France-Allemagne, c’est l’affiche surprise des demi-finales de ce renversant final 8. Le PSG et Lyon vont affronter respectivement pour une place en finale de la Ligue des Champions le jeune et ambitieux RB Leipzig, et l’historique et impitoyable Bayern Munich. Deux confrontations excitantes !
L’envie de Paris face à la jeunesse de Leipzig
Vainqueur volontaire de l’Atalanta Bergame pour l’ouverture du final 8 dans le sillage de l’inattendu Eric Choupo-Moting, né d’un père camerounais et d’une mère… allemande, le PSG va affronter le RasenBallSport Leipzig pour une place en finale européenne (mardi 21h). Ce n’est pas la première fois qu’un club français va défier Leipzig à ce stade de la compétition. En 1987, à l’heure où le mur de la honte était encore debout et séparait l’Allemagne en deux, le Lokomotiv Leipzig, alors un des clubs phares de la RDA, barra en effet la route de la finale de la défunte Coupe des vainqueurs de coupe aux Girondins de Bordeaux à l’issue d’une séance de tirs au but fatale aux troupes d’Aimé Jacquet.
Leipzig en plein rêve
Moteur dans la révolte contre le régime communiste avec l’organisation des premières manifestations de masse en 1989, Leipzig est progressivement devenue avec la réunification la « capitale allemande des rêveurs ». C’est certainement aussi le rêve le plus fou du RB Leipzig, club créé de toute pièce en 2009 par le groupe Red Bull, d’accéder mardi à la première finale européenne de son histoire.
A l’image de son jeune entraîneur prodige Julian Nagelsman, à peine âgé de 33 ans, le club de la Saxe s’est fait une spécialité de bâtir son effectif sur l’éclosion de jeunes pépites, comme les tricolores Dayot Upamecano (21 ans) et Christopher Nkunku (22 ans), formé au PSG, ou l’attaquant Timo Werner (21 ans) transféré cet été à Chelsea, et de pratiquer un football très offensif. Construite dans un 3-5-2 cherchant à créer le surnombre au milieu de terrain et à exploiter rapidement la verticalité, la jeune formation allemande affiche cependant des faiblesses avec une équipe très vulnérable à la perte du ballon. La vitesse de Mbappé pourrait alors y faire des merveilles dans le dos de Klostermann et de Halstenberg, pas les défenseurs les plus alertes de la compétition, que le roc Upamecano ne peut compenser à tous les coups.
La clé pour Paris : moins subir dans l’entrejeu et rapidement se projeter
Pour se qualifier, Paris devra moins subir dans l’entrejeu qu’en quart de finale. Techniquement orphelin de l’absence du maestro Verratti, le milieu de la capitale devra hisser son niveau de jeu afin de donner les meilleures munitions possibles au trio Di Maria-Neymar-Mbappé, en espérant que le quatrième larron Icardi sorte enfin de son long confinement. Ce sera le minimum syndical exigé pour aller plus loin dans la compétition. Charge ensuite aux artistes parisiens de dynamiter la défense allemande !
La forme éclatante de Neymar depuis la reprise, la rentrée tranchante de KMB face à Bergame, la profondeur du banc de touche symbolisée par le héros Choupo et l’état d’esprit manifesté en quart incitent à l’optimisme et contribuent à faire du PSG le favori de cette première demi-finale.
L’ogre Munichois sur la chemin du petit poucet Lyonnais
Après la Juventus et Manchester City, l’étincelant coupeur de têtes lyonnais va rencontrer mercredi ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle en Europe, le Kolossal Bayern Munich qui a corrigé le Barça en quart de finale (8-2). Extraordinaire dans son expression collective, portée par des individualités qui semblent rendre le football accessible à tous tels le polyvalent Kimmich, le métronome Alcatara ou l’éternel Thomas Muller, le club bavarois impressionne l’ensemble de la planète foot.
Un Bayern en mode bulldozer
En 10 mois, Hans-Dieter Flick, successeur en novembre du nouvel entraîneur de Monaco Niko Kovac, a su bâtir un ogre qui chasse son adversaire dans sa partie de terrain et l’exécute froidement avec son armada offensive incarnée par le buteur de sang froid Robert Lewandowski, auteur en quart de son 54ème but de la saison.
Le Barça en a fait les frais vendredi, incapable malgré sa qualité technique de se sortir proprement des griffes du pressing allemand, et essuyant 26 tirs en 90 minutes !
Outre le retour en grâce du champion du monde 2014 Muller relancé par Flick dès son arrivée sur le banc, la panoplie bavaroise s’est également étoffée avec l’émergence de nouvelles têtes comme le supersonique arrière gauche Alphonso Davies qui a martyrisé le pauvre Semedo en quart (et relégué le champion du monde Lucas Hernandez sur le banc de touche) ou le virevoltant ailier Serge Gnabry qui a repoussé la concurrence des Coman, Perisic et autres Coutinho.
Lyon, une nouvelle fois en outsider à l’affût
Bref la tâche de l’OL s’annonce des plus ardues. Pour rééditer un nouvel exploit, les Gones devront afficher la même discipline tactique dans leur 3-5-2 qui a parfaitement neutralisé les velléités turinoises et mancuniennes. La prestation du trio Guimaraes-Caqueret-Aouar, au four et au moulin contre la Juve et City, sera une nouvelle déterminante pour ne pas trop subir et s’exposer à la qualité offensive bavaroise. De l’autre côté du terrain le point faible du Bayern peut résider dans sa charnière Boateng-Alaba qui n’affiche pas la même sérénité que le reste du collectif du quintuple vainqueur de la compétition. Toko-Ekambi et le super sub Dembélé, alimentés par le virtuose Aouar, peuvent leur faire mal physiquement et les prendre à défaut. En n’oubliant pas que le capitaine Memphis Depay réserve souvent ses meilleures sorties sous le maillot des Pays-Bas lorsqu’il affronte la Mannschaft, très majoritairement composée de joueurs du Bayern…
L’OL ne se présente clairement pas en favori pour la deuxième demi-finale de la Ligue des Champions de son histoire après celle de l’édition 2010 perdue face au… Bayern. Pour cette revanche (mercredi 21h), les protégés du président Aulas devront une nouvelle fois déjouer les pronostics, tant mieux c’est une merveilleuse habitude qu’ils ont prise ces dernières semaines !
Epilogue : ce sera une finale France-Allemagne !
[Mise à jour 20 août]
La logique a été respectée en demi-finale. Le PSG et le Bayern se sont logiquement imposés sur le score identique de 3-0 malgré une belle résistance des Lyonnais qui ont manqué cruellement de réalisme.
Pour la première fois depuis la finale Real Madrid-Juventus de 1998, ce sont deux champions nationaux en titre qui s’affronteront dimanche à Lisbonne lors de l’ultime manche de ce spectaculaire Final 8.
Impressionnant de maîtrise face à Leipzig en demi, Paris n’a jamais été aussi proche de succéder à l’OM, seul club français à avoir conquis la Grande Europe.