Après une première semaine éprouvante, le Tour a connu une traversée des Alpes palpitante à l’issue de laquelle Tadej Pogacar a perdu sa tunique jaune au profit de Jonas Vingegaard. Récit par Théo Loizon.
Une entrée en matière légère
Après une journée de repos bien méritée pour tous les coureurs à la suite d’une première semaine éprouvante, les « fauves » ont repris la route de la Grande Boucle dans le département de la Haute-Savoie, entre Morzine et Megève. L’entrée dans les Alpes s’est faite en « douceur », lors d’une étape où les baroudeurs ont eu la permission de s’expliquer, notamment sur les pentes de la montée qui menait à l’altiport de Megève.
Parmi ces baroudeurs, un certain Magnus Cort Nielsen, porteur du maillot à pois durant la première semaine, et déjà vainqueur sur le Tour à Carcassonne en 2018. Cette fois-ci c’est dans les Alpes que le Danois s’est imposé en réglant ses compagnons d’échappée au terme d’un sprint accroché.
Outre le côté sportif, une manifestation menée par le groupe activiste climatique « Dernière Révolution » a gêné le bon déroulement de l’étape en neutralisant les coureurs une vingtaine de minutes.
Une étape qui restera dans la légende
A Albertville, au sein de la cité olympique qui avait accueilli les JO d’hiver en 1992, les coureurs partaient à l’assaut de la première étape de haute montagne.
Dans le Col du Télégraphe, les Jumbo-Visma, équipe de Jonas Vingegaard (alors 2ème du général) ont accéléré pour empêcher le maillot jaune, Tadej Pogacar (UAE Team Emirates), d’avoir des équipiers en sa compagnie.
Dans la continuité de cette accélération, Primoz Roglic, leader initial de la Jumbo-Visma avant sa chute sur les pavés, et son équipier Jonas Vingegaard, actuel leader de leur formation, ont littéralement harcelé le maillot jaune en l’attaquant plusieurs fois. Ceci a obligé Pogacar à rester aux aguets tout le long de l’ascension du Col du Galibier, toit de ce Tour avec un sommet qui culmine à 2642 mètres d’altitude.
Cette attitude des Jumbo-Visma s’est révélée efficace car dans l’ascension finale du Col du Granon, escaladé seulement pour la deuxième fois dans l’histoire de la Grande Boucle après 1986 où Bernard Hinault vivait son dernier jour en jaune, Jonas Vingegaard s’est défait de Pogacar. Le Slovène victime d’une fringale a laissé tous les favoris s’envoler, en perdant notamment plus de 3 minutes sur le leader de la Jumbo. Grâce à cette victoire, Vingegaard a fait coup double en prenant aussi le maillot jaune. Une autre performance a marqué les esprits ce jour-là, celle de Romain Bardet (Team DSM) qui s’est replacé à la seconde place du classement général.
Une copie mythique de 1986 : Briançon-Alpe d’Huez
Les arrivées au sommet de l’Alpe d’Huez ont marqué la légende du Tour de France : première arrivée en altitude de l’histoire en 1952 avec la victoire de Fausto Coppi, le record de la montée en 1997 par Marco Pantani effectué en 37’35’’, la double ascension lors de la 100ème édition et les 500 000 spectateurs qui attendent les coureurs en moyenne ! Cette année « l’Alpe » est restée britannique, après la victoire de Geraint Thomas en 2018, c’est Tom Pidcock (Team INEOS) qui s’est imposé pour la toute première fois sur la Grande Boucle. Seulement âgé de 23 ans, l’Anglais évolue sur plusieurs tableaux, il a été champion olympique de VTT à Tokyo l’an passé puis champion du monde de cyclo-cross cette année. Pour sa toute première participation au Tour de France, il remporte l’étape la plus difficile. Une incroyable performance !
Cette montée de l’Alpe d’Huez était précédée du Col du Galibier (en sens inverse par rapport à la veille) puis du col de la Croix-de-Fer long de 29km. Cette étape avait déjà été proposée en 1986 lors du coude à coude entre Greg LeMond et Bernard Hinault, alors équipiers arrivant main dans la main, un autre moment mythique.
En ce jour de fête nationale, les Français n’y étaient pas. Romain Bardet, qui s’était replacé la veille au général a craqué à 5km du sommet victime d’un coup de chaud dû à la chaleur éprouvante, ce qui lui coûtera 18 secondes sur le maillot jaune. Avant lui, David Gaudu, leader de la Groupama-FDJ a craqué au bas de l’Alpe d’Huez, concédant quasiment une minute.
Pogacar, quant à lui, remonté de la veille, attaqua à plusieurs reprises dans la montée finale mais sans arriver à mettre en difficulté Jonas Vingegaard, son principal rival. Ce qui montre évidemment que le Tour de France est loin d’être terminé et qu’il réserve (encore) son lot de surprises.
Credits Jonas Vingegaard ©teamjumbovisma.com.