Malmené par le contexte sanitaire, décevant lors de ses premières rencontres, le Top 14 a repris de sacrées couleurs dimanche soir à l’occasion du choc Clermont-Stade Toulousain, marqué par l’incroyable remontée au score des Champions de France 2019.
Ouf ! C’est un grand ouf de soulagement qu’ont dû pousser les dirigeants de la LNR et de Canal + hier soir à l’issue de l’épatant duel entre Clermont et Toulouse !
Après des semaines à préparer tant bien que mal un retour à la compétition chahuté jusqu’au dernier moment par l’épidémie de Covid ayant entraîné le report du match d’ouverture entre le Stade Français et l’Union Bordeaux Bègles, il faut dire que ce ne sont pas les premiers matchs du week-end qui avaient dû rassurer les dirigeants et diffuseurs du rugby français.
Une rentrée bien laborieuse…
Contrariés dans leur préparation par la circulation du virus et malgré une énorme envie de refouler les terrains, les joueurs du Top 14 ont connu de grandes difficultés à se remettre dans le rythme de la compétition. Des matches indigents, marqués par une forte indiscipline (plus d’une trentaine de pénalités sifflées par match !), un enchaînement de fautes de main, de mêlées, de touches, et au final des temps de jeu effectifs très faibles, réduits de 7 minutes par rapport à la saison passée (25 minutes contre 32 en moyenne en 2019-2020). Bref ça ressemblait plus à un week-end de matches amicaux version gigot-haricots qu’à la reprise strass et paillettes du championnat vitrine du rugby tricolore.
Pour Canal + qui a fait du rugby son nouveau produit phare du dimanche soir après la perte des droits de la Ligue 1, la reprise s’annonçait bien longue et douloureuse…
Et puis il y a eu ce match de clôture, diffusé en prime time sur la chaîne cryptée, entre l’ASM et le Stade Toulousain.
…et pour finir un sensationnel Clermont-Toulouse !
Dans une rencontre que l’on a très rapidement crue plombée par les 2 cartons rouges toulousains, dont le 2ème adressé au seconde ligne australien Rory Arnold parut excessivement sévère, le dénouement a été invraisemblable, d’une intensité inversement proportionnelle à toute la purge ingurgitée tout au long de cette journée inaugurale.
L’incroyable come-back toulousain
Dominé avant les citrons par l’agressivité et la puissance clermontoises, largué au tableau d’affichage (5-23), réduit à 14 puis à 13 à la 48ème minute, le Stade Toulousain trouva alors des ressources incroyables pour revenir dans le match. Tout d’abord dans le sillage d’un paquet d’avants dominateur à 6 contre 8. Puis grâce à un sensationnel essai de 100 mètres, parti d’une passe entre les jambes de Ramos pour éviter une touche à 5 mètres de son en-but et conclu par les jambes d’Antoine Dupont à l’autre bout du pré.
A la surprise générale et à la consternation du public de Michelin qui siffla le siens, les Champions de France 2019 prirent ainsi les devants au score. Avant que les Auvergnats ne regagnèrent un peu de lucidité égarée depuis la sortie de leur nouveau demi de mêlée Sébastien Bézy. A l’issue d’un mouvement où ils profitèrent enfin de leur supériorité numérique, le trois-quarts centre George Moala, assurément le meilleur homme sur le terrain, redonna 3 longueurs d’avance à moins de 10 minutes du terme aux troupes de Franck Azéma.
Essai de la gagne refusé
Mais les jeunes haut-garonnais n’abdiquèrent pas et repartirent héroïques à l’assaut de la ligne clermontoise. Bénéficiant d’une pénalité pour arracher le partage des points, les Toulousains choisirent avec panache la pénaltouche qui les envoya en terre promise. Mais l’essai de Romain Ntamack fut finalement refusé après arbitrage vidéo sans que l’on sache encore à cette heure si c’était l’attaquant toulousain ou le plaqueur clermontois qui s’était mis à la faute.
A l’issue de cette fin de match haletante sifflée par l’intrigant M. Raynal, l’ASM put souffler un grand coup alors que les hommes d’Ugo Mola pourront construire sur les bases de cette énorme réaction d’orgueil qui a failli les mener à un succès historique.
Plus globalement, ragaillardi par le dénouement de cet épatant mano à mano, c’est tout le rugby français qui a retrouvé le sourire, ravi de revivre des émotions tant enfouies depuis six longs mois. Une bonne nouvelle enfin !
Credits ©AFP – Thierry Zoccolan