Déplacé exceptionnellement à la fin août en raison de la Covid-19, le Tour de France va s’élancer de Nice samedi. Stoppé dans la course au Maillot Jaune l’an passé, Thibaut Pinot sera un des grands prétendants à la victoire de cette 107ème édition. Mais la concurrence sera féroce.
13 mois ont passé, mais l’image de son retrait trotte encore dans nos têtes. Souffrant d’une déchirure musculaire à la cuisse, Thibaut Pinot avait dû se résoudre à l’abandon sur la route de Tignes, à 2 jours de l’arrivée à Paris. Laissant la voie libre au Colombien Egan Bernal, qu’il avait pourtant lâché dans les lacets pyrénéens une semaine plus tôt.
Au départ de ce Tour 2020, le grimpeur franc-comtois aura bien entendu à cœur de prendre sa revanche. Il arrive à Nice armé de quelques certitudes sur son état de forme et la compétitivité de son équipe. Et, cerise sur le gâteau, le parcours semble lui aller comme un gant. A 30 ans, il tient une chance unique de succéder enfin à Bernard Hinault, dernier vainqueur tricolore en 1985.
En forme et bien accompagné
Dans un calendrier cycliste extraordinairement concentré depuis début août, Thibaut Pinot est parvenu à se rassurer sur son état de forme avant de prendre le départ de la Grande Boucle. 4ème du Tour de l’Occitanie, il est ensuite monté sur la 2ème marche du podium du Critérium du Dauphiné. Certes l’abandon de Primoz Roglic au départ de la dernière étape lui avait offert l’occasion de triompher sur les routes alpines. Mais le leader de la FDJ, qui n’avait pas réussi à prendre la roue du futur vainqueur Daniel Martinez, avait tout de même surmonté sa fatigue pour lutter jusqu’au bout pour la victoire finale.
Rassuré par sa montée en puissance, il aura cette année une formation Groupama-FDJ qui lui sera entièrement dévouée, justifiant ainsi l’absence du récent champion de France, le sprinter Arnaud Démare. En montagne Pinot pourra compter sur une sacrée garde rapprochée avec ses habituels lieutenants Rudy Molard et Sébastien Reichenbach, le prometteur David Gaudu et le débutant Valentin Madouas, impressionnant sur les routes du Dauphiné. Alors que le Suisse Stefan Kung jouera un rôle majeur pour abriter son leader dans la plaine.
Un parcours taillé sur mesure
La Direction du Tour de France a été très conciliante avec le grimpeur tricolore, lui taillant un parcours quasiment sur mesure.
Avec au programme une dizaine d’étapes où le peloton va devoir escalader les Alpes du Sud, le Massif Central, les Pyrénées, le Jura, les Alpes du Nord et les Vosges pour finir, la montagne sera omniprésente cette année, et ce dès dimanche sur les hauteurs de Nice. Qui plus est, le seul contre-la-montre disputé la veille de l’arrivée à Paris sera également pentu avec la montée finale vers la Planche des Belles Filles.
Les opportunités de passer à l’attaque seront donc nombreuses pour le leader français. Et le parcours sur le plat ne lui réservera pas de mauvais plan truffé de pavés ou de bordure susceptible de lui faire perdre de précieuses secondes.
Une adversité redoutable
Néanmoins, Thibaut Pinot ne sera pas le seul favori au départ de Nice à rêver du Maillot Jaune. Parmi les prétendants à la victoire finale, 6 noms se dégagent et seront de sérieux rivaux pour le Franc-Comtois.
Tout d’abord, se dressera face à lui l’armada de la Jumbo-Visma du dernier vainqueur de la Vuelta Primoz Roglic. Ultra dominatrice sur le Dauphiné, la dream team néerlandaise composée des Dumoulin, Bennett, Gesink, Van Aert (et encore est-elle privée en dernière minute de Steven Kruijswijk, 3ème du Tour 2019) voudra verrouiller la course afin de freiner les ardeurs des autres leaders et de dégager la voie à Roglic intraitable cet été jusqu’à cette chute qui l’a contraint à l’abandon dans le Dauphiné.
Les autres prétendants devront donc mener une course d’attaque pour déverrouiller le catenaccio des Bataves.
A commencer par le tenant du titre Egan Bernal à la tête d’une équipe Ineos largement renouvelée avec les absences des anciens vainqueurs Christopher Froome et Geraint Thomas, hors de forme depuis le restart. Le Colombien pourra compter sur le Vénézuélien Richard Carapaz dernier vainqueur du Giro pour l’épauler en montagne, mais devra se montrer dans de meilleures dispositions qu’au Dauphiné où il a été dominé par Roglic et Pinot. Les Ineos, habitués à contrôler les débats, devront innover pour bousculer le train des Jumbo-Visma.
Auteur d’un début de saison canon sous ses nouvelles couleurs françaises d’Arkéa, Nairo Quintana a vu son envol coupé par la Covid-19 et par une chute sur les routes colombiennes en juillet. Néanmoins son association avec Warren Barguil promet et laisse espérer une stratégie tournée vers l’offensive.
Au pied du podium l’an passé à Paris, l’Allemand Emanuel Buchmann (Bora-Hansgrohe) voudra rééditer sa belle performance et grimper de quelques places dans la hiérarchie. Tandis que les jeunes Daniel Martinez (Education First), vainqueur du Dauphiné, et Tadej Pogacar (UAE Team Emirates), 3ème de la Vuelta l’an passé, âgés respectivement de 24 et de 21 ans, voudront jouer les trouble-fêtes.
Enfin gardons pour la fin ce magnifique trublion de Julian Alaphilippe, qui aura certes beaucoup de mal à confirmer son top 5 du Tour 2019, mais qui a l’art comme personne de dynamiter des courses cadenassées. Et ce parcours moyen-haut montagneux pourrait servir ses desseins offensifs.
Pinot votre favori, Roglic en embuscade
1. Thibaut Pinot | 47.1% |
2. Primoz Roglic | 30.7% |
3. Egan Bernal | 12.9% |
4. Julian Alaphilippe | 6.4% |
5. Tom Dumoulin | 5.7% |
Photo Une Thibaut Pinot ©AFP