Non retenu par le sélectionneur national Jacques Brunel pour la prochaine Coupe du Monde au Japon, Mathieu Bastareaud a pris sa retraite internationale après 54 sélections et une histoire continuellement tourmentée sous le maillot Bleu.

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Une carrière avec des hauts et des bas

Lancée en 2009 par Marc Lièvremont, la carrière internationale de Mathieu Bastareaud aura été chaotique de bout en bout. Pour sa 4ème sélection, il fait ainsi partie du XV victorieux des All Blacks à Dunedin, dernier succès tricolore en date sur les Kiwi. Mais le samedi suivant, le jeune 3/4 centre, alors âgé de 20 ans, déclenche une vive polémique quand, blessé, il prétend avoir été agressé dans la nuit néo-zélandaise par des inconnus. Alors qu’il avait été seulement l’encombrant trublion d’une partie de jambes en l’air de coéquipiers qui avaient fait du jeune Bastareaud leur naïf bouc émissaire.

Le premier coup d’arrêt dans une carrière qui alterna hauts (Grand Chelem avec l’Equipe de France en 2010, triple champion d’Europe 2013-2014-2015 avec Toulon) et bas (absent de la Coupe du Monde 2011, non convié en Bleu en 2016 et 2017).
Son physique atypique (120 kilos annoncés les jours où la balance était conciliante) a été son principal atout pour les sélectionneurs en quête de dissuasion au centre du terrain autant que sa limite notable pour ceux adeptes d’un jeu de mouvement.

Rugby : Mathieu Bastareaud était devenu un des leaders du XV de France
Mathieu Bastareaud était devenu un des leaders du XV de France de Jacques Brunel ©AFP/Michael Bradley

Vice-capitaine des Bleus, et privé du Mondial Japonais…

Progressivement l’homme a mûri, devenant l’un des leaders du Rugby Club Toulonnais et l’un des plus fidèles soutiens de Guilhem Guirado, capitaine chahuté d’un XV de France à la dérive. Fabien Galthié le nomme capitaine sur la Rade lors de la saison 2017-2018 et Jacques Brunel vice-capitaine à sa prise de fonctions à la tête de l’équipe de France.

Mais les débâcles françaises lors du dernier Tournoi, le manque d’explosivité et d’endurance d’un ensemble pataud et déficient athlétiquement en ont fait la principale victime de la liste des 37 joueurs sélectionnés par Brunel pour la Coupe du Monde au Japon.
Techniquement, le choix n’est pas discutable. Bastareaud n’est pas apparu affûté physiquement ces derniers mois et a semblé très éloigné des nouveaux standards internationaux où vitesse, vivacité et contournement ont retrouvé voix au chapitre. Même s’il n’est pas illogique de se demander comment les Machenaud, Picamoles et Lopez ont réussi, eux, à sauver leur peau alors que leurs performances ont été décevantes et leurs conditions physiques douteuses tout au long de la saison.

Humainement, le choix de Jacques Brunel est en revanche des plus contestables. Priver son vice-capitaine, l’un des rares leaders d’un groupe en pleine déconfiture à la sortie de l’hiver, de sa dernière compétition internationale est un coup bas. Une nouvelle crasse dont la FFR dans son ensemble s’est faite la spécialité après le renvoi de Guy Novès pendant les fêtes de fin d’année il y a 2 ans, et l’intégration à la hâte du futur sélectionneur Fabien Galthié et et d’une partie de son futur staff dans l’encadrement des Bleus pour le Japon.

Adulé par certains, détesté par d’autres, Mathieu Bastareaud aura été clivant tout au long de sa carrière. Jeune retraité international, il se posera désormais en observateur enfin paisible de Bleus qui ne l’ont au final jamais épargné.

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