Après 30 ans d’attente, les Reds de Liverpool ont remporté jeudi soir leur 19ème titre de champion d’Angleterre. La bande des Henderson, Salah, Mané succède enfin à leurs illustres prédécesseurs Barnes, Rush and co, et ouvre peut-être une nouvelle dynastie de succès sur les bords de la Mersey.
30 ans d’attente
Quand on est né dans les années 70 et qu’on a découvert le football au début des années 80, Liverpool est la 1ère ville d’Angleterre qu’on a apprise, avant même la capitale Londonienne. Le club du Nord-Ouest de l’Angleterre dominait alors le football britannique de la tête et des épaules, avec 7 titres de champion conquis entre 1976 et 1984. Sa domination s’étendait même au Continent avec 4 coupes des champions remportées en 1977, 1978, 1981 et 1984. La finale de 1984 au Stadio Olimpico de Rome opposant les Reds à … l’AS Roma reste ainsi un de mes premiers souvenirs de finale européenne avec cette incroyable séance de tirs au but durant laquelle les facéties du loufoque portier Bruce Grobbelaar décontenancèrent les tireurs italiens.
Alors au sommet, Liverpool perdit progressivement son leadership. Sa domination cessa sur la scène européenne après le drame du Heysel en 1985, et s’estompa Outre-Manche à partir de 1990, date du dernier titre de champion des Reds, alors menés par le prolifique duo John Barnes-Ian Rush (40 buts à eux deux lors de la saison 1989-1990).
Victime de l’éclosion de Manchester United
Et puis dans le même temps Sir Alex Ferguson entra en piste chez l’ennemi mancunien, rejoint par le King Canto en 1992, et les titres délaissèrent Anfield Road pour garnir l’armoire à trophées d’Old Trafford. Entre 1993 et 2013, MU remporta 13 fois la Premier League, ne laissant que des miettes à ses adversaires.
Sous la houlette de sa jeunesse dorée, les McManaman, Fowler, Owen, Gerrard and co, les Reds furent de vaillants opposants mais toujours un peu justes pour décrocher le pompon dans un championnat devenu progressivement le plus disputé de la planète foot.
Nous revient ainsi en tête la glissade de l’infortuné Steven Gerrard en avril 2014 occasionnant une défaite à Anfield face à Chelsea qui finit par priver les Reds, auteurs d’une splendide saison dans le sillage de la paire Suarez–Sturridge, d’un titre finalement empoché pour 2 petits points par Manchester City.
Les Barnes, Rush et Grobbelaar ont enfin des successeurs
La malédiction devait bien prendre fin un jour ! Après avoir de nouveau échoué sur le fil l’an passé face aux Citizens, les Reds ont conquis leur 19ème sacre de champion jeudi soir en bénéficiant cette fois-ci d’une défaite de ManCity sur la pelouse de Chelsea, l’ultime preuve que les planètes étaient parfaitement alignées pour les Scousers.
Une saison incroyablement maîtrisée
Ce titre est l’aboutissement d’un exercice que les joueurs du sorcier Jürgen Klopp ont dominé outrageusement. Les Reds sont sacrés champions après seulement 31 journées disputées, forts d’une avance de 23 points sur les troupes de Pep Guardiola. Les doubles tenants du titre n’ont pu suivre l’incroyable tempo du leader, auteur d’une saison quasi parfaite avec 28 succès, 2 matchs nuls et 1 seule défaite en 31 rencontres.
Après avoir dominé l’Europe l’an passé, Klopp a donc fini par dompter l’éprouvante Premier League. Tout au long de la saison, le technicien allemand s’est appuyé sur un onze parfaitement discipliné et disposé dans son immuable 4-3-3.
Une véritable force collective
Le trio de devant, Salah, Firmino et Mané a bien entendu marqué les esprits, les 2 ailiers mettant au supplice les défenses anglaises par leur vitesse et leur virtuosité, parfaitement servis par l’altruisme de l’avant-centre brésilien qui n’est pas sans nous rappeler son glorieux ancien Tostao dont les déplacements ouvraient les brèches pour un Pelé royal sous le soleil de Mexico en 1970.
Déterminant offensivement, le trio sait toutefois se mettre au service du collectif à la perte du ballon pour épauler un bloc hermétique qui n’a concédé que 21 buts. Le milieu de terrain cornaqué par le capitaine Jordan Henderson s’est avéré d’une redoutable efficacité alors que la défense dirigée par la tour batave Virgil van Dijk a balayé les rares incursions qui ont menacé les buts gardés par l’impeccable Alisson.
Bref la force collective des Reds a impressionné tout au long de la saison sans oublier la justesse d’une partition offensive totalement maîtrisée avec, souvent lancés en éclaireurs, les flamboyants latéraux Alexander-Arnold et Robertson, sans équivalents en Europe à l’heure actuelle.
Il restera bien une pointe de regret dûe à l’absence de célébration publique pour célébrer ce sacre si longtemps attendu. Dans cette Angleterre touchée durement par le Covid-19, les pubs fermés et la limitation des rassemblements n’ont pas permis au peuple de Liverpool de pouvoir fêter ses héros comme ils l’auraient mérité, et de faire résonner aussi bruyamment que souhaité le célèbre You’ll Never Walk Alone.
Mais les fans pourront se consoler, les Reds ne sont plus désormais qu’à une unité des vingt titres remportés par leurs rivaux de Manchester United. Et leur trajectoire ascendante laisse augurer de nouveaux lendemains triomphants, assurément !
PS : ne pas rater le remarquable documentaire, actuellement diffusé sur Canal+, Out of the Rain de Marc Sauvourel, qui suit tout au long de cette saison hors norme 5 supporters Reds attendant impatiemment ce premier sacre en Premier League depuis 30 ans.