L’ancien champion du Monde a été démis de ses fonctions par les dirigeants de l’AS Monaco, 3 mois seulement après son entrée en fonction. Le coup est rude pour la légende d’Arsenal, et la barre était certainement trop haute pour son baptême du feu sur les bancs de touche.
104 jours. Entre le 13 octobre dernier, date de sa nomination, et hier, à peine plus de 100 jours se sont écoulés que déjà les dirigeants monégasques ont décidé de mettre fin au passage de Thierry Henry à la tête du club de la Principauté. La sanction est impitoyable pour l’ex attaquant des Bleus, incapable de redresser les résultats d’un club qui va lutter jusqu’au bout de la saison pour assurer sa survie en Ligue 1. L’ancien Gunner n’aura connu que 4 succès en 20 matchs pour 11 revers dont deux grosses claques retentissantes à domicile ces derniers jours face à Strasbourg (1-5) et à Metz (1-3).
Les raisons de son échec pour sa première expérience en tant qu’entraîneur principal sont multiples.
Un staff inexpérimenté
Tout d’abord, Henry, novice en la matière, n’a pas voulu initialement s’appuyer sur un staff expérimenté, rompu aux joutes de la L1. En décembre il a fini par faire appel à Franck Passi pour devenir son premier adjoint. Mais c’était probablement trop tard. Ce sera certainement une leçon à retenir pour le meilleur buteur de l’histoire de l’Equipe de France. A l’instar de Laurent Blanc avec Jean-Louis Gasset à Bordeaux et au PSG ou de Didier Deschamps avec Jean Petit à Monaco puis avec Guy Stéphan à l’OM, savoir s’appuyer sur un numéro 2 connaisseur du football hexagonal n’est pas du luxe pour un néophyte des bancs de touche.
Un pari tactique perdant
Tactiquement ensuite Henry n’a pas su trouver la formule idoine pour relancer une équipe en plein doute. Il s’est évertué ces dernières semaines à faire jouer les siens dans un 3-5-2 qui a semblé de plus en plus les fragiliser. La défense a pris l’eau, notamment dans l’axe, où les attaquants adverses se sont régalés de la lenteur des Glik et Raggi, et des bourdes de Jemerson. Elle fut guère protégée par des latéraux en méforme à l’image de Sidibé et par un milieu de terrain dépourvu de spécialiste des labeurs défensives. Qu’il semble loin le temps où la paire Bakayoko-Fabinho régnait sur l’entrejeu monégasque. C’était pourtant il y a moins de deux ans ! Et l’attaque de l’ASM n’est dangereuse que via les rugissements épisodiques de Falcao, bien isolé par des partenaires qui squattent l’infirmerie (Jovetic, Pellegri, Geubbels, Mboula).
Une sérénité perdue, un vestiaire distant
Enfin celui qui avait débuté sa carrière professionnelle sous les couleurs rouge-et-blanche a semblé perdre progressivement son flegme so british à ses débuts. Il a commencé à égratigner ses joueurs, puis à les critiquer de plus en plus ouvertement et sans modération.
Dans des propos publiés par le site Goal.com, une source proche du groupe relate que « Il parlait mal aux joueurs, c’est un fait, Il se prenait toujours en exemple et cela en agaçait beaucoup, il donnait l’impression d’être très hautain et de ne considérer personne ».
Autre exemple hier, à quelques heures d’être écarté, où Henry promettait « une lessive » pour resserrer son groupe et répondait que le « tri » effectué était composé de « trop de noms » pour être communiqué. Le divorce semblait consommé avec des joueurs qui n’ont pas démontré une folle envie de sauver leur entraîneur avec leurs prestations calamiteuses face à Strasbourg et face à Metz.
Les dirigeants du club de la Principauté, gagnés par l’angoisse de la descente en Ligue 2, ont dû donc très rapidement trancher dans le vif, mettant brutalement fin à la première expérience de Thierry Henry sur un banc de club. Gageons que, comme le champion qu’il était sur les terrains, il saura rebondir pour corriger les erreurs commises lors de cette parenthèse guère enchantée.
Photo Une Thierry Henry©Frédérick Florin / AFP