Le commentateur vedette du foot sur Canal + a été licencié le 24 décembre pour avoir apporté son soutien à l’antenne à l’animateur Sébastien Thoen, lui-même viré quelques semaines plus tôt. Depuis les témoignages sont nombreux pour dénoncer une décision qui démontre que le temps de l’impertinence est bien révolu sur la chaîne cryptée.
Une référence à Coluche qui n’est pas passée
Après avoir été mis à pied, Stéphane Guy a été informé officiellement de son licenciement le 24 décembre dernier. Sacré cadeau empoisonné la veille de Noël pour la voix du foot sur Canal +.
La faute imputée au présentateur ? Un simple hommage amical rendu lors du match Montpellier-PSG à son ancien collègue Sébastien Thoen, licencié de la chaîne cryptée début décembre : « Je veux saluer l’ami Sébastien Thoen qui n’a pas eu la sortie qu’il aurait méritée. (…) Il faut se méfier des comiques parce que quelquefois ils disent des choses pour plaisanter », a t-il déclaré en faisant référence à Coluche, l’une des têtes d’affiche des premières années de Canal.
Le licenciement de Sébastien Thoen avait déjà provoqué un tollé au sein de la chaîne et sur la toile. L’animateur et humoriste avait été évincé suite à la diffusion sur le site Winamax d’une parodie, hilarante, du présentateur Pascal Praud, qui caricaturait le ton populiste de l’émission de l’ancien journaliste sportif sur CNews.
Mais le sketch n’avait pas plu à la direction de Vivendi, propriétaire de CNews et de Canal +. Le groupe du milliardaire Vincent Bolloré avait renvoyé Thoen dans la foulée.
Canal – d’impertinence
Mais le renvoi de Stéphane Guy a amplifié l’onde de choc au sein d’un groupe qui a construit son image de marque dans les années 80 et 90 sur son impertinence.
Ces deux évènements ont en effet illustré le retrait de la liberté d’expression et de l’autodérision qui n’ont visiblement plus leur place sur une chaîne qui avait vu jadis éclore les Nuls, les Guignols, Jamel Debbouze, Omar et Fred, and co.
Qu’il est ainsi loin le temps où Alain Chabat pouvait présenter le JT des Nuls en smoking et porte-jaretelles, ou les Guignols parodier les nuits cannoises d’Alain de Greef, l’ancien directeur des programmes.
L’image des manifestants masqués mardi (voir ci-dessous) en dit long sur le climat de défiance régnant au sein de la chaîne cryptée.
Et nul ne semble pouvoir échapper à la sanction. Stéphane Guy faisait partie des anciens après 23 ans passés au sein de la maison Canal, et était décrit comme un de ses plus loyaux serviteurs. Mais ni son ancienneté ni ses états de service ne l’ont sauvé de la révocation présidentielle.
Une vague continue de soutiens
La solidarité de la profession
Depuis fin décembre, les témoignages de soutien à l’ancien présentateur de la Ligue 1 et de la Premier League se sont multipliés tout d’abord sur les réseaux sociaux puis sur la voie publique.
Ainsi une manifestation de journalistes de Canal + a eu lieu mardi dernier devant le siège de la chaîne pour exprimer le mécontentement et revendiquer le droit à la liberté d’expression d’une rédaction affectée par le départ de leur collègue. Les manifestants avaient le visage recouvert d’un masque à l’effigie de Stéphane Guy, pour afficher leur solidarité mais également par crainte « du climat de peur qui règne et des intimidations répétées qui nous empêchent (d’avoir le visage découvert) », ambiance…
Alors que lors du match Nantes-Rennes disputé le lendemain, les journalistes présents à la Beaujoire ont déployé une banderole de soutien à leur confrère.
Le message fort de Paul Le Guen
Le monde du football a, lui, apporté un soutien bien plus timide, craignant certainement de braquer Canal attendu comme le sauveur des finances des clubs de Ligue 1 suite au fiasco de Mediapro. Parmi les rares témoignages, l’ancien entraîneur de Lyon et du PSG, Paul Le Guen, qui faisait la paire avec Guy il y a quelques années au micro de l’affiche du dimanche soir, s’est illustré en consacrant une magnifique tribune dans Le Monde pour inviter Vincent Bolloré, breton comme lui, à « laisser l’incontrôlable Stéphane Guy nous informer, nous agacer, nous enthousiasmer ».
Prochain rendez-vous au tribunal
De son côté, d’après L’Equipe, Stéphane Guy va contester son licenciement « tant il porte atteinte de façon flagrante à cette liberté fondamentale qu’est la liberté d’expression » selon un communiqué de son avocat, et va demander sa réintégration au sein du service des sports de Canal +.
L’épreuve est forcément douloureuse pour l’ancien chroniqueur du « football circus ». S’il n’a jamais atteint la notoriété ou la popularité d’ex de Canal comme le regretté Thierry Gilardi ou l’impeccable Grégoire Margotton, le sort qui lui est réservé apparaît disproportionné et terriblement arbitraire après une idylle sans faille de plus de 20 ans avec la chaîne vedette du groupe Vivendi…
Le prochain match que commentera, bien malgré lui, Stéphane Guy se disputera devant les tribunaux, on sera alors très loin de ses légendaires « minutes de bonheur en plus ».
Pour signer la pétition de soutien à Stéphane Guy : https://www.change.org/p/maxime-saada-soutien-%C3%A0-st%C3%A9phane-guy?recruiter=false&recruited_by_id=357110b0-46fb-11eb-8e1b-69e700345afc