Chaque été le marché des transferts des joueurs bat son plein avec son lot de rumeurs, de fantasmes de supporters, de négociations non abouties et de signatures médiatisées. Dirigeants, agents et joueurs, bien aidés par les media, animent cette intersaison sous fond de démesure dépensière (120 millions d’euros déboursés par Manchester United pour le transfert de Paul Pogba) et d’inflation continue (plus de 1.4 milliards d’euros d’achats effectués uniquement par les clubs anglais cet été).

L’irrationalité atteint cependant son sommet lors du dernier jour du « mercato » estival où la bourse des joueurs de football connait son pic d’activité.

Transfert de Paul Pogba

C’est en effet la dernière chance pour tous les acteurs de jouer leurs ultimes cartes, changer de club pour les joueurs opportunistes (Lassana Diarra), se relancer pour les indésirables (Mario Balotelli), se renforcer (Nice avec le même « Super Mario ») ou alléger leurs effectifs (Rennes et ses 42 joueurs professionnels sous contrat).

Pendant 24 heures, les contacts s’accélèrent, les propositions affluent et le marché s’affole littéralement (près de 10% des opérations de l’été se font le dernier jour du marché !).

En fin de mercato les demandeurs (clubs ou joueurs) font en effet face à une double problématique : conclure une transaction en un temps très réduit et avec une offre de plus en plus restreinte.

Ce déséquilibre provoque alors deux conséquences, l’une économique et l’autre sportive.

Conséquence économique

Comme dans toute économie, même dans celle décousue du monde du football, les prix s’ajustent en fonction de l’offre et de la demande. Et forcément lorsque le temps et l’offre sont limités, comme dans les dernières heures du marché avant la clôture, les prix s’enflamment.

L’an passé c’était Manchester United qui, en quête urgente d’un attaquant, avait lâché le dernier jour du mercato 80 millions d’euros pour Anthony Martial, alors qu’il en coûtait probablement 30 de moins quelques semaines plus tôt.

Anthony Martial

Cette année c’est Sunderland qui dépense 20M€ pour Didier Ndong, le milieu de terrain de Lorient, joueur certes d’avenir mais dont la valeur ne devait pas excéder 5 à 6M€ en début août. Ou encore Chelsea qui débourse 30M€ pour faire revenir David Luiz, dont on peut se demander si son départ ne renforce pas finalement le PSG !

Conséquence sportive

Pour les clubs vendeurs et les joueurs en recherche d’un nouveau club : vendre au prix le plus fort est astucieusement opéré par Monaco avec Martial ou par Lorient avec Ndong, mais ce n’est pas sans conséquence sportive puisque ces mêmes clubs n’ont pas le temps imparti pour partir en quête de leurs successeurs et prennent finalement eux aussi leur part de risque. Monaco aurait probablement fait une meilleure saison l’an passé avec Martial dans ses rangs, et Lorient ne dégage pas une folle assurance cette année (dernier après 3 journées de Ligue 1) pour se permettre de ne pas remplacer un de ses principaux joueurs.

Les joueurs à la recherche d’un nouveau club font, eux aussi, face à cette pression des dernières heures et prennent des décisions qu’ils n’auraient sans doute pas prises quelques semaines auparavant. Certainement que l’ex-Toulousain Adrien Regattin rêvait d’une destination plus prestigieuse que Osmanlispor en Turquie alors qu’il était pressenti à Marseille, à Saint Etienne ou encore en Espagne.

Pour l’international Moussa Sissoko ça a été moins une : à quelques minutes de rejoindre Everton, ce qui n’aurait été perçu comme une progression en quittant Newcastle, il a fini par signer à Tottenham et a dû pousser un grand ouf de soulagement !

Voilà c’était un 31 août la planète football s’est ainsi enflammée 24 heures, créant son lot d’illusions et de désillusions… que chaque acteur essaiera de corriger lors de la prochaine fenêtre hivernale de transferts.

Mais comme Au Café des Sports on aime finir sur une bonne note et privilégier l’offensive, on ne passera pas sous silence l’audace des dirigeants niçois avec le pari Balotelli et on espère que Super Mario saura les payer en retour. On en reparle en janvier ?

 

Crédit photo :
Lyndsay Parnaby – AFP, Google Image