Alun Wyn Jones prennent cependant une grande option sur la victoire finale avec leurs 10 points d’avance sur des Tricolores qui plus est réduits à 14 suite au carton jaune récolté par Mohamed Haouas, fautif au départ de l’action.

Dominateur dans le sillage d’un pack irrésistible où les charges de Faletau mettent sans cesse les Bleus sur le reculoir et de lignes arrières parfaitement animées par le singulier Biggar et dynamisées par les courses des feux follets Adams et Rees-Zammit, le Quinze du Poireau semble alors se diriger en toute sérénité vers le 13ème Grand Chelem de son histoire.
Mais c’était sans compter sur l’incroyable force mentale des troupes de Charles Ollivon qui allaient tout renverser dans un final haletant.

La joie des Bleus après leur victoire au bout du suspense.
La joie des Bleus après leur victoire au bout du suspense. ©AFP-Anne-Christine Poujoulat

Le final fou des Français

Durant vingt minutes, qui en durèrent en réalité trente, les Bleus sont passés par toutes les émotions mais ont fini par prendre le dessus sur des Gallois éreintés et submergés par les vagues françaises.
Longtemps pourtant, les protégés de Fabien Galthié ont cru que cette soirée leur serait maudite. De la 63ème à la 73ème minute, quatre fois les Tricolores parvinrent à entrer dans l’en-but gallois (Marchand 63ème, Dulin 67ème, Ollivon 71ème, Chat 73ème) mais sans se voir accorder le moindre essai. L’arrière de la Rochelle en fut le plus proche après avoir concrétisé en bout de ligne une superbe séquence collective, mais l’assistance vidéo révéla un contact préalable de Paul Willemse dans les yeux du pilier Wyn Jones, annulant la réalisation française et causant l’expulsion du deuxième ligne montpelliérain.

Malgré leur infériorité numérique et leur évidente frustration, les Tricolores repartirent inlassablement à l’assaut de la ligne celte, provoquèrent les fautes galloises sanctionnées (enfin !) de deux cartons jaunes (Faletau 72ème et Williams 74ème) et finirent par trouver deux fois l’ouverture. Tout d’abord à la 77ème minute par l’épatant capitaine Charles Ollivon puis dans les arrêts de jeu par le pétillant Brice Dulin au bout d’une action remarquablement gérée en dépit de l’extrême tension d’une fin de match étouffante. Le signe d’un mental et de ressources hors normes !

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Des leaders et un banc qui font la différence

Longtemps moribonds, les Français ont pu compter sur la performance majuscule de leurs leaders ainsi du sang frais apporté par un banc enfin mobilisé pour revenir dans le match et arracher la victoire finale.

Ollivon, Fickou et Dulin en fers de lance

Pas toujours à son avantage durant ce Tournoi, le capitaine Charles Ollivon a livré son meilleur match de la compétition contre les Gallois. Défenseur acharné en première mi-temps, il a pris la tête de la fronde française à partir de l’heure de jeu. Ses avancées balle au main ont remis les Bleus dans le sens de la marche, et c’est naturellement lui qui a inscrit l’essai de l’espoir à 4 minutes du terme. Le « Grand Charles », comme aime à l’appeler à l’antenne Dimitri Yachvili, a samedi soir été immense !

Le capitaine français Charles Ollivon a montré l'exemple en multipliant les charges en fin de match.
Le capitaine français Charles Ollivon a montré l’exemple en multipliant les charges en fin de match.

Habituel capitaine de la défense des Bleus, Gaël Fickou s’est surtout signalé en attaque où sa disponibilité a fini par faire plier le XV du Poireau. Peu en vue au centre de la ligne de trois-quarts à l’instar de son compère Vakatawa, c’est une fois replacé à l’aile gauche suite à la sortie de Thomas qu’il s’est montré pleinement à son avantage. Dans les 20 dernières minutes, il a sonné la révolte des arrières bleus en dézonant et en se proposant très souvent en premier attaquant au relais de son ouvreur pour créer des brèches dans la défense galloise. Plusieurs fois servi lors de la dernière attaque française, le futur Racingman a parfaitement manœuvré le 3 contre 2 qui a envoyé Brice Dulin en terre promise.

Omniprésent, le grand frère de ce XV de France juvénile, du haut de ses 30 ans, a planté l’essai de la victoire qui est venu récompenser une nouvelle performance de haut standing. Certes balloté dans les airs par son homologue Williams, le téméraire Brice n’a jamais renoncé et ses relances en deuxième mi-temps ont entretenu l’espoir dans un collectif alors dominé. Tactiquement son jeu pied a été impeccable comme son petit par-dessus à l’origine de l’essai de Dupont, et enfin de match sa lucidité a fait la différence avec un placement parfait pour conclure le come-back décoiffant des Bleus.

Brice Dulin a signé l'essai de la victoire française dans les arrêts de jeu.
Brice Dulin a signé l’essai de la victoire française dans les arrêts de jeu. ©Reuters-Gonzalo Fuentes

Des finisseurs qui ont répondu présent

Aux abonnés absents le week-end dernier à Twickenham, le banc de touche a cette fois-ci fait pencher la balance du côté français. La charnière remplaçante Serin-Ntamack a excellemment géré le money time, exploitant à merveille la supériorité numérique sur la dernière action du match. Arthur Vincent a lui apporté tout son punch au centre de l’attaque et a parfaitement décalé Dulin pour l’essai de la gagne. Tandis que devant les entrants Jelonch, Gros, Chat et Atonio ont amené une dimension physique qui a fait très mal au près aux avants gallois.
Fabien Galthié avait dû retenir les leçons de la douche froide anglaise, ses finisseurs lui ont démontré que le rugby moderne se joue et se gagne à 23.

Renversants, les jeunes Français se sont offerts le droit de disputer une finale contre l’Ecosse vendredi prochain. Une victoire avec bonus et 21 points d’écart les enverrait sur le trône européen pour la première fois depuis 2010. Avec ces Bleus-là on a envie d’y croire !

Credits France-Pays de Galles ©AFP – Anne Christine Poujoulat