Emmenée par un milieu de terrain royal, l’Equipe de France a signé une de ses plus belles performances depuis deux ans samedi à Lisbonne. Une prestation de haute volée qui vient adoucir l’automne bien noir du football français.
Une maîtrise technique inattendue
Trois jours après son non-match face à la Finlande, les Bleus ont hier illuminé la pelouse du Stade de la Luz pendant une bonne heure. Disposée dans un hybride 4-2-3-1, fidèle au schéma aligné par Didier Deschamps lors des tours finaux du Mondial, l’Equipe de France a régné sur les débats, concrétisant enfin sa domination avec l’ouverture du score du merveilleux N’Golo Kanté à la 53ème minute.
Kanté en fer de lance
Le contraste avec la purge de mercredi a été saisissant, démontrant l’écart abyssal de niveaux qu’il peut y avoir au sein même d’une sélection nationale. Désespérant techniquement face aux valeureux Finlandais, c’est hier notre milieu de terrain qui a permis d’asseoir la mainmise des Bleus sur les événements.
Le trident Kanté-Pogba-Rabiot en a été le moteur, étouffant dans l’engagement et la maîtrise son homologue portugais Danilo Pereira-Carvalho-Bruno Fernandes.
Commençons par le meilleur, le plus précieux, le régulateur en chef. N’Golo Kanté a livré une prestation en tout point époustouflante. Défensivement il a mangé Bruno Fernandes, le maître à jouer portugais, l’harcelant et le faisant progressivement disparaître du jeu des Lusitaniens. Offensivement, il n’a pas hésité à se projeter, délaissant son rôle de sentinelle pour apporter la supériorité numérique et prendre au dépourvu les Portugais. La performance majuscule du joueur de Chelsea a été récompensée par le but de la victoire, inscrit en position d’avant-centre, preuve de son incroyable activité.
Rabiot rayonnant
A ses côtés, Pogba, seul rescapé du naufrage finlandais, a retrouvé de sa superbe en jouant simple et discipliné, ce qu’il sait faire de mieux. Certainement mis en confiance par la présence de son binôme, il a retrouvé son habit de soldat efficace comme lors de la campagne de Russie.
Enfin, la très bonne surprise est venue du grand match enfin réalisé sous le maillot tricolore par Rabiot. Rayonnant et libéré dans ses mouvements par l’abattage du duo Kanté-Pogba, le Bianconeri a fluidifié le jeu des Bleus par son aisance technique. Sans cesse disponible, combinant parfaitement avec Griezmann et Hernandez, à l’origine du but de la victoire, il a livré sa meilleure performance en Bleu et confirmé ô combien son départ à la Juve a été préjudiciable à la qualité de l’entrejeu du PSG.
Une colonne vertébrale présente au rendez-vous
Outre le trio du milieu, c’est tout l’édifice Bleu, bien que privé de Kylian MBappé, qui a retrouvé hier soir son assurance et sa solidité.
Griezmann, bien plus à l’aise en évoluant en chef d’orchestre d’un entrejeu dominant, a été présent dans tous les bons coups et a parfaitement servi un Martial, certes maladroit dans le dernier geste, mais dont la vitesse et les appels de balle ont causé bien des tourments à la défense centrale de la Seleçao.
L’arrière-garde a, elle, su enfiler le bleu de chauffe lorsque, menés au score, les coéquipiers de Cristiano Ronaldo, toujours muet face aux Bleus en 6 confrontations, se sont rebellés pour égaliser.
Kimpembé convaincant
Le trident de derrière s’est alors mis au diapason. Hugo Lloris a réalisé les arrêts qu’il fallait, signant notamment une splendide envolée sur la frappe de Moutinho à la 75ème minute. La charnière Varane-Kimpembé a, elle, repoussé avec vigueur les assauts portugais, le Madrilène toujours bien placé pour intervenir et précis dans sa relance, alors que le Parisien, rugueux dans les duels, s’impose comme son parfait complément, supplantant le (très) Len(t)glet dans la succession ouverte du blessé Umtiti.
Séduisante, solide, autoritaire, l’Equipe de France a livré une prestation de haute volée dans toutes ses lignes.
Le football français peut pousser un ouf de soulagement
Cette performance a également permis de redorer le blason d’un football tricolore qui connaît dans son ensemble une rentrée post-estivale bien délicate.
Assombri par des accusations d’harcèlement au sein de la FFF révélées par le New York Times, proche du chaos financièrement à la suite du refus de paiement du chimérique diffuseur Mediapro, à côté de la plaque en Ligue des Champions avec une seule victoire en neuf rencontres, le football français peut pousser ce matin un ouf de soulagement. Son Equipe de France brille toujours, ce n’est pas la moindre des consolations avant l’hiver de tous les dangers qui le guette.
Credits N’Golo Kanté ©Pinterest