Deux matches, deux victoires. Le XV de France a très bien démarré comptablement son Tournoi des 6 Nations. La dynamique et l’enthousiasme sont là, mais tout n’a pas été parfait non plus pour les Bleus du nouveau sélectionneur Fabien Galthié. Revue de ce qui a fonctionné et de ce qui est encore en chantier avant d’aller défier l’ogre gallois.

On a été convaincu

Les individualités

Ils étaient annoncés comme les leaders de cette équipe de France new-look, et ils n’ont pas déçu les attentes. Charles Ollivon a étrenné avec succès son capitanat, menant ses troupes deux fois à la victoire et confirmant également ses qualités offensives (3 essais inscrits). Antoine Dupont a été le dynamiteur espéré, exploitant chaque faille dans les défenses adverses par sa vivacité et sa clairvoyance (illustrée par sa longue passe pour l’essai d’Alldritt contre l’Italie). Bernard Le Roux a été un des tauliers du pack et a confirmé toute sa férocité en défense. Enfin Grégory Alldritt a livré deux grosses prestations en numéro 8, aussi bien dans l’avancée que dans le combat.

XV de France : Antoine Dupont et Grégory Alldritt ont été parmi les grandes satisfactions des deux premiers matches des Tricolores
Antoine Dupont et Grégory Alldritt ont été parmi les grandes satisfactions des deux premiers matches des Tricolores ©AFP – Philippe Lopez

La troisième ligne

A la recherche d’une colonne vertébrale forte, les Français ont déjà glané des certitudes. La troisième ligne Ollivon-Alldritt-Cros s’avère notamment très complémentaire tant sous les lumières offensives que dans les tâches défensives les plus obscures. Le Toulousain n’est pas le nom le plus cité à l’écran mais il complète à merveille ses deux partenaires dans la pénibilité des rucks. Seul bémol : notre troisième ligne est très sollicitée en touche, ce que Anglais et Italiens n’ont pas manqué d’identifier pour nous piquer quelques munitions bien précieuses.

La défense

La « rush défense » élaborée par le Britannique Shaun Edwards a certes eu des ratés contre l’Italie, notamment lorsque les Transalpins sont rapidement passés par les ailes (pour profiter des éternelles errances défensives de Teddy Thomas…). Mais tant que les Tricolores avaient de l’essence dans le réservoir, elle a constitué un sacré rempart pour repousser les attaques anglaises lors du premier match. Et les joueurs ont rapidement adhéré à l’image du nouveau capitaine de la défense bleue Gaël Fickou, auteur de 19 plaquages contre l’Angleterre.

On reste sur notre faim

La conquête

Enfoncés en mêlée en fin de match par les Anglais, secoués dans les airs par l’alignement du XV de la Rose et de la Squadra Azzurra (à l’image des 3 touches consécutives perdues dimanche), les Français n’ont pas convaincu dans le secteur de la conquête. La touche semble orpheline d’un deuxième ligne sauteur comme l’était Vahaamahina, et devient facilement déchiffrable par nos adversaires puisque seuls Cros et Ollivon sont ciblés par Julien Marchand.
Alors que la mêlée a, elle, souffert lors de la rotation des piliers. Demba Bamba, entré au relais du prometteur Mohamed Haouas, a notamment beaucoup reculé et été pénalisé.
Bref il y a du pain sur la planche pour le duo Servat-Ghezal !

Le coup de barre de l’heure de jeu

Durant la Coupe du Monde au Japon, l’Equipe de France nous avait habitué à des premières mi-temps pleines et des secondes périodes débutées à court de souffle et finies sur les rotules. Certes lors des deux premiers matches du Tournoi, le coup de barre ne survient plus dès le retour des vestiaires, mais il est toujours sensible à l’heure de jeu. La sanction mathématique est implacable : les Bleus ont encaissé près de 75% de leurs points (29 sur 39) entre la 58ème et la 80ème minute.

XV de France :  les Français ont concédé près de 75% des leurs points dans les 20 dernières minutes, à l'image de l'essai anglais de Jonny May
Le XV de France a concédé près de 75% des ses points dans les 20 dernières minutes, à l’image de l’essai anglais de Jonny May ©Daily Mail

Est-ce la conséquence de l’éreintante toile défensive requise par Galthié et son staff ? De remplaçants appelés désormais « les finisseurs » qui ne sont pas parvenus à apporter de plus-value lors de leurs entrées en jeu ? Ou bien est-ce toujours ce mal récurrent lié à l’incapacité du Top 14 à préparer les internationaux à des temps de jeu plus longs et plus intenses ? Ou enfin la conséquence d’un relâchement mental après avoir assuré le score ?
Le déplacement au Pays de Galles (samedi 22 février) nous apportera son lot de réponses !

Les trois-quarts

On attendait beaucoup de la paire de centres Fickou-Vakatawa, du jumper Penaud (finalement indisponible), du feu follet Thomas, de la pépite Ntamack. Et lors ces deux premiers matches on est resté sur notre faim. Individuellement, il y a eu peu de contre-performances si ce n’est l’ailier du Racing face aux Azzurri. Fickou s’est illustré en défense contre les Anglais, Ntamack a conduit sobrement le jeu et a brillé par intermittence, Vakatawa a tenu courageusement sa place contre les sujets de sa Majesté malgré sa blessure au triceps. Enfin l’infortuné Rattez et le débutant Bouthier ont réussi des prestations très encourageantes.

XV de France : le retour de l'ailier auvergnat Damian Penaud est espéré contre les Gallois
Le retour de l’ailier auvergnat Damian Penaud est espéré contre les Gallois ©David Davies – FTV

Mais offensivement, l’alchimie n’a pas encore pris. Fickou a eu du mal à faire jouer après lui, Ntamack a initié des relances hasardeuses sans succès, et les facteurs X Vakatawa et Penaud étaient diminué ou absent.
On attend logiquement mieux de notre ligne d’attaque lors des trois prochaines rencontres.

Après deux succès inauguraux encourageants, le XV de France de Fabien Galthié va s’attaquer à un gros morceau : le Pays de Galles à Cardiff où les Bleus ne se sont plus imposés depuis 2010. On a hâte d’y être !

Photo Une France-Angleterre Charles Ollivon ©Sud Ouest – Laurent Theillet