Le 18 février, la nouvelle édition du Super Rugby va débuter dans l’hémisphère Sud avec la promesse de matches spectaculaires et de révélations de nouveaux talents. Tour d’horizon de la compétition, des équipes qui la composent ainsi que des (nombreux) changements opérés ces dernières saisons.

Dans quelques jours, le 18 février, le Super Rugby (diffusé sur Canal+ avec l’excellent Francis Deltéral aux commentaires) sera de retour dans un nouveau format appelé Super Rugby Pacific. Cette compétition qui opposera les meilleures équipes d’Australie et de Nouvelle-Zélande va susciter énormément d’attentes à moins de deux ans de la prochaine Coupe du Monde de 2023.

Historique de la compétition (1986-2021)

Le Super Rugby (1986 à 2019)

Le Super Rugby est officiellement créé en 1986 et connaît bon nombre d’appellations ainsi que de formats avant de devenir un championnat professionnel en 1996. Jusqu’en 2019 la compétition regroupe les meilleures équipes (des provinces incluant des joueurs sous contrat avec leurs fédérations) néo-zélandaises, australiennes, sud-africaines ainsi que, après 2015, les Jaguares argentins et les Sunwolves japonais.

Stephen Larkham et George Gregan sous le maillot des Brumbies en Super 12 au début des années 2000.
Stephen Larkham et George Gregan sous le maillot des Brumbies en Super 12 au début des années 2000. ©Ultimate Rugby

La compétition est historiquement dominée par les équipes néo-zélandaises (17 victoires, chaque province l’ayant remporté au moins une fois depuis sa création) avec une domination nette des Crusaders de Christchurch (10 titres). Les Provinces australiennes ont remporté 4 titres tandis que les Sud-Africains ont arraché le trophée à 3 reprises (à chaque fois grâce aux Bulls de Pretoria).

Mais depuis 2020 et la crise du COVID-19, cette compétition qui avait la particularité de confronter les équipes de 4 continents différents avec de très longs déplacements, a dû être totalement repensée.

Le Super Rugby Aotearoa et Australia (2020-2021)

Particulièrement épargnés par l’épidémie au printemps 2020, les Néo-Zélandais sont les premiers à pouvoir retrouver les terrains de manière officielle, organisant une compétition resserrée entre leurs 5 franchises domestiques. Offrant un niveau de jeu élevé dans des stades pleins, le format est reconduit en 2021 et les Crusaders conservent leurs habitudes et remportent les deux éditions. La compétition donne lieu à des matchs intenses et très engagés avec en point d’orgue une rencontre de gala organisée à l’issue du SRA 2020 entre des sélections de l’île du nord et de l’île du sud pour ce qui reste certainement l’un des plus beaux matchs de rugby de ces dernières années.

https://twitter.com/SuperRugbyNZ/status/1271245835188293632

Les Australiens ne tardent pas à imiter leurs voisins et à organiser leur propre Super Rugby local afin de permettre aux provinces de rejouer. D’un niveau moins relevé (comme le prouveront par la suite les retrouvailles entre les équipes des deux nations) bien que le spectacle reste de qualité, l’édition 2020 se conclue par une victoire des Brumbies de Camberra et celle de 2021 par le titre des Reds de Brisbane.

Pour conclure, un mot sur le Super Rugby Unlocked l’équivalent Sud-Africain des compétitions précédentes. Celui-ci est joué de manière décalée en novembre 2020 (le pays étant sous tension jusqu’à l’automne) et remporté par les Bulls. Les Sud-Africains se voient par la suite exclus des nouveaux formats des compétitions de l’hémisphère sud alors que certaines de leurs équipes ont rejoint l’Europe et le United Rugby Championship (Pro 14, anciennement appelé Celtic League) depuis 2018. Bien que la sélection Springboks demeure performante depuis son titre mondial en 2019, les équipes locales apparaissent comme les grandes perdantes des réorganisations dues à la pandémie.

Les Auckland Blues vainqueurs de l’édition 2021 du Super Rugby Trans-Tasman.
Les Auckland Blues vainqueurs de l’édition 2021 du Super Rugby Trans-Tasman. ©planeterugby.com

Le Super Rugby Trans-Tasman (2021)

Le retour à une compétition internationale des provinces de l’hémisphère sud intervient en mai 2021 en voyant s’affronter les 5 provinces néo-zélandaises et les 5 australiennes. Si cette compétition a la saveur du début d’un retour à un format plus complet, l’intérêt sportif n’est que très limité puisque les provinces néo-zélandaises s’abrogent sans grandes difficultés les 5 premières places du classement (23 victoires sur les 25 matchs joués face à leurs voisins). Les Blues d’Auckland remportent finalement le titre après être venus à bout des Highlanders de Dunedin en finale.

2022 : nouvelle compétition avec le Super Rugby Pacific

La fraîcheur vient du Pacifique

Pour cette édition 2022, le format évolue donc une nouvelle fois. En plus des 10 équipes engagées en Super Rugby Trans-Tasman en 2021 s’ajoutent 2 nouvelles franchises qui apporteront un vent de fraicheur à cette édition. Les Moana Pacifika tout d’abord, sixième province néo-zélandaise et seconde basée à Auckland, dont l’objectif est de représenter les joueurs originaires des îles du Pacifique. Ils sont accompagnés des Fijian Drua, sélection fidjienne qui participait au championnat des clubs en Australie (niveau inférieur au Super Rugby). Si ces deux équipes paraissent plus faibles sur le papier et surtout beaucoup plus inexpérimentées que leurs concurrentes, elles apporteront de la nouveauté et permettront de faire grandir joueurs et nations du Pacifique.

La compétition est composée de 15 journées de phase régulière suivies de phases finales démarrant aux quarts de finale. Ainsi 8 équipes sur les 12 engagées auront la possibilité de se qualifier pour les phases finales, les 4 premiers ayant le privilège de recevoir leur quart à domicile, les mieux classés des demi-finalistes également, de même que le mieux classé des finalistes.

La compétition doit démarrer le 18 février 2022 mais le calendrier a déjà dû être revu en décembre pour faire face à la nouvelle vague de l’épidémie. Le nouveau calendrier privilégie les rencontres entres équipes d’un même territoire, les premières rencontres internationales étant repoussées au round 10 qui se jouera le 22 avril 2022.

Les équipes engagées pour le Super Rugby Pacific 2022

Les équipes engagées pour le Super Rugby Pacific 2022.
Les provinces Néo-Zélandaises seront une nouvelle fois favorites de ce nouveau format de la compétition.
Les provinces Néo-Zélandaises seront une nouvelle fois favorites de ce nouveau format de la compétition. ©stuff.co.nz

Pourquoi suivre cette édition 2022 ?

Un championnat plus âpre que convenu

Le rugby des provinces de l’hémisphère sud a parfois une image et une réputation contrastées auprès du public français habitué aux âpres joutes du Top 14 et de la Pro D2.
Il bénéficie indiscutablement des avantages d’une ligue fermée : sans la pression de la rétrogradation, les équipes jouent pour gagner et non pour ne pas perdre et peuvent accepter de sacrifier quelques saisons pour se rebâtir, au niveau de leur effectif mais aussi de leur jeu. Par ce format, les matchs gagnent en spectacle ce qu’ils perdent en dramaturgie. Le Super Rugby est donc réputé pour être un championnat divertissant et ouvert, mais ses détracteurs lui reprochent de négliger les phases de combat et de défense.
Pourtant, demandez aux adversaires des All Blacks ou des Springboks si leurs joueurs se montrent fainéants sur les phases de conquête et s’ils rechignent à défendre. La progression du Japon ou de l’Argentine après avoir rejoint ce championnat est une preuve supplémentaire que celui-ci forme bien ses acteurs à tous les aspects du jeu.

Un format propice à l’éclosion de jeunes talents

La réalité c’est aussi que les effectifs en Super Rugby sont souvent très jeunes. La structure économique mondiale du rugby fait que les joueurs de l’hémisphère sud ont tendance à quitter leur pays d’origine pour jouer en Europe ou au Japon à différents stades de leur carrière.
Dans le cas des Australiens ou des Sud-Africains, dont la politique de sélection est plus souple, cela survient parfois après seulement une bonne saison en Super Rugby.
Le prestige du maillot All Black, l’intransigeance des règles de sélection, ainsi que la possibilité offerte à certains joueurs d’effectuer des « piges » lucratives d’un an au Japon, permet aux Néo-Zélandais de résister un peu plus et de conserver plus longtemps leurs meilleurs éléments internationaux. Mais ce système favorise indéniablement l’éclosion de jeunes joueurs, encourageant un jeu davantage basé sur la vitesse et la prise de risques, là où des équipes composées en majorité de trentenaires expérimentés va davantage chercher à s’appuyer sur la puissance collective. 

Le Toulonnais Cheslin Kolbe alors révélé sous le maillot des Stormers lors du Super Rugby 2016.
Le Toulonnais Cheslin Kolbe alors révélé sous le maillot des Stormers lors du Super Rugby 2016. ©gettyimages.ch

Un formidable terrain d’expérimentation

Le Super Rugby est également le terrain d’expérimentation des arbitres concernant les nouvelles règles, celles-ci étant généralement destinées à accélérer le jeu et à favoriser les phases d’attaques. On a par exemple vu la nouvelle règle du 50-22 testée d’abord lors des Super Rugby Australia et Aotearoa avant d’être généralisée. D’autres règles testées au même moment n’avaient d’ailleurs pas été jugées convaincantes par les instances et avaient été abandonnées.

Suivre le Super Rugby c’est donc l’occasion de voir à quoi ressemblera le rugby de demain : en découvrant de nouvelles règles, de nouvelles manières de s’y adapter stratégiquement et aussi de voir émerger les nouvelles stars du rugby qui enflammeront les terrains français lors de la Coupe du monde 2023. 

Partie 2 – Présentation des provinces australiennes et fidjienne
Partie 3 – Présentation des provinces néo-zélandaises