Comme on le pressentait depuis de nombreuses semaines, Thomas Tuchel a été démis de ses fonctions à la veille de Noël. Le timing peut interpeller mais la décision demeure cohérente tant le PSG semblait patiner sans identité de jeu affirmée. Décryptage.
Arrivé à la tête du PSG il y a 2 ans et demi, Thomas Tuchel avait succédé à Unai Emery avec l’objectif principal de faire passer un cap au club parisien sur la scène européenne après la claque de la remontada Barcelonaise et l’élimination sans gloire face au Real Madrid lors des campagnes 2017 et 2018.
L’Allemand n’a pas échoué dans sa mission continentale, le PSG ayant enfin réussi à atteindre le dernier carré de la Ligue des Champions en 2020 et même la finale l’été dernier, uniquement vaincu par le Bayern Munich en finale.
Mais cette performance fut au final insuffisante pour masquer deux cicatrices tenaces de son bilan parisien.
La blessure de Manchester
Après une phase de poules périlleuse face au futur vainqueur Liverpool et Naples, l’ancien entraineur de Dortmund avait connu une terrible désillusion lors de l’édition 2019 lorsque son équipe avait incroyablement failli face à Manchester United, malgré une avance de 2 buts acquise à l’aller à Old Trafford. Cette déroute fut la première cicatrice qui poursuivit l’Allemand durant tout le reste de son séjour parisien.
Comme ses prédécesseurs Blanc et Emery, Tuchel avait alors pour la première fois démontré son incapacité à transcender un groupe qui avait trop cru que son seul talent lui permettrait de connaître les joutes européennes du printemps.
Il ne parvint pas non plus à le remobiliser pour une fin de la saison 2018-2019 qui s’est apparentée à un long chemin de croix avec quatre revers en Ligue 1 (dont un humiliant 5-1 à Lille) et une défaite en finale de la Coupe de France aux dépens de Rennes.
Un printemps alors considéré comme indigne d’un club de la dimension du PSG et qui avait affaibli l’aura originale du coach germanique.
Une ambition de jeu restreinte
La deuxième cicatrice mit plus de temps à percer mais elle finit par être fatale à Thomas Tuchel.
Se sentant fragilisé par le retour de Leonardo lors de l’intersaison 2019, le coach parisien privilégia progressivement l’atteinte pragmatique du résultat au jeu total prôné à son arrivée au PSG. Le pressing haut devint alors sa principale marque de fabrique, Cavani disparut de ses plans et le trio Di Maria-Neymar-Mbappé fut chargé de punir les pertes de balle de l’adversaire.
Une stratégie payante jusqu’à la finale de Lisbonne
La tactique mise en place était relativement simpliste au vu de l’effectif à la disposition de Tuchel, mais elle fut payante puisque Paris passa enfin le stade des huitièmes de finale de la C1 en éliminant Dortmund.
Le Final 8 disputé à Lisbonne fut dans la même lignée. Les Parisiens, très affûtés physiquement, arrachèrent une victoire au bout du temps réglementaire contre l’Atalanta avant de ne faire qu’une bouchée de Leipzig en demi.
Mais en finale contre le Bayern, face à une armada de même standing, le pressing des joueurs de la Capitale fut facilement déjoué par un entrejeu bavarois techniquement supérieur. Privé de ballon de récupération, le PSG ne trouva pas la parade pour renverser l’ogre munichois.
Le plafond de verre du PSG de Tuchel
Même si la place de finaliste était la meilleure performance dans l’histoire du club parisien en C1, le PSG paraissait avoir atteint son plafond de verre avec le plan de jeu établi par le technicien allemand. Une appréciation dure mais confirmée par les quatre derniers mois de 2020. Paris avait beau aligner 2 des plus grandes stars offensives mondiales, son jeu s’affaiblissait inexorablement, illustré par un milieu de terrain jadis rayonnant et devenu son talon d’Achille. Tuchel essayait bien de masquer les apparences en titularisant son meilleur défenseur Marquinhos en sentinelle de son entrejeu, mais le constat était implacable : le PSG était devenu une équipe très prévisible, moins dominatrice en Ligue 1 comme en atteste sa 3ème place à la trêve, et sauvée un peu miraculeusement des eaux européennes cet hiver après des prestations inquiétantes contre MU et Leipzig au Parc.
Doha a tranché
Le départ de Thomas Tuchel semblait inexorable à l’issue de son contrat en juin, Doha l’a anticipé de 6 mois, sautant sur l’occasion d’attirer Mauricio Pochettino, libre depuis son limogeage de Tottenham fin 2019. L’ancien taulier de la défense du PSG des années 2001-2003 retrouve la Capitale pour un triple défi : triompher en Europe avec un premier rendez-vous avec la Barça en février, gagner le titre en Ligue 1 et redonner un style de jeu à une formation qui n’a jamais retrouvé son expression technique des années Laurent Blanc. Vaste programme pour « Poche » !