Après une année 2021 bien pâle, le golf français tentera de se réveiller en 2022, emmené notamment par 3 leaders en quête de succès cette saison.

Une situation des Tricolores peu flatteuse dans les classements mondiaux

Chez les Françaises, derrière notre fer de lance Céline Boutier (28 ans, 25ème), seule membre du top 100, trois autres jeunes femmes pointent dans les 300 premières. Le ranking est largement dominé par les Asiatiques, même si l’Américaine Nelly Korda reste numéro 1. Pour les fans de tennis, il s’agit bien de la fille de Petr, 2ème mondial en tennis en 1998.

Chez les hommes, un seul représentant dans le top 100 mondial également : Victor Perez. Le géant (1,98m) Tarbais de 29 ans pourrait toutefois prochainement sortir de ce top 100 en raison de résultats irréguliers depuis le printemps dernier. La densité est plus importante que chez les filles, puisque 8 autres français se trouvent dans les 300 premiers. Mais lorsque l’on sait que le 2ème Français de ce classement, Julien Brun (29 ans, 118ème), doit son classement aux points inscrits en 2021 sur la 2ème division européenne, cela montre le manque de résultats significatifs de nos compatriotes sur ces deux dernières saisons, perturbées par la crise sanitaire.

Classement mondial des 10 meilleurs golfeurs français.
Classement mondial des 10 meilleurs golfeurs français.

Si ces classements bruts ne poussent pas à l’enthousiasme, 3 Tricolores pourraient faire briller le golf français en 2022. Sans chauvinisme excessif, ils peuvent jouer la gagne dans un gros tournoi.

Les statistiques sont pour Boutier

Une progression constante

Probablement la meilleure chance française pour voir du bleu blanc rouge en haut du leaderboard d’un tournoi du grand chelem, tant Céline Boutier est en progression constante depuis son passage chez les pro en 2017 après avoir occupé la place très recherchée de numéro 1 mondiale amateur.

Dès sa première année, elle s’est qualifiée pour le LPGA, le circuit américain, le plus relevé au monde. Elle a depuis remporté 6 tournois, dont 2 en 2021 : le Lacoste Ladies Open de France au Médoc en juin, sur le tour européen et le Shoprite LPGA classic en octobre, dans le New Jersey sur le tour américain.

Céline Boutier, meilleure chance tricolore.
Céline Boutier, meilleure chance tricolore. ©Titleist.com

En Grand Chelem, elle a prouvé qu’elle pouvait tenir les premiers rôles, notamment en terminant 5ème du l’US Open en 2019 après avoir été en tête à l’amorce du dernier tour. En 2021, elle a également joué et gagné la Solheim Cup et participé aux JO. Bref, du solide, du très solide.

Un jeu très homogène

Si elle n’est ni la joueuse la plus spectaculaire ni la plus extravertie, la linéarité de sa progression est impressionnante, tout comme l’homogénéité de son jeu. Elle a su en 2021 gagner en puissance, ce qui devenait indispensable pour rivaliser avec ses concurrentes. Si cela a eu pour effet de dégrader les statistiques de régularité de son driving (seulement 71 % de fairways touchés, contre 73 % pour l’ensemble du champ de joueuse), son jeu de fer a été irréprochable puisqu’elle a touché plus de 74 % des greens en régulation, soit 4 points de plus que ses adversaires.

La logique voudrait qu’elle soit la prochaine française à soulever un trophée majeur. Mais la logique et le golf…

Le génie de Dubuisson

Un démarrage de carrière pro fulgurant

Comme Céline Boutier, Victor Dubuisson a été numéro 1 mondial amateur avant de passer pro très tôt, à 20 ans. Après 3 saisons d’apprentissage sur le Tour européen, Dubush gagne fin 2013 son premier tournoi, le Turkish Airlines Open, tournoi très relevé dans lequel Tiger Woods n’a pu faire mieux que 5ème.

En 2014, il continue sur sa lancée et se fait un nom aux Etats-Unis où il termine 2ème du championnat du monde de match-play en Arizona, après avoir joué, et réussi, des coup improbables. Cette même saison, il se place deux fois dans le top 10 d’un majeur et gagne la Ryder Cup avec l’équipe européenne. Du très lourd qui l’amène à la 17ème mondiale, une zone jamais explorée jusqu’ici (ni depuis) par un Français. Et le tout avec un jeu intuitif, fait de prise de risque et de choix parfois étonnant, qu’apprécie le public connaisseur.

Un gros trou de 6 ans

Entre 2015 et 2021, Victor a tout connu : une autre victoire, des problèmes de tympans, des annulations mystérieuses de participation à des tournois à la dernière minute, des retours éclairs au premier plan. Même ses proches du milieu golfique n’arrivent pas à le décrypter. Il marche à l’envie, mais on ne sait jamais quand elle va venir.

En décembre 2021, Benoît Ducoulombier, son entraîneur de toujours, déclarait même : « Je n’ai aucune nouvelle de Victor et même son numéro ne marche plus. J’attends qu’il m’appelle. C’est dommage, il passe peut-être à côté”.

Janvier 2022, le comeback de Dubush

Mi-janvier, Dubuisson débarque seul à Abu Dhabi pour débuter sa saison sur le DP World Tour (nouveau nom du Tour européen qui n’avait plus d’Européen que le nom). Il demande aux organisateurs de lui trouver un caddie pour porter son sac pendant le tournoi. Tous les autres joueurs arrivent avec leur caddie habituel, qu’ils rémunèrent en échange de conseils avisés, au niveau tactique (choix de club, lecture des pentes de green) et gestion des émotions. Sur ce tournoi très relevé, sans savoir s’il s’est entraîné, Victor l’introverti finit à une incroyable 4ème place, serrant le poing après avoir rentré son dernier putt. Peu démonstratif habituellement, ce poing serré a été interprété comme un possible marqueur du vrai retour de Dubush, 8 ans après.

Victor Dubuisson est comme cela : un créatif, un romantique, un génie du golf. Il peut gagner n’importe qui, n’importe quand.

La prometteuse Pauline Roussin-Bouchard

Numéro 1 mondiale chez les amateurs en 2020

Née en 2000, numéro 1 mondiale amateur en 2020 (une spécialité française semble-t-il), Pauline Roussin-Bouchard a débarqué en 2021 sur le circuit pro par la grande porte. Elle s’est imposée dès sa deuxième apparition sur le Tour européen, en Suède. En fin de saison, elle s’est très aisément qualifiée pour le Tour américain.

Pauline Roussin-Bouchard, la prometteuse relève tricolore.
Pauline Roussin-Bouchard, la prometteuse relève tricolore. ©LPGA

Une grosse bosseuse qui n’a peur de rien

Pauline, c’est une grosse bosseuse, qui ne craint ni le practice, ni la salle de muscu ni les séances de préparation mentale. Elle bosse pour gagner depuis toujours, elle a été numéro 1 partout où elle a joué depuis ses 10 ans.
Sa botte secrète : travailler sa coordination et son mental avec les arts martiaux, qu’elle pratique également depuis l’âge de 3 ans. Spécialiste du judo, elle est également boxeuse.
Elle est ambitieuse et ne s’en cache pas. Elle déclarait le mois dernier : « Je ne viendrai pas en touriste sur le premier tournoi du LPGA ».

A 21 ans, Pauline Roussin Bouchard, autant à l’aise avec ses adversaires qu’avec les médias, pourrait doubler toutes ses aînés et s’imposer au plus haut niveau dès 2022.

Rendez-vous en fin de saison pour faire les comptes des victoires golfiques françaises 2022. D’ici là, faites du sport, faites du golf.