Jamais opposées en Coupe du Monde depuis 1982, la France et l’Angleterre vont se retrouver samedi pour un quart de finale qui s’annonce électrique. Emmenés par un Mbappé royal, les Bleus vont affronter leur premier gros morceau dans leur quête de doublé.

Depuis le 16 juin 1982 jamais les Français n’avaient croisé la route des Anglais en Coupe du Monde. Plus de 40 ans depuis ce dernier affrontement disputé dans la fournaise de Bilbao où les Three Lions avaient nettement dominé les Bleus de Michel Hidalgo 3 buts à 1, ce qui n’avait pas empêché la bande à Platini de se reprendre par la suite pour se hisser jusqu’en demi-finales, uniquement battus par une RFA bien aidée par l’arbitrage complaisant de M. Corver.

Samedi point de repêchage, seul le vainqueur s’invitera dans le carré final tandis que le vaincu rentrera fissa à la maison.

Pour faire la décision et s’imposer pour la première fois dans un Mondial face aux Anglais, les Bleus devront s’appuyer sur leur discipline collective et sur leur force offensive symbolisée par un Mbappé qui marche sur l’eau au pays de l’or noir.

Gagner la lutte du milieu de terrain

Avant le début du Mondial on avait imaginé l’entrejeu tricolore fragilisé par le forfait de la doublette championne du monde Kanté et Pogba. Et depuis le début de la compétition un trio s’est révélé, mené par le jeune Tchouaméni en récupérateur, l’endurant Rabiot en relayeur et enfin l’exemplaire Griezmann en régulateur du tempo des Bleus. C’est simple et factuel, dès que ces trois ont gagné la bataille du milieu de terrain, les Français ont régné sur les événements. Comme durant la première mi-temps contre le Danemark ou lors du second acte contre la Pologne, assurant alors au jeu tricolore une mainmise technique guère entrevue ces dernières années.

Samedi le trio sera soumis à rude épreuve face au trident Rice-Henderson-Bellingham qui a fait forte impression jusque-là. Solide lors de l’Euro 2021, l’entrejeu anglais a gagné en percussion avec l’éclosion du jeune Bellingham qui apporte une vraie plus-value offensive aux côtés des disciplinés Rice et Henderson.
La bataille fera donc rage au milieu du terrain et les Bleus devront marquer leur territoire pour être en mesure de mettre sur orbite leur trio d’attaque. Individuellement ce sera également un match charnière pour les trois du milieu, l’occasion rêvée pour Aurélien Tchouaméni de confirmer toutes les attentes soulevées, pour Adrien Rabiot de s’affirmer enfin comme un taulier tricolore et pour Antoine Griezmann de concrétiser sa mue en dépositaire du jeu français.

Gérer les temps faibles

Avec la passivité de la défense, cela a été l’autre principal point noir des prestations des hommes de Didier Deschamps jusqu’à présent. Evoluant haut lorsqu’il domine l’entrejeu, le bloc tricolore a pris la fâcheuse habitude de reculer dans les 30 derniers mètres des buts de Hugo Lloris dès que les Bleus recherchent leur second souffle. Ce qui a failli leur coûter cher en début de seconde mi-temps face au Danemark et à partir de la demi-heure de jeu face à la Pologne, les coéquipiers de Robert Lewandowski se créant une triple occasion qui aurait pu leur donner l’avantage au score.
Face à l’armada offensive anglaise, nettement plus fringante que celle de la bande à Dolberg ou à Milik, les Français devront absolument gérer ces périodes de fatigue et mettre le pied sur le ballon pour ne pas être submergés par les déferlantes provenant d’Outre-Manche. L’équilibre dans l’alternance entre phase de récupération et d’accélération sera alors primordial.

Muscler sa défense

Maillon fort des deux équipes françaises championnes du monde en 1998 et 2018, la défense française n’a pas rassuré depuis le début de la compétition. Notamment son flanc droit où le remplacement d’un Pavard hâtivement déclassé par un Koundé habituel axial n’a pas convaincu. D’autant que Raphaël Varane souverain en Russie il y a 4 ans revient tout juste de blessure et n’a pas encore affiché le gaz nécessaire pour combler les défaillances à sa droite. Mais à part un Lewandowski esseulé sur le front polonais, l’arrière-garde française n’a pas rencontré grande menace jusqu’à présent. L’attirail anglais est d’un tout autre calibre avec les Kane, Foden et Saka qui ont dynamité le Sénégal en huitièmes sans oublier les feux-follets Sterling et Rashford.
Comme l’avait demandé avec vigueur Aimé Jacquet à Robert Pirès en 1998, il est temps à la défense française de muscler son jeu et d’afficher une férocité indispensable pour rêver en grand.
L’exemple pourra venir du néophyte Dayot Upamecano, le défenseur tricolore le plus régulier au Qatar depuis 2 semaines, et on l’espère déteindre sur le nonchalant Jules Koundé trop facilement débordé dimanche par les modestes vagues polonaises.

Mettre sur orbite le trio infernal

Privée au tout dernier moment de son Ballon d’Or Karim Benzema, l’attaque française n’a jamais paru paradoxalement aussi forte dans le sillage d’un Olivier Giroud rayonnant comme jamais et devenu le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France, d’un Kylian Mbappé qui plane sur la compétition avec déjà 5 buts et 2 passes décisives à son compteur et d’un Ousmane Dembélé qui semble enfin avoir pris ses aises en Bleu.

Placés dans de bonnes conditions, ces trois-là allient une explosivité et une efficacité qui devraient causer mille tourments à une défense anglaise, certes rassurée par la vitesse de Kyle Walker mais bien plus lente dans son axe central que les 2 fusées Mbappé et Dembélé.
Pour maximiser l’efficience de son trio, l’entrejeu tricolore devra être dominant, apporter le surnombre comme le font excellemment Rabiot et Hernandez sur le côté gauche, et trouver des points de relais au cœur de la défense anglaise avec l’imposant Giroud dont le combat de poids lourds avec la paire Stones-Maguire fait saliver.
Et puis il y a le kid devenu boss Mbappé qui pourrait tenir son match référence en Bleu et marquer les esprits d’autant plus captifs que rien ne fait vibrer une nation autant qu’une Coupe du Monde !
Allez Kylian, Allez Olivier, Allez les Bleus !