Au terme d’une folle 106ème édition, le Colombien Egan Bernal, 22 ans, a remporté son premier Tour de France après avoir dominé les autres prétendants dans les Alpes. Magnifiques animateurs, Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot ont dû jeter l’éponge dans les derniers jours de course. Rageant mais aussi plein de promesses pour l’avenir !
Premier Tour pour la Colombie
Depuis l’apparition des premiers coureurs Colombiens au sein du peloton du Tour de France dans les années 80, on devinait qu’un jour le Maillot Jaune à Paris leur serait destiné.
Remarquables grimpeurs, les pionniers Lucho Herrera (1er vainqueur d’étape sur le Tour à l’Alpe d’Huez en 1984) et Fabio Parra (1er Colombien sur le podium à Paris en 1988) avaient lancé l’offensive, poursuivie par les Quintana (2ème du Tour en 2013 et 2015) et Uran (dauphin de Froome en 2017), et c’est finalement le jeune Egan Bernal, tout juste 22 ans, qui a remporté la mise, faisant raisonner l’hymne de la Colombie dimanche soir sur les Champs-Elysées.
Placé en embuscade à la sortie des Pyrénées, le jeune homme natif de Zipaquira, dans la région de Bogota, a plané sur les Alpes, semant tout son monde jeudi dans le Galibier puis vendredi dans l’Iseran. Son succès est incontestable et d’autant plus méritoire qu’il n’a pu compter, au même titre que l’autre co-leader Geraint Thomas, sur une formation Ineos aussi dominatrice que les années précédentes.
Les ex-Sky ont peu influé sur les événements et si on les a revu en tête du peloton dans les lacets Alpins, c’est surtout parce que les étonnants Jumbo-Vista commençaient à fatiguer et que la Groupama-FDJ avait eu le malheur de perdre son leader Thibaut Pinot dans les premiers kilomètres de la rocambolesque étape de Tignes.
Pinot, juste un coup d’arrêt ?
Pour nous, suiveurs Français en quête d’un successeur à Bernard Hinault depuis 1985…, c’est l’histoire tragique (magnifiquement filmée par France TV) de ce formidable Tour. Blessé à la cuisse gauche, le Franc-Comtois a dû quitter une course qu’il avait dominée dans les Pyrénées, prenant notamment le dessus sur le futur vainqueur dans le Prat d’Albis, et dont il semble avoir dompté la rudesse morale, se relevant avec orgueil de la bordure qui lui avait causé un débours conséquent sur la route d’Albi.
Légitimement on peut se demander si le Pinot des Pyrénées n’aurait pas été en mesure de dominer le Bernal des Alpes et d’arriver en Jaune à Paris ? La question restera éternellement sans réponse, on a juste très envie de revoir le Français au départ de Nice l’été prochain, armé d’autant d’ambitions que cette année et gonflé dorénavant de convictions que lui aura apportée cette édition 2019.
Alaphilippe, l’autre gagnant
L’autre magnifique combattant tricolore a bien sûr été l’admirable Julian Alaphilippe. Vainqueur de 2 étapes, porteur du Maillot Jaune pendant 14 jours, le Français a étalé cette 106ème édition de toute sa classe, de sa bravoure et de sa formidable bouille rafraîchissante, malicieuse et tendre à la fois.
S’il a fini par logiquement céder dans les pentes de l’Iseran, le numéro 1 mondial a été le grand artisan de ce Tour. Il est prématuré de savoir s’il voudra en faire un de ses objectifs prioritaires dans les années à venir, mais comme Thibaut Pinot, il doit à présent poser un autre regard sur une course dont il peut potentiellement jouer les premiers rôles.
Quels favoris pour 2020 ?
D’ici le prochain départ de Nice le 27 juin 2020, beaucoup de choses peuvent se passer. Qui aurait pu ainsi pronostiquer il y a un an la victoire d’un Egan Bernal qui ne devait pas faire le Tour cette année pour s’aguerrir en leader sur le Giro ? Les questions ne vont donc pas manquer dans les prochains mois. Pêle-mêle :
- comment se passera la cohabitation à 3 leaders chez les Ineos entre le tenant Bernal, son prédécesseur Thomas et le quadruple vainqueur Froome ?
- outre Froome, les autres grands absents cet été, les puissants Dumoulin et Roglic, réussiront-ils à se refaire une place parmi les prétendants à la victoire ?
- Thibaut Pinot se remettra t’il complètement de l’opportunité qui s’est si injustement refusée à lui cette année ?
- les discrets Kruijswijk et Buchmann, respectivement 3ème et 4ème, sortiront-ils enfin des roues pour se livrer et passer à l’offensive ?
- y a t’il un nouveau Egan Bernal que la planète cycliste couve en silence et qui éclatera aux yeux de tous l’été prochain ?
- etc etc etc.
Bref, à l’issue d’un Tour qui a passionné spectateurs sur les routes et téléspectateurs devant leur poste, on a vite envie de revivre un mois de juillet aussi enivré et exaltant ! Le Tour est fini, vive le Tour !